Poe, selon Baudelaire, est « l'écrivain des nerfs », maître d'un récit à l'enchaînement logique implacable, où chaque anecdote compte et doit servir le but que s'est fixé l'auteur : une limite à faire céder et par là un « effet » particulier sur le lecteur. Dans la nouvelle Le Puits et le Pendule, le héros subit des tortures horribles, sous prétexte d'une condamnation à mort anaphorique, vague, de l'Inquisition ; évocation d'une entité réelle, qui a existé, mais qui cache des mystères terrifiants et permet donc le déploiement de l'imagination perverse de l'auteur.
Notre extrait se situe au dénouement de la nouvelle, après le passage du pendule, dont le héros se délivre grâce à sa sagacité. Dans une nouvelle où se mêlent périodes indolores et comateuses, et scènes de tortures douloureusement éclairées par la conscience et la raison, notre extrait se situe juste après le retour à lui-même et à la vie du personnage qui a réussit à se délivrer, et qui reprend son souffle… en même temps qu'il observe une nouvelle machination se déployer pour une exécution d'un tout autre genre, et encore plus formidable.
On pourra alors analyser la progression tragique de ce passage, l'allure inexorable des machinations de l'Inquisition qui prend l'allure d'une véritable machine infernale, pour l'anéantissement mathématique et gradué du personnage ; récit qui s'achève dans une ultime plongée dans le fantastique, admirablement mis en scène pour un comble d'horreur…Où même le réel fera figure d'incohérence.
[...] Que justifie un tel déploiement de perversité dans une condamnation à mort, même inquisitoire, un tel soin dans la mise en scène? Ce questionnement est la base de l'hésitation fantastique, à laquelle répond la prouesse d'écriture que cherche à déployer l'auteur. Cette scène finale est donc bien une anamorphose littéraire, qui montre combien l'auteur s'attache à étudier le genre et l'effet qu'il a choisis. [...]
[...] La dialectique de l'espérance, de la liberté, peut donc servir celle de l'horreur : elle aiguise les souffrances du personnage et le désespoir intense qu'elle précède immanquablement. Déjà développée dans plusieurs nouvelles ( contre exemple dans Une descente dans le Maelstrom : c'est le désespoir total du narrateur et la certitude profonde de sa mort qui lui permettent d'atteindre cette tranquillité d'esprit où se développera la réflexion de sa survie cette idée que c'est par elle qu'agit la souffrance est une des bottes secrètes de Poe : deux pages avant notre extrait, on lit bien que C'était l'espérance qui faisait ainsi trembler mes nerfs, et tout mon être se replier. [...]
[...] On observe donc bien le déploiement d'une mise en scène fantastique qui accompagne l'exacerbation finale de l'horreur du puits et du pendule ; l'ultime système de torture est le moment pour l'auteur d'appuyer son intérêt pour le genre, dans une anamorphose finale où ce sont des personnages hypothétiques qui créent l'atmosphère fantastique, qui est donc inscrite dans le réel. Il ne s'agit pas d'un récit allégorique, si on écarte l'idée d'une référence au puit de Démocrite, il n'y a pas ici de prétexte à moraliser. [...]
[...] Le puits et le pendule d'Edgar Allan Poe : analyse p.175 (libre ! - et dans la griffe de l'Inquisition ! . À la fin) Introduction Poe, selon Baudelaire, est l'écrivain des nerfs maître d'un récit à l'enchaînement logique implacable, où chaque anecdote compte et doit servir le but que s'est fixé l'auteur : une limite à faire céder et par là un effet particulier sur le lecteur. Dans la nouvelle Le Puits et le Pendule, le héros subit des tortures horribles, sous prétexte d'une condamnation à mort anaphorique, vague, de l'Inquisition ; évocation d'une entité réelle, qui a existé, mais qui cache des mystères terrifiants et permet donc le déploiement de l'imagination perverse de l'auteur. [...]
[...] On pourra alors analyser la progression tragique de ce passage, l'allure inexorable des machinations de l'Inquisition qui prend l'allure d'une véritable machine infernale, pour l'anéantissement mathématique et gradué du personnage ; récit qui s'achève dans une ultime plongée dans le fantastique, admirablement mis en scène pour un comble d'horreur Où même le réel fera figure d'incohérence. On analysera tout d'abord le paradoxe de l'état du personnage, qui ouvre l'extrait : libre et dans la griffe de l'Inquisition ; comment cette liberté illusoire s'accompagne de premières manifestations étranges. Nous observerons ensuite l'allure inexorable et graduée de ces manifestations, la mort qu'elles impliquent, et la folie du personnage qui y voit une figure de destinée. [...]
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