« C'est un des privilèges prodigieux de l'Art que l'horrible, artistement exprimé, devienne beauté (...) ». En quoi ce propos peut-il représenter les enjeux poétiques de Baudelaire ?

Thèmes abordés

Littérature, Théophile Gautier, Baudelaire, Les Fleurs du Mal, L'Art romantique, Une Charogne, Correspondances, art, horrible, laideur, beauté, XIXe siècle, poésie, outrage aux bonnes moeurs, enjeux politiques, monarchie, Second Empire, vice de l'Homme, poète, lecteur, sentiment de pitié, code de l'écriture, Révolution française, classicisme, émancipation artistique, modernisation poétique

Résumé du document

Au XIXe siècle, la poésie baudelairienne fait surface avec une écriture moderne, de nouvelles thématiques sont abordées, ce qui déplait à plus d'un homme. À cette même époque, Napoléon III est empereur du Second Empire, qui instaure une censure extrême de la liberté d'expression. Ainsi, plusieurs écrivains seront poursuivis dont Baudelaire en 1857 à cause de son ouvrage Les Fleurs du Mal jugé pour "outrage aux bonnes moeurs". De ce fait, en 1861, il publie une nouvelle version amputée de six textes.

Extraits

[...] Nous sommes au paroxysme de la provocation avec des termes crus comme "un ulcère à l'anus" dans le dernier vers. Ce langage choque et interpelle le lecteur, on cherche à comprendre pourquoi le poète fait tout ceci. Plus on étudie le texte et plus on comprend qu'il ne fait pas seulement la description d'une femme laide et vieille, il parle aussi de la poésie avec "feuille" et "et le tout". Avec un langage plus "basique", le poème n'aurait sûrement pas eu le même impact. [...]

[...] Il vient dès lors de se demander en quoi ce propos peut-il représenter les enjeux poétiques de Baudelaire ? Afin de répondre à cette question nous verrons que le poète doit se plonger dans la boue et alors elle pourra devenir beauté mais ceci est possible seulement si le poète modifie son rapport à l'écriture. Pour trouver son inspiration, Baudelaire utilise ce qu'il l'entoure comme le vice des hommes. Effectivement le poète selon Saint John Perse est "celui qui rompt pour nous l'accoutumance", ainsi il est différent de nous, humains, qui sommes enfermés dans une existence misérable. [...]

[...] Cependant ce don permet de lier la boue et l'or. Plus précisément, le poète modifie nos valeurs traditionnelles avec cet alliage. Autrement dit, la boue n'existe pas sans l'or et inversement. Comme le disait Baudelaire "Le beau est toujours bizarre", l'or ne peut briller que si la boue existe. Ils fonctionnent comme un couple qu'on ne peut pas finalement dissocier. Le poète s'amuse comme un alchimiste à tester ce mélange. Comme le prouve le poème de Baudelaire "Une Charogne" qui est l'un de ses poèmes le plus provocateur avec des rimes comme "âme/infâme" ou encore "passion/infection". [...]

[...] En effet, en tant que lecteur les poètes comme Baudelaire apprécient de nous faire prendre conscience que notre façon de regarder ce qui nous entoure crée un monde en noir et blanc, soit tout est beau soit c'est l'inverse, alors que souvent cette façon de regarder nous empêche de faire attention aux petits détails. Le poète est là pour nous faire redécouvrir le monde qu'on juge parfois trop vite. On peut penser au poème "J'aime l'araignée et j'aime l'ortie" de Victor Hugo. Il utilise l'image de laideur qu'ont ces deux espèces afin d'en faire sortir de la pitié pour interpeller le lecteur. A cause de notre regard, l'araignée et l'ortie sont rabaissées. Ainsi grâce aux mots de Victor Hugo nous voyons que le poète a un don pour transfigurer la boue en or. [...]

[...] « C'est un des privilèges prodigieux de l'Art que l'horrible, artistement exprimé, devienne beauté ( . ) ». En quoi ce propos peut-il représenter les enjeux poétiques de Baudelaire ? Sujet : Dans L'Art romantique de Théophile Gautier, Baudelaire écrit : « C'est un des privilèges prodigieux de l'Art que l'horrible, artistement exprimé, devienne beauté ( . ) ». Ce propos rend-il compte de votre lecture des Fleurs du Mal ? Au XIX siècle, la poésie baudelairienne fait surface avec une écriture moderne, de nouvelles thématiques sont abordées, ce qui déplait à plus d'un homme. [...]