La poésie est un des genres littéraires le plus représenté. Ce genre a évolué au fil des siècles, renouvelant sans cesse ses formes. En effet le genre poétique et très étendu il va du sonnet, à la ballade, au blason et bien d'autres formes. Il a aussi bon nombre d'outils à son service tel que les rimes, les assonances les figures de rhétoriques. La poésie est le plus souvent écrite en vers ou en prose.
Or il est un débat virulent depuis le début du XIX siècle à propos de la définition de la poésie, ce débat a pris de l'ampleur avec l'utilisation de plus en plus fréquente de la prose par les poètes. Car rappelons le originairement la prose est à la fois le langage que nous employons tous les jours et la caractéristique principale du roman. Mais alors peut-on faire de la poésie avec cet outil aussi peu adapté qu'est la prose ? La prose ne semble pas être la matière « première » de la poésie ; en effet elle est, semble t-il, destinée à servir le roman et la communication entre les hommes, et non la poésie qui se réclame de l'art du sublime et de l'exceptionnel. Comment cet art que nous concevons comme quelque chose de « sublime » peut-il se rabaisser à utiliser la prose, à faire de nos mots de tous les jours un poème ? Le poème peut il être réduit à la prose ? Peut-on faire du beau avec cette « boue » qu'est la prose ?
Influencé par Mallarmé, le poète symboliste français, Paul Valéry, a toujours privilégié, dans ses recherches poétiques, la maîtrise de la forme sur le sens et l'inspiration. Il y a en quelque sorte chez Valéry une quête de la « poésie pure », son œuvre se confond avec une réflexion sur le langage, qui est pour lui le vecteur essentiel entre l'esprit et le monde qui l'entoure, et un instrument de connaissance pour la conscience. Aussi pour Valéry il est essentiel de s'interroger sur le langage pour pouvoir ensuite aborder la question de la poésie. Ce poète du XX° siècle a donc exploré cette question de la poésie dans son ouvrage Questions de poésie, et a propos de l'utilisation du langage il déclare : « Le poète dispose des mots tout autrement que ne le fait l'usage et le besoin. Ce sont les mêmes mots sans doute mais point du tout les mêmes valeurs. C'est bien le non-usage, le non dire « qu'il pleut » - qui est son affaire ; et tout ce qui affirme, tout ce qui démontre qu'il ne parle pas en prose est bon chez lui. Les rimes, l'inversion, les figures développées, les symétries et les images, tout ceci, trouvailles ou conventions, sont autant de moyens de s'opposer au penchant prosaïque du lecteur (comme les « règles » fameuses de l'art poétique ont pour effet de rappeler sans cesse au poète l'univers complexe de cet art). L'impossibilité de réduire à la prose son ouvrage - celle de le dire, ou de le comprendre en tant que prose – sont des conditions impérieuses d'existence, hors desquelles cet ouvrage n'a – poétiquement – aucun sens. »
Valéry semble alors opposer le travail poétique à l'utilisation prosaïque que nous faisons des mots, et à l'usage quotidien que nous faisons du langage. Car la poésie est t-elle réductible à la prose ?
En quoi l'utilisation du langage pour le poète est-elle différente de la notre ? Comment le poète arrive t-il à faire quelque chose de sublime avec les matériaux communs que sont les mots ?
De même, comment la poésie devient-elle moyen d'évasion pour le lecteur, en le retirant de son univers quotidien et en lui faisant voir les « choses sous une lumière nouvelle qui secoue la torpeur » ?
En quoi la poésie se distingue-t-elle de cette utilisation vulgaire du langage, la poésie est-elle contraire à la prose ?
[...] Cet art restitue l'émotion poétique, au moyen des artifices du langage. La poésie est en ce sens un sentiment réel et éphémère qui nous touche ; le travail du poète est de le reproduire, de manière compréhensible grâce aux mots, cette sensation ; le poète par l'écriture capture l'éphémère, il fige l'instant poétique. Cela est le but du poète, nous faire voir les choses mais nous les faire voir sous une lumière nouvelle qui secoue la torpeur comme le dit Cocteau dans son rappel à l'ordre. [...]
[...] La poésie, contrairement à la prose qui se perd après avoir atteint son but, est faite pour subsister, par un assemblage harmonieux entre le son et le sens. La poésie ne se comprend pas en tant que prose car elle n'en est pas ; nous pourrions comparer la poésie à la danse et la prose à la marche, la danse vise le sublime et la marche vise un but, nous ne saurions faire de la danse une marche car nous l'estimons comme étant un art, il doit en être de même avec la poésie. [...]
[...] Ce poète du siècle a donc exploré cette question de la poésie dans son ouvrage Questions de poésie, et a propos de l'utilisation du langage il déclare : Le poète dispose des mots tout autrement que ne le fait l'usage et le besoin. Ce sont les mêmes mots sans doute mais point du tout les mêmes valeurs. C'est bien le non- usage, le non dire qu'il pleut - qui est son affaire ; et tout ce qui affirme, tout ce qui démontre qu'il ne parle pas en prose est bon chez lui. [...]
[...] La prose ne semble pas être la matière première de la poésie ; en effet elle est, semble-il, destinée à servir le roman et la communication entre les hommes, et non la poésie qui se réclame de l'art du sublime et de l'exceptionnel. Comment cet art que nous concevons comme quelque chose de sublime peut-il se rabaisser à utiliser la prose, à faire de nos mots de tous les jours un poème ? Le poème peut-il être réduit à la prose ? Peut-on faire du beau avec cette boue qu'est la prose ? [...]
[...] Il a la grâce d'une bête En éveil dans sa fixité calme : c'est un oiseau C'est cette faculté de transformer les choses et de leur insuffler la vie qui distingue le poète de n'importe quel autre homme. Le poète en sublimant l'objet établit des liens incongrus entre les choses comme le fait Francis Ponge dans son poème L'orange, et ceci le démarque une nouvelle fois du parlé ordinaire, en effet il ne nous viendrait pas à l'esprit de comparer une orange à une lanterne vénitienne de saveur cependant lorsque Ponge écrit cela nous savons très bien ce qu'il veut dire et l'objet nous apparaît dans sa totalité. [...]
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