Folie d'Antonin Artaud, influence théâtre, vision du théâtre, traitement par électrochocs, théâtre de la cruauté, dégénérescence mentale, parole et langage, métaphysique, pantomime, inconscience, souffrance physique, traitement psychanalytique
Antoine-Marie-Joseph Artaud est né à Marseille de 4 septembre 1896. Alors qu'il est tout jeune, il tombe gravement malade. Il gardera de cela toute sa vie des séquelles nerveuses. Il sera également interné en asile psychiatrique en 1937, pendant près de 7 ans et subira des électrochocs. La douleur et l'omniprésence de celle-ci marqueront profondément sa création artistique et sa vision sur le monde en général. Il a été à la fois poète, écrivain, essayiste, acteur, dessinateur et théoricien du théâtre. Dans le théâtre et son double (1938), il invente la notion de "théâtre de la cruauté", reflet de sa pensée profonde sur le théâtre, mais aussi sur la vie.
[...] Cette volonté de destruction et cette conscience de la pulsion de mort sont nécessaires et auraient pour mission d'agir comme un purgatoire. La lamentation d'Artaud peut se résumer par la citation de Jean de la Croix : « Je meurs de ne pas mourir ». Autrement dit :ma vie n'est qu'agonie, je n'ai pas rencontré en moi même la rupture libératrice qui me permettra enfin de vivre. L'écriture est le geste même du sujet : Artaud et son écriture ne font qu'un. [...]
[...] En quoi « la maladie » est devenue un terreau artistique pour Artaud dans sa vision du théâtre ? On préférera, ici, parler de maladie entre guillemets, car il y a une réelle volonté d'émettre des réserves sur un possible diagnostique d'une dégénérescence mentale de l'artiste. Les termes maladie et malade proviennent du latin male habitus signifiant qui est en mauvais état et selon la définition du Larousse, la maladie décrit « l'Altération de la santé, des fonctions des êtres vivants ». Dans le sens familier, elle est désignée comme le « Comportement excessif, anormal, obsessionnel ». [...]
[...] Une sorte de rançon du génie et le résultat inévitable d'une confrontation : celle du poète et d'une société trop prosaïque. Deleuze parle de la folie comme une ressource d'écriture. Elle est une force qui disloque le sujet et l'identité personnelle. Dessin d'Antonin Artaud fait à Rodez et donné au docteur Jacques Latrémolière pour le remercier de ses électrochocs. On parle également d'Artaud en évoquant son obsession pour la cruauté. Plus qu'un symptôme il s'agirait surtout d'un « moment aigu de vérité ». [...]
[...] La langue et la parole Il faut abandonner le langage et mettre à mal ses lois. Détruire pour créer un langage nouveau. Artaud est l'emblème de la douleur, sa preuve vivante, sa figure de proue. De même que le Cri d'Edward Munch. Il s'agit de projeter ses pulsations jusqu'à l'absurde, là où plus rien ne devient visible, plus rien ne s'ordonne. Pour cet auteur maudit, la parole est un organe. Et cet organe doit se débarrasser de la tyrannie du sens du langage. [...]
[...] Dans notre quotidien, nous adoptons des postures, une gestuelle et des mouvements que nous avons appris et qui font de nous des êtres civilisés auprès des êtres avec lesquelles nous vivons. Finalement, le mécanique est entré dans nos vies et notre corps nous échappe. Le corps que recherche Artaud est une « authentique aliénation » au sens où l'intrusion de l'autre en moi m'empêche de me stabiliser en Être. Il s'agit également d'une lutte contre ses propres organes, d'un corps de plus en plus poreux, de plus en plus transparent aux techniques médicales. [...]
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