Devoir répondant aux consignes suivantes : Vous expliquerez et commenterez cette phrase d'Antonin Artaud, (in Van Gogh le suicidé de la société) : " Nul n'a jamais écrit ou peint, sculpté, modelé, construit, inventé que pour sortir en fait de l'enfer" en illustrant votre propos à l'aide d'exemples précis tirés de la littérature ou des arts en général. Vous donnerez en conclusion votre opinion personnelle sur la question
[...] La folie qui monte va donc déjà, chez Artaud, être à la fois le moteur et le thème de ses formidables capacités de travail, de sa puissance créatrice infatigable et multiforme. Les titres de ses œuvres d'alors marquent d'ailleurs nettement ce fait capital : que la folie, loin de l'empêcher de créer, va être au centre de la création. L'Ombilic des Limbes, déjà cité, évoque le lien ténu et vital, l'ombilic, qui relie Artaud à sa propre pensée, qui se disperse dans les limbes, lieu de la mort et du non-être. [...]
[...] ] mais à un effondrement central de l'âme, à une espèce d'érosion, essentielle à la fois et fugace, de la pensée [ . Il y a donc un quelque chose qui détruit ma pensée » (Artaud, 1923). Cette publication ouvre un champ d'écriture et de préoccupation considérable qui sous-tendra et nourrira les œuvres à venir. En effet, un grand nombre d'œuvres qu'Artaud publiera par la suite sont tout entières tournées vers la vivisection de ses états mentaux, de ce qu'on pourrait appeler la lente montée de sa folie. [...]
[...] D'ailleurs, en dernière analyse, la plus simple métaphore n'est-elle pas folie, en ce qu'elle nous montre le monde sous un aspect difforme et anormal ? Là où toutefois création et psychose doivent être distinguées l'une de l'autre, c'est dans l'effort de conscience que la création nécessite, et dans l'emprise sur la conscience que la psychose implique : l'une est volontaire et active, l'autre, subie et inéluctable. On peut certes être un artiste sans être un fou, de même qu'on peut être psychotique sans être créateur. [...]
[...] ] J'y suis passé et ne l'oublierai pas. / La magie de l'électrochoc draine un râle, elle plonge le commotionné dans ce râle par lequel on quitte la vie » (Artaud, 1947). Ainsi, ce n'est plus de ses propres états mentaux qu'il parle, comme il le faisait auparavant, dans ses premières œuvres ; mais du coma induit par l'électrochoc, et de toutes les souffrances physiques et psychiques subies à l'asile. La donne change : ce n'est plus la crainte de la dissolution de la pensée qui le hante, mais le souvenir de la douleur infligée par les psychiatres à cause même de la dissolution de sa pensée et de sa divergence avec la normalité psychique. [...]
[...] ] Et c'est par une manœuvre bizarre de la police française à Dublin que des papiers au nom d'Antonin Artaud m'ont été attribués et que la police Irlandaise a été trompée par la Légation Française à Dublin [ . ] Cette déportation a fait figure d'enlèvement et la police française ou une partie d'entre elle me garde et me dissimule » (Artaud, 1941). On voit donc comment la psychose s'exprime dans les textes personnels qu'il écrit à cette époque : le Moi se désagrège dans les récits successifs où Artaud le contraint, le déconstruit, le reforme, le perd. [...]
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