Question élémentaire puisqu'elle ne met en jeu que deux notions : prose et poésie - lesquelles devront être définies. Mais il est bien évident que la question porte sur autre chose qu'une réponse affirmative : nous savons bien qu'il existe une poésie en prose. L'intérêt de la question est ailleurs. Il s'agit donc, à partir des définitions, et des conditions de possibilité (« peut-elle »), de s'interroger sur le sens et les conséquences, ce qui revient à définir autrement ce qu'est la poésie, à dépasser la définition première. Si la poésie peut être en vers ou en prose, c'est qu'elle dépasse et englobe ces deux approches ; qu'est-elle donc vraiment ? (...)
[...] Prose et poésie se régénèrent réciproquement dans le poème en prose, que Ponge appelle justement proème. Cette évolution de la poésie rappelle que, en dehors de questions de genre littéraire, la poésie est avant tout une expérience, au sein de l'œuvre d'art, puis au sein de la vie, qui s'appuie sur le langage et le rend témoin d'un regard sur le monde, d'une approche de l'homme. Le poète qui se veut voleur de feu comme Rimbaud ne s'arrête pas aux catégories littéraires ; il recrée une langue, qui sera toujours une voix singulière. [...]
[...] Le vers est ainsi un moyen de se tourner à la fois vers soi et vers l'extérieur. La forme versifiée semble donc autonome, solidement refermée sur elle- même pas les contraintes de la versification, et créant à l'intérieur de ce cadre un monde propre, une sorte de microcosme. Elle matérialise cette autonomie par l'espace singulier occupé sur la page ; son monde est rythmiquement régi par le mètre et de manière sonore par les rimes et le jeu d'assonances et d'allitération. A l'intérieur de cet espace, le poète peut créer un univers personnel parfois hermétique. [...]
[...] Cette récurrence est caractéristique et a ses racines dans la poésie orale, formulaire, mnémotechnique de l'Antiquité. A travers cette forme et ce vers fixe, la poésie explore l'intériorité de l'individu en abordant des thèmes immémoriaux, tels que l'amour, comme dans Les Amours de Ronsard, la douleur et la nostalgie dans Les Regrets de Du Bellay. Les Romantiques, comme Lamartine ou Vigny, feront de la poésie le moyen par excellence d'exprimer de manière lyrique la condition humaine, le mal-être, descendant au sein du cœur pour en faire ressentir toutes les nuances. [...]
[...] DISSERTATION LITTERAIRE La poésie peut-elle être en prose ? Analyse : Question élémentaire puisqu'elle ne met en jeu que deux notions : prose et poésie lesquelles devront être définies. Mais il est bien évident que la question porte sur autre chose qu'une réponse affirmative : nous savons qu'il y a bien une poésie en prose. L'intérêt de la question est ailleurs. Il s'agit donc, à partir des définitions, et des conditions de possibilité peut-elle de s'interroger sur le sens et les conséquences, ce qui revient à définir autrement ce qu'est la poésie, à dépasser la définition première. [...]
[...] Le poète ne se conçoit plus comme le cœur lyrique des Romantiques ; la réalité reprend ses pleins droits. Seule la prose peut offrir à la poésie une régénération de ses moyens, en lui procurant souplesse et plasticité nouvelles. Mais réciproquement, la prose s'enrichit de l'écriture et du regard poétique : le prosaïsme reproché jusqu'alors se transforme en disant l'expérience poétique. La poésie en prose peut récupérer l'idée de forme et de chant, et libérer le vers de la rhétorique du langage. [...]
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