L'oeuvre de Voltaire se définit comme prolifique et diversifiée. Représentant de la littérature du siècle des Lumières, l'auteur offre dans ses écrits une multitude de reflets économiques et sociaux de cette époque. Lors des correspondances abondantes qu'il a entretenues toute sa vie, il écrit notamment en 1760, dans un billet destiné à Mme d'Epinay, femme philosophe parisienne : « quand il s'agit d'argent, tout le monde est de la même religion ».
Cette citation nous donne des indices sur la pensée et la philosophie de l'homme de Lettres. Loin de la considérer comme univoque, l'on se doit de définir dans un premier temps les termes « argent » et « religion », tels que perçus par Voltaire dans son environnement social du XVIIIè siècle.
[...] Voltaire croit en la valeur de l'argent acquis par le travail, tel que traité dans Candide en 1759, où il pose également indirectement la question de savoir si l'argent rend heureux. Son argent lui a permis non seulement de vivre dans l'aisance, mais aussi de profiter des plaisirs de la vie. Il a le pouvoir de se moquer de la bienséance, tout en continuant de fréquenter les grandes figures politiques et les salons littéraires de son temps. Il parvient même à se faire nommer historiographe à la cour du roi Louis XV. Il a le talent de l'artiste et le charisme de l'ambitieux. [...]
[...] Des siècles durant, moralité et religion étaient intimement liées. D'après la Bible, il n'est pas permis de tricher, de voler ou d'être malhonnête pour gagner de l'argent. La politique doit s'efforcer de montrer l'exemple et de réprimer quiconque enfreint la loi. Ce n'est pas seulement la peur de la répression et de la punition qui doit être le frein à toute pratique malhonnête ou illégale, mais c'est bien la morale qui devrait être le fondement de tout acte personnel et citoyen. [...]
[...] De ce fait, appartenir à telle ou telle religion, ou ne pas en avoir du tout n'est pas significatif. Cette citation, comprise au XVIIIè siècle est néanmoins osée. L'auteur dépeint ainsi un comportement faux, hypocrite qui permet à chacun d'arriver à ses fins. Exprimer un sentiment anti-religieux est « risqué » car le clergé, lui-même riche et puissant jouit d'un grand pouvoir. De même, dans sa formulation de la phrase, Voltaire généralise son idée avec le « tout le monde ». [...]
[...] On paie pour tout, y compris pour trouver un partenaire sur des sites de rencontre, pour rouler sur une autoroute . Afin de garder sa place dans cette interaction permanente, on aurait tendance à penser que l'argent prime sur la morale et que ceci est accepté par « tout le monde ». Cette frénésie de l'argent semble communément acceptée et légitime. Peut-on pour autant affirmer que « quand il s'agit d'argent tout le monde est de la même religion » ? [...]
[...] L'argent suscite donc toujours un questionnement autour de la morale. Pourtant quels que soient les retombées de ces mouvements, l'évolution des sociétés modernes l'a placé sur un piédestal et lui confère un immense pouvoir. Au siècle des Lumières, c'était la religion qui dictait le Bien et le Mal, ces deux valeurs pouvant avoir une influence arbitraire dans la société. De nos jours, bien que la suprématie de l'argent soit indéniable, elle n'exclut pas la réflexion sur sa valeur morale. Les questions d'éthique actuelles sur les ventes d'armes, les « mères-porteuses » rémunérées, l'achat et la vente d'organes humains, l'exploitation de la planète en sont la preuve . [...]
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