À la recherche du temps perdu est un roman de Marcel Proust, écrit entre 1908-1909 et 1922 et publié entre 1913 et 1927 à travers sept tomes, dont les trois derniers parurent après la mort de l'auteur. L'extrait que nous allons étudier est un passage du septième tome intitulé : Le Temps retrouvé où l'auteur revoit après plusieurs années le duc de Guermantes. Plutôt que le récit d'une séquence déterminée d'événements, cette œuvre s'intéresse non pas à la mémoire du narrateur mais à une réflexion sur la littérature.
L'œuvre ne se limite pas à cette dimension psychologique et introspective, mais analyse aussi, d'une manière souvent impitoyable, la société de son temps : opposition entre la sphère aristocratique des Guermantes et la bourgeoise parvenue des Verdurin, auxquelles il faut ajouter le monde des domestiques représenté par Françoise. Au fil des tomes, l'œuvre reflète l'histoire de son temps, depuis les controverses de l'affaire Dreyfus jusqu'à la guerre de 1914-1918.
Après plusieurs années passées dans une maison de santé en province, le narrateur mal rétabli revient à Paris. Au cours d'un bal, il retrouve des gens qu'il n'a pas vus depuis plusieurs années. Il a d'abord l'impression qu'ils sont grimés mais réalisant que ces derniers ont simplement vieilli, il mesure le temps écoulé et note son action dévastatrice comme le montre le portrait du duc de Guermantes.
[...] Si le temps s'attaque à l'apparence des êtres jusqu'à les rendre méconnaissables, il révèle aussi ce qu'il y a d'inaltérable dans chaque homme. Ainsi le duc a gardé sa prestance. Cette prestance est soulignée par les termes tels que superbe belle chose romantique le style la cambrure les belles têtes antiques Paradoxalement, le temps révèle la profondeur de l'être. Le duc de Guermantes est un homme qui lutte contre la mort, comme le montre : une involontaire, une inconscience expression C'est la vérité du duc qui surgit au travers de sa maladie ; L'approche de la mort met en évidence ce qui fait son être : sa lutte héroïque contre le destin. [...]
[...] Au cours d'un bal, il retrouve des gens qu'il n'a pas vus depuis plusieurs années. Il a d'abord l'impression qu'ils sont grimés mais réalisant que ces derniers ont simplement vieilli, il mesure le temps écoulé et note son action dévastatrice comme le montre le portrait du duc de Guermantes. Nous étudierons en quoi l'action du temps est destructrice. Puis, nous verrons la résistance au temps pour enfin percevoir la nature du temps. Le duc a subi un véritable changement où le temps use comme le montre le participe effrité suivi de la comparaison comme un bloc et l'emploi du verbe ronger suivi aussi d'une comparaison, accompagnée de l'adjectif abîmées Ces termes évoquent métaphoriquement la lente érosion que subit le duc et à laquelle assiste le narrateur, désigné par l'emploi du pronom personnel première personne du singulier je Ses souvenirs personnels lui permettent de confronter le présent de la rencontre au souvenir du passé. [...]
[...] La comparaison de la figure du duc avec les belles têtes antiques met en évidence le pathétique de la description. L'œuvre du temps sur le duc le rend méconnaissable au point que le narrateur avoue : je ne l'eusse sans doute pas reconnu, si on ne me l'avait clairement désigné. La métaphore filée belle chose romantique bloc belles têtes antiques promontoire rend compte de manière artistique de cette métamorphose. Le champ lexical du minéral concourt à donner au personnage un aspect fantastique en lui faisant perdre son identité. [...]
[...] Grâce à l'image de la tête antique, le duc parait être immortalisé, échappant de ce fait au temps, grâce à l'écriture proustienne. La nature du temps ne poserait-elle pas un problème entre les rapports de l'être et ceux du temps en ce qui concerne sa nature propre ? Au travers de cette évocation du temps, on perçoit que le moi n'est pas une donnée statique mais évolutive où ce dernier se transforme sans cesse et que seul le passé nous est acquis. [...]
[...] Etudiant de près les caractères et les mœurs de ce siècle, il nous a livré ici un portrait du duc de Guermantes usé et rongé par le temps qui garde cependant de son élégance et sûrement aussi de sa noblesse et de son charme. Dans cet extrait Proust se place sous l'invocation de Chateaubriand où une simple apparition (comme la grive dans Les Mémoires), peut renvoyer un personnage dans le passé, le replonger dans ce qu'il fut et constaté, impuissant les effets du temps perdu ou retrouvé ? [...]
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