« Sur les places publiques, pendant les fêtes, devant une table bien garnie, on jetait bas le ton sérieux comme un masque, et on entendait alors une autre vérité qui s'exprimait sous la forme comique, par des plaisanteries, des obscénités, des grossièretés, des parodies, des pastiches, etc. Toutes les peurs, tous les mensonges se dissipaient devant le triomphe du principe matériel et corporel. » Rabelais dans Gargantua se sert de ce « comique populaire » pour introduire une réflexion poussée concernant un des sujets qui l'intéresse en tant qu'humaniste. Je veux parler de la question du savoir. Tout au long de l'ouvrage, Rabelais s'interroge quant à l'éducation que doit recevoir la nouvelle génération d'humanistes en formation qui plus est lorsque l'enfant à éduquer est amené à régner, comme dans le cas précis de Gargantua.
Cette question est récurrente tout au long de la saga des géants populaires Gargantua et Pantagruel. Associés aux fêtes du carnaval, ces géants permettent à Rabelais d'aborder bien des sujets « tabous » (la question de l'évangélisme en particulier) mais aussi des problèmes moins dangereux comme celui du « métier de roi » en donnant un exemple de bon roi : Grandgousier et son contraire : Picrochole. De la sorte Rabelais peut également s'autoriser un humour « carnavalesque » porté sur « le bas », la vulgarité, la corporéité, la scatologie. En ce qui concerne la question de l'éducation, le gigantisme des géants procure à l'auteur une occasion de concevoir une éducation qui ne serait pas réalisable au cours d'une existence humaine, faute de temps. Dans Gargantua et Pantagruel (principalement), Rabelais peut traiter de tous les savoirs. Il s'offre également, sous le couvert du « comique de carnaval » la possibilité d'opérer des transgressions et certains renversements de l'ordre établi en puisant allègrement dans le ressort comique du gigantisme de Gargantua.
Gargantua s'ouvre sur la naissance du héros. Ensuite Rabelais met en avant le corps gigantesque de l'enfant en indiquant la quantité de tissu nécessaire pour le vêtir. Dans le dixième chapitre, Rabelais aborde de façon plus précise le thème de l'éducation. Gargantua enfant, de sa troisième à sa cinquième année n'apprend rien et se comporte en petit animal se livrant à ses appétits : boire, manger, dormir ainsi qu'à l'éveil d'une sexualité précoce que les femmes attisent. Dans le onzième chapitre, celui qui nous intéresse ici, Rabelais semble ne plus s'en tenir à une simple description des activités de Gargantua. Ce récit invite désormais à s'interroger sur la validité de l'éducation telle qu'héritée du Moyen-âge. Dans ce passage en particulier on perçoit la parodie de l'initiation chevaleresque que recevaient les enfants de la noblesse aisée.
Le grotesque de cette éducation périmée est tout d'abord mis en exergue par le défaut de canalisation des qualités spirituelles du jeune enfant puis par les marques d'irrévérence de Gargantua, doublon de Rabelais face à l'ordre établi, enfin par la critique, reposant sur la parodie, de l'initiation du chevalier.
[...] Gargantua imite le monde des adultes. Gargantua fait entrer les adultes dans son monde. Des plaisanteries qu'on n'attendrait pas d'un enfant. Une première plaisanterie qui fait preuve de l'intelligence de Gargantua. Des jeux sur les mots inattendus. L'enfant fait la conversation II. Irrévérences de Gargantua, doublon de Rabelais, face à l'ordre établi. Les classes aisées. Les religieux. Les nobles. Les serviteurs courtisans. [...]
[...] En ce qui concerne la question de l'éducation, le gigantisme des géants procure à l'auteur une occasion de concevoir une éducation qui ne serait pas réalisable au cours d'une existence humaine, faute de temps. Dans Gargantua et Pantagruel (principalement), Rabelais peut traiter de tous les savoirs. Il s'offre également, sous le couvert du comique de carnaval la possibilité d'opérer des transgressions et certains renversements de l'ordre établi en puisant allègrement dans le ressort comique du gigantisme de Gargantua. Gargantua s'ouvre sur la naissance du héros. [...]
[...] Le petit Gargantua habitué à jouer seul (il créé lui- même ses propres jouets) entraîne les adultes dans son univers de jeu (sa chambre) et leur lance des plaisanteries sur le ton d'un dialogue badin. Il y à cette occasion, renversement des codes. Les adultes se montrent moins spirituels que gargantua qui n'est pourtant qu'un jeune garçon. Ils manquent de répondant C'est aussi parce que l'irrévérence de Gargantua pour les adultes déroute en renversant les conventions. Cette irrévérence que l'on ressent jusque dans le choix des expressions n'épargne aucune des trois couches sociales de la société moyenâgeuse que représentent les nobles cités, les religieux et enfin les subalternes courtisans. [...]
[...] Après cela, Gargantua se créé lui-même plus de 21 chevaux de bois à partir de divers objets de la vie quotidienne (poutre, fût à pressoir Son imagination semble le rendre capable de transformer n'importe quel bout de bois en cheval. Ces nouveaux chevaux doivent lui servir dans toutes les situations de la vie courante en parallèle avec celle des adultes. Le fait qu'il se créé lui-même des jouets révèle une absence patente d'adultes autour de lui. Par ailleurs pour ajouter encore un aspect de réalité au jeu, Gargantua fait changer la robe de ses chevaux. La robe d'un cheval est la couleur de son poil. [...]
[...] Gargantua fait entrer les adultes dans son monde. La scène est déclenchée par la demande du maître d'hôtel et du fourrier (homme d'écurie) du seigneur de Painensac[13] qui cherchent à obtenir par la ruse une meilleure information que celle qui leur aurait pu être fournie par une voix plus classique : la même demande faite aux domestiques de Grandgousier. C'est une situation de farce dans laquelle ceux qui voulaient dominer les ressorts de l'action se trouvent attrapés par plus malin qu'eux. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture