Les Faux Monnayeurs, roman d'André Gide publié en 1925, est une oeuvre riche et complexe en ce qu'elle brasse de nombreux thèmes, personnages et situations. Si les relations humaines au sens large sont l'un des thèmes de prédilection de Gide, l'origine des conflits semble la plupart du temps remonter à la cellule familiale.
[...] Et si les jeunes se livrent à des trafics en tous genres à l'abri des regards des adultes, ce n'est que par l'utilisation de lieux dérobés. Cela montre qu'un conflit larvé reste un conflit tout de même. Dans Les Faux Monnayeurs, la famille n'est pas un espace d'échange et d'écoute, bien au contraire. Les conflits, larvés ou ouverts, détruisent l'harmonie qui pourrait exister entre les personnages. La famille chez Gide est irrémédiablement brisée, malgré les tentatives de maintien des apparences. À travers sa critique du carcan familial, Gide offre un vibrant plaidoyer pour la liberté individuelle et l'épanouissement personnel. [...]
[...] Par essence, la famille est concentrée dans un même espace, qui devient oppressant. La pension Vadel en est un exemple éclatant, et souligne bien le rapport de force qu'il existe entre les personnages. Ainsi, le vieux Azaïs se penche régulièrement à la fenêtre, non pas pour profiter de l'air frais, mais pour surveiller. Cette logique de domination, bien qu'illusoire, est cruciale. Dans la pension, aucun lieu n'est réellement privé. Les tensions s'accumulent du fait de la privation de mouvement, et ce malgré l'apparente ouverture du lieu. [...]
[...] Le pasteur Vedel, directeur de la pension portant son nom est porteur d'un optimisme religieux béat qui ne lui permet pas de saisir les enjeux des situations. Sa pension, qui se veut d'ailleurs un lieu de refuge et d'éducation, ne fait que créer des barrières morales oppressantes. Azaïs, fais figure quant à lui d'autorité morale à la pension. Ses valeurs sont celles d'un puritanisme protestant qui pense guider les jeunes dans le droit chemin mais ne voit rien des petits trafics qui se déroulent sous ses yeux. [...]
[...] La jeune génération dans Les Faux Monnayeurs est caractérisée par sa spontanéité, ce qui la rend également plus instable que la vieille génération traditionnelle, du moins en apparence. Nous avons donc deux générations que tout oppose, ce qui entraîne évidemment des situations de conflit. C'est à vrai dire à un rapport de force que se livrent les personnages de la famille dans Les Faux Monnayeurs. Dès le début du roman, un évènement brutal a lieu : le désaveu de son père, qu'il découvre adoptif, par Bernard. [...]
[...] Aux jeunes épris de liberté et de découverte, représentés par Bernard et Olivier, s'oppose la vieille génération, porteuse de valeurs plus traditionnelles. La figure des pères, mais aussi des grands-pères, bien qu'il ne s'agisse pas de personnages centraux, illustre bien cet aspect puritain et bourgeois de la famille. À vrai dire, Gide dissocie ces deux aspects. Ainsi, Profitendieu apparaît comme le modèle du père de famille bourgeois, tandis que le pasteur Vedel et le grand-père Azaïs représentent une sorte de religiosité poussée à son paroxysme. [...]
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