« La Cour ! » Toute la salle fut priée de se lever. Il y avait encore de nombreuses places libres. Et pourtant André avait le sentiment d'être face à une foule, devant des dizaines de personnes qu'il ne connaissait pas et qui venaient aujourd'hui le découvrir, lui et son histoire. Pourquoi étaient-ils là ? La grande brune en veste noire, jeans moulant et petits talons aurait tout aussi bien pu aller boire un café avec sa meilleure amie au troquet d'en face. Elle aurait pu lui raconter sa nuit torride passée avec un parfait inconnu croisé dans un couloir à son boulot. Elle aurait découvert trop tard qu'il était marié mais devait-elle le quitter pour autant, ce n'était pas sa faute finalement, et la nuit fut si intense ! André la voit regarder discrètement son portable : elle attend certainement la réponse de sa copine qui n'a pas pu se libérer pour le café-confession… à moins que ce ne soit une invitation à dîner de son amant ou autre proposition plus indécente… Toujours est-il qu'elle affiche un large sourire et ne semble en rien préoccupée du sort de ce type menotté.
[...] Son avocate l'avait fait exprès, elle voulait que cette réponse soit spontanée. Elle l'aida juste un peu : _ C'était un peu ton père avant ? _ Ben oui, avec maman ils étaient amoureux. On vivait tous les quatre, c'était super. Et puis même avec Kévin c'était bien. André il nous amenait à l'école, et puis au parc Avec Laura on était triste quand maman et lui se sont séparés Et maman aussi était triste, mais elle disait que c'était mieux comme çà. [...]
[...] Le tribunal ne l'a finalement condamné qu'à six ans de prison ferme, on prend moins lorsque le crime est passionnel. Il en avait déjà fait deux en préventive, il s'en sortait bien, il avait eu de la chance. Enfin, il le voit au loin. C'est sa grand-mère Thérèse qui le dépose à l'entrée du bâtiment. André ne l'a jamais revue. Elle ne peut toujours pas le supporter. Quant à Audrey et Laura, elles ne sont pas obligées de venir. C'est à elles de décider. Elles n'osent pas encore, elles ont peur. [...]
[...] Il n'y avait plus de papa. Ce dernier s'était rapidement sauvé après la naissance de leur deuxième enfant, se sentant soudainement pris au piège de responsabilités trop importantes. Claire assumait parfaitement son rôle. Elle se sentait à la rigueur plus libre, elle n'avait de comptes à rendre à personne et occupait fièrement seule le lit conjugal, beaucoup plus confortable depuis qu'il était parti. Thérèse, la mère de Claire, avait tant bien que mal accepté le fait que sa fille ait rayé toute présence masculine de sa vie. [...]
[...] Il comptait beaucoup sur ses proches, lesquels étaient de moins en moins nombreux. Las de son instabilité et de sa frivolité ses parents avaient déménagé à l'autre bout du pays dès leur retraite. À trente cinq ans, il comptait toujours sur les billets que lui envoyait sa pauvre mère tous les mois, en cachette. André disposait d'un emploi certes, mais il avait surtout pour patron un ami peu regardant, qui lui autorisait les retards et les absences que tout autre chef lui aurait condamnés. [...]
[...] _ Je vous l'accorde. Mais dans ce cas précis, la balle est restée dans son crâne, ce qui a freiné les saignements. Il a donc pu s'écouler plusieurs minutes avant que le cœur ne cesse de battre. _ Docteur, voyons, reprit le membre de la police scientifique, la balle s'est logée dans le noyau para ventriculaire, éclatant l'hypothalamus. Dès lors, la mort encéphalique est inévitable, et l'arrêt cardiaque suit instantanément. Ne chipotons pas sur quelques minutes. La victime a perdu toutes ses facultés vitales sous le choc. [...]
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