Dramaturge, tragédie, pièce de théâtre, mise en scène, Beaumarchais, Corneille, Le Mariage de Figaro, Cyrano de Bergerac, Rostand, Molière, Sophocle, L'Odyssée, Juste la fin du monde, Jean-Luc Lagarce
En s'emparant du motif du départ et du retour, le dramaturge peut trouver un intérêt purement scénique. En effet, les entrées et sorties de personnages de la scène sont autant de seuils, à la fois physiques et psychologiques. Dans les vaudevilles, et notamment dans On purge Bébé ! de Georges Feydeau, ces entrées et sorties de scène marquent l'évolution familiale du couple qui se déchire.
En faisant partir puis revenir de leur famille les personnages, le dramaturge entend amplifier l'intensité dramatique de sa pièce. Effectivement, les scènes de départ sont l'occasion de déploiement du pathos qui participe de l'identification du spectateur.
[...] Dans la pièce Incendies de Wajdi Mouawad, la professeure de mathématiques cherche littéralement sa place parmi les autres membres de sa famille et s'aide de théorèmes géométriques pour mieux se situer dans sa famille. Enfin, en usant du topos du départ et du retour, le dramaturge peut mettre en exergue des scènes de crise ou au contraire de réconciliation familiale. Dans Le Voyage sans bagage de Jean Anouilh, le fils Jacques, frappé d'amnésie, choisit de se trouver une nouvelle famille, ailleurs. A l'inverse, Louis, dans Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce, conserve sa famille mais choisit de repartir, finalement, vers la solitude et « sa mort prochaine ». [...]
[...] Le retour permet des scènes de reconnaissance, que le dramaturge peut choisir de traiter sous la veine comique ou bien la veine tragique. Enfin, le topos du départ et du retour dans la famille permet au dramaturge de montrer l'évolution de son personnage parti en quête : en quête de lui-même, en quête de sa place parmi les siens, entre crise et réconciliation familiale. En définitive, le départ et le retour dans la sphère familiale est bien représentée dans le tableau La Malédiction paternelle de Greuze qui peint le départ à la guerre du fils de famille. [...]
[...] Enfin, le dramaturge peut utiliser le topos du départ et du retour pour intensifier le topos de la reconnaissance. Celle-ci peut s'opérer sous forme comique dans L'Avare de Molière où le père reconnaît un fils perdu ou bien tragique dans l'Œdipe roi de Sophocle où l'on apprend qui sont les parents du personnage. C'est ce même topos qui irrigue l'Odyssée, lors de la reconnaissance d'Ulysse par les siens. Le dramaturge peut alors se saisir de ce motif du départ et du retour pour intensifier les émotions des spectateurs qui assistent à l'évolution des personnages. [...]
[...] Par exemple, lors de la tirade de Rodrigue à Don Fernand, Chimène n'est pas sur scène et le spectateur se demande ce qu'elle penserait des exploits du Cid (Corneille). Outre un intérêt scénique, le dramaturge peut trouver dans le motif des départs et des retours l'occasion d'intensifier la dramaturgie de sa pièce. En faisant partir puis revenir de leur famille les personnages, le dramaturge entend amplifier l'intensité dramatique de sa pièce. Effectivement, les scènes de départ sont l'occasion de déploiement du pathos qui participe de l'identification du spectateur. [...]
[...] Quel intérêt un dramaturge peut-il trouver à faire partir ou revenir un personnage dans sa famille ? Sous le titre du Mythe de l'Eternel Retour, Mircéa Iliade a dépeint une caractéristique humaine qui s'est largement déployée en littérature. Les départs et les retours constituent un des invariants humains. Dans un premier temps, le dramaturge peut trouver un intérêt purement concret de mise en scène. De même, les départs et retours peuvent lui permettre de développer une intensité dramatique. Enfin, ce motif est le lieu de l'évolution des personnages. [...]
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