Corpus :
1.Baudelaire, Les Fleurs du Mal, « Spleen et Idéal », 1861
2. Jules Supervielle, Débarcadères, 1922
3. Victor Ségalen, Stèles, « Conseils au bon voyageur », 1922
[...] Il lui donne des conseils bienveillants pour découvrir le monde. S'inspirant de ses voyages en Chine, il utilise la stèle comme la métaphore du repère et de l'orientation lors d'un voyage, d'un périple. Comme chez Baudelaire, Ségalen dépeint un lieu géographique inconnu d'où se dégagent calme et sérénité. En revanche, il intègre la notion de chemin, de continuité : « ville au bout de la route et route prolongeant la ville » et de découverte faite personnellement par le protagoniste. [...]
[...] Ces expressions apportent un bien-être et une assurance que Baudelaire veut nous faire partager. « . en un soir chaud d'automne » : on imagine les couleurs de l'automne au moment du soleil couchant. Mais d'un autre côté, il mentionne des « fruits savoureux », des « hommes vigoureux » et la franchise de l'œil des femmes. On rêve d'une vie idéale avec des gens heureux, vivants et pleins de joie : un port, des couleurs, le bruit des voiles et des mâts, le chant des mariniers et peut-être même les voix de ces personnes se baladant sur le port. [...]
[...] Que ce soit pour échapper à la vie réelle, comme chez Baudelaire ou pour faire revivre des situations vécues, l'exotisme revêt un caractère onirique, imaginaire et souvent mélancolique. Il met l'accent sur l'inatteignable et laisse toute sa place à la rêverie. Le romantisme va progressivement laisser sa place à l'écriture surréaliste avec l'utilisation du champ lexical du voyage, qu'il soit intérieur ou réel. Le poète s'ouvre à la sensualité et à la volupté. Alors que dans Parfum exotique Baudelaire se « referme » sur son âme, Supervielle et Ségalen expriment l'exotisme dans leurs oeuvres poétiques en s'ouvrant aux voyages lointains. [...]
[...] L'expression de l'exotisme se manifeste chez lui par un mélange de pittoresque et d'imaginaire, propice à la rêverie. Supervielle s'est intéressé aux mœurs des civilisations éloignées de la sienne. Il a voulu allier les connaissances réelles de ses voyages à l'expression poétique. On reconnait dans son poème les étapes de son arrivée : l'océan « la mer grise », l'idée qu'il se fait du Brésil : « il y a le Brésil avec toutes ses palmes . », le rapprochement, l'avancée vers le port : « et voici que peu à peu l'horizon s'est décousu et la terre s'est allongé une place fine » et enfin l'apothéose avec la vue des premières maisons et des premières personnes. [...]
[...] Le champ lexical utilisé : palmes, bananiers, bambous, éléphants, champs de canne . fixe immédiatement la géographie du lieu. Le lecteur imagine le paysage et les scènes de vie des autochtones. Comme chez Baudelaire, les éléments de la Nature sont dépeints avec une certaine mélancolie : « le ciel éteint », « la mer grise », « l'horizon fermé », « le glissement du paysage », « sur un plan huilé », mais laissent rapidement la place au bien-être et à la vie locale. [...]
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