Quatrevingt-treize extrait partie III Livre IV II, Victor Hugo 1874, guerre de Vendée, royalistes, républicains, Révolution française, narration rythmée, polyphonie, dimension théâtrale, Michelle Fléchard, commentaire de texte
"Pays, patrie, ces deux mots résument toute la guerre de Vendée ; querelle de l'idée locale contre l'idée universelle ; paysans contre patriotes" (p.243) : c'est en ces termes que Hugo définit le thème phare de "Quatrevingt-treize", dernier ouvrage d'une trilogie dont le second n'a jamais été rédigé. Il est donc question ici de la guerre civile qui fit rage entre les royalistes et les républicains cette année-là, parenthèse de l'histoire sanglante et décisive que Hugo représente comme un "drame ayant la stature de l'épopée" (p.153).
[...] On a donc une alternance de la parole et du volume qui participe d'une rythmique croissante. En effet, on note la gradation avec la « voix haute » du crieur qui devient « tonnante », ainsi que les accumulations de noms propres qui donnent une impression d'accélération et les répétitions de « le crieur », « un paysan », « brigand ». Les « pauses » également provoquent un effet d'emphase avant l'apogée du suspens, « le silence devint profond », ménagée par le « ban » battu par le tambour ; tout cela diffuse au travers de l'extrait une atmosphère théâtrale, presque tragique, qui se clôt par l'exclamation du Maire : « Vive la République » D'autre part, ce rythme n'est pas seulement sonore comme on vient de le voir, mais aussi spatial et visuel ; de fait, la phrase d'ouverture est suivie d'un « roulement » de tambour, expression désignant un effet sonore, mais pouvant représenter un mouvement dans l'espace également. [...]
[...] Par ailleurs, la focalisation de l'extrait se fait par le biais du personnage de Michelle Fléchard, qui arrive sur les lieux au moment de l'annonce : « au moment où Michelle Fléchard approcha, il venait de déployer le placard, et il en commençait la lecture ». Ce protagoniste, auquel est conférée une importance notable, est pourtant une femme populaire et peut même se voir comme l'incarnation du peuple paysan. Aussi, et bien que les interventions soient souvent attribuées à des « paysans », les « bourgeois » dont il est question à la fin du passage bénéficient du même traitement sur le plan de la description. [...]
[...] À travers les processus de changement de focalisation, les identités multiples et l'hétérogénéité des voix Hugo illustre non seulement le peuple « vrai », mais surtout imprime un véritable mouvement au récit ; dynamisme particulièrement flagrant dans ce passage doté d'un rythme qui va crescendo. La parole se trouve au centre de l'extrait et traduit une volonté de l'auteur : rendre compte d'une dynamique populaire s'exprimant à travers des scènes fragmentaires, dans lesquelles différents discours se font écho. Ainsi, malgré la multiplicité polyphonique à l'œuvre, la narration se fonde sur l'individu, ou plutôt les individus de passage dans une Histoire où se mêlent réalité et imaginaire sous forme de « tableaux vrais et variés comme se déroulent les évènements réels de la vie ». [...]
[...] Quatrevingt-treize, extrait partie III, Livre IV, II - Victor Hugo (1874) De « Sur le balcon au-dessus de la porte » à « – Vive la République » « Pays, patrie, ces deux mots résument toute la guerre de Vendée ; querelle de l'idée locale contre l'idée universelle ; paysans contre patriotes » (p.243) : c'est en ces termes que Hugo définit le thème phare de Quatrevingt-treize, dernier ouvrage d'une trilogie dont le second n'a jamais été rédigé. Il est donc question ici de la guerre civile qui fit rage entre les royalistes et les républicains cette année-là, parenthèse de l'histoire sanglante et décisive que Hugo représente comme un « drame ayant la stature de l'épopée » (p.153). [...]
[...] Une narration rythmée Il est évident que le passage est investi d'une dynamique rythmée voulue par l'auteur afin d'accentuer la dimension théâtrale de la scène décrite. De fait, l'introduction de cette cadence dont le texte est empreint se fait avec une ouverture solennelle, le slogan républicain : « République française. Une et indivisible ». On remarque ensuite l'alternance entre la voix unique du crieur et les voix multiples du peuple, contrastées de plus par leurs puissances respectives : « voix haute », « la voix du crieur devint tonnante », « on entendit dans la foule ce chuchotement », « un paysan demanda bas à son voisin », « voix confuses » . [...]
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