Dans un premier temps, nous vous parlerons donc des points communs existants entre le conte de fées, tel qu'il est présenté par Bruno Bettelheim, et le conte africain. Puis, dans un deuxième temps, nous étudierons le recueil de Birago Diop en tentant de discerner les contes s'apparentant véritablement au "conte de fée". Et enfin, le thème de la spécificité des Contes d'Amadou Koumba de Birago Diop et, d'une façon plus générale, la spécificité des contes africains.
[...] La vérité et le mensonge n'a pas une conclusion heureuse. Pour rappeler les faits, Fène-le-mensonge a fait croire au roi Bour qu'il avait ressuscité sa femme, comme celui-ci le désirait, mais avec celle-ci, tous les ancêtres du roi qui, selon Fène, pour revivre, proposent à Fène tous les biens de Bour plus une moitié des leurs. Le roi Bour choisit donc de ne pas retrouver sa femme, de rester riche et de payer à Fène le prix convenu. Ainsi, sans accomplir aucun miracle, Fène a touché son salaire. [...]
[...] Mais, Le salaire n'est pas sans évoquer le conte de fées Le pécheur et le génie (un pécheur jette son filet dans la mer trois fois mais sans succès ; la quatrième fois, il remonte un vase d'où s'échappe un génie qui menace de le tuer. Il faut préciser que ce génie s'était dit dans un premier temps qu'il récompenserait celui qui l'y délivrerait, puis, comme personne ne venait le délivrer, il s'est promis de tuer celui qui le fera. [...]
[...] ou encore comme lors des veillées, le conte vient soutenir une idée ou s'opposer à un a priori avancé lors de la conversation. Cette imprécision du temps ou de l'espace vient renforcer le fait que le conte introduit les auditeurs dans un monde échappant aux réalités connues. Bien sûr, certains objecteront qu'en ce point le mythe introduit, de même, les auditeurs dans un monde surnaturel. Mais, comme nous allons le voir maintenant, le mythe et le conte s'oppose sur plusieurs points ) Le conte et le mythe Il convient de reconnaître et d'admettre, dans un premier temps, que tous les deux, sont des expressions symboliques de rites d'initiation ou rites de passage, de maturité. [...]
[...] II ) Etude des Contes d'Amadou Koumba de Birago Diop Mais nous allons tenter d'illustrer ceci en se rapportant au livre de Birago Diop les Contes d'Amadou Koumba, car si le début du titre de ce livre est "les contes", tous les récits que contient ce livre ne peuvent être pourtant assimilés à des contes à proprement parlé : nous trouvons dans ce recueil, un récit proche du mythe, des contes qui se rapprochent de la fable mais aussi des contes dans lesquels le merveilleux intervient ou, au contraire, dans lequel il est absent ) Présence d'un mythe Le récit situé à la page 129 des Contes d'Amadou Koumba, dont le titre est Vérité et mensonge, est proche du mythe dans la mesure où les héros sont désignés par leurs qualités (ce ne sont pas une femme et un homme dont l'une dit toujours la vérité et l'autre, à l'opposé, ment. Non, ce sont des personnifications de la vérité et du mensonge). De même, d'après ce que nous avons dit des différences établies par Bettelheim entre le mythe et le conte, le sentiment dominant transmis par le mythe est le fait que cette histoire n'aurait jamais pu arriver à quelqu'un d'autre, ni ailleurs. [...]
[...] On peut remarquer que la mort du père indique un changement qui pousse le ou les enfant(s) hors de la maison. Mais dans le conte de Birago Diop, l'enseignement du conte est explicite par opposition aux contes de fées dans lesquels cet enseignement est implicite ) Contes dans lesquels le merveilleux est absent Il est donc très difficile d'étudier les Contes d'Amadou Koumba selon les théories développées par Bettelheim et, dans bien des cas, l'analyse des Contes d'Amadou Koumba peut aller à l'encontre même du principe des contes de fées qui cherche à donner à l'enfant un sentiment rassurant par rapport à son avenir : par exemple, deux contes Jugement et N'gor Niebe montrent à l'enfant que le couple n'est pas toujours le couple que rien ne saurait désunir ; on ne voit pas dans les Contes d'Amadou Koumba la naissance de l'amour mais plutôt la relativisation de l'amour par certains préceptes : comme celui de ne pas accorder sa confiance à une femme même si on l'aime (N'Gor Niebe) et celui de ne jamais croire que le couple est indestructible, toute parole prononcée hâtivement, tout emportement peut lui être fatal (Le jugement). [...]
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