« La réalité pour le romancier c'est l'inconnu, l'invisible ». Cette citation est extraite du discours de Nathalie Sarraute en 1959 tenu lors d'une conférence. Auteure du XXe siècle, elle publie en 1956 L'ère du Soupçon qui ouvre la voie au mouvement du nouveau roman. Dans cet extrait de citation, Sarraute pose la question du roman réaliste qui à la deuxième moitié du XXe siècle est fortement remis en question et ici, elle s'oppose particulièrement aux romanciers dits réalistes.
[...] Ainsi, les auteurs réalistes se fixent comme objectif d'atteindre le réel ; le roman traditionnel vise à donner l'illusion du réel, à nous faire croire que ce qu'il raconte est vrai. Il offre une vraie stratégie dans a mesure où l'auteur vise une certaine conformité avec le réel. Pour ce faire, il utilise des procédésnarratifs tels que le choix d'évènements vécus, vraisemblables, la mise en scène de personnages banals, la description fortement favorisée des personnages types à travers un vocabulaire extrêmement précis, etc. [...]
[...] De plus, le récit est le plus généralement linéaire où tout s'oriente vers une fin, un dénouement. Et c'est bien cela que prône les écrivains traditionnels comme le fait Maupassant dans sa préface de Pierre et Jean ainsi pour lui ce qui fonde le réalisme dans un roman c'est le choix du banal contre l'exceptionnel et c'est aussi le choix d'une intrigue qui, comme la vie, procède en une accumulation de plusieurs éléments et tout roman n'est que l'expression d'une sensibilité unique et objective face à un roman réaliste ( roman balzacien. [...]
[...] Et l'image d'un artiste qui tend à éveiller les consciences tend à s'imposer. C'est ce que dit Sarraure : le véritable réalisme pour elle c'est essayer d'atteindre une réalité encore intacte et l'intégrer à la réalité connue c'est effectuer la percée des apparences en brisant la gangue du visible Été vision de la réalité est aussi semblable à ce que présente Merleau Ponty dans Le visible et L'invisible : pour lui le présent visible n'est pas eul . Exactement il bouche ma vue c'est-à-dire à la fois que le tempo et l'espace s'étendent au-delà et qu'ils sont derrière lui en profondeur en cachette. [...]
[...] En somme, tout est fait de manière à ce que le lecteur puisse aisément faire une fiche de lecture avec une fiche d'identité pour chaque personnage, avec ses origines, son histoire, son portrait . C'est notamment le cas chez Stendhal dans le Rouge et le Noir où l'armateur nous font part d'une description extrêmement détaillée de Julien Sorel. De la mem manière dans la série des Rougo Macquart, Zola mène par une analyse pointilleuse, une expérimentation à travers laquelle il souhaite démontrer l'influence des milieux sociaux sur un individu : le narrateur laisse ainsi très peu voire pas de place au lecteur dans la mesure où tout est expliqué, justifié, démontré, et c'est généralement le genre de roman que l'on prend plaisir à lire. [...]
[...] Aussi on prend le plus généralement son œuvre l'Ere du soupçon comme point de départ du courant littéraire qui refuse le roman traditionnel et veut détruire l'illusion du réel : le Nouveau Roman. Néanmoins trois ans plus tao, Sarraute publie Martereau, œuvre qui met en scène un jeune homme, le narrateur, de santé fragile et vivante chez s tante et son oncle, et qui, tout au long du roman, les regarde vivre évoluer n analysant le moindre geste, la moindre parole. [...]
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