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Madame de Lafayette publie son oeuvre La Princesse de Clèves en 1678, l'histoire se déroulant à la cour des Valois, sous le règne d'Henri II, de 1547 à 1559. Elle en fait le lieu d'un amour impossible entre la Princesse de Clèves, déjà mariée et le duc de Nemours, considéré comme l'une des personnalités les plus admirables, réputé pour sa galanterie à la cour. Dans le Quatrième livre, le duc de Nemours parvient à obtenir un rendez-vous chez le vidame de Chartres dans l'espoir de s'entretenir avec la Princesse s'y trouvant.
[...] Nous pouvons dire que Mme de Clèves semble se fabriquer une fatalité qu'elle se doit d'accepter. Elle considère que c'est le destin qui l'attache à cet homme, le duc de Nemours ; et si ce n'est pas possible de rester avec lui, c'est qu'elle pense qu'il y a des obstacles envoyés par le destin, qui fait tout pour les perdre. Les regrets de la Princesse, quant à la date de leur rencontre postérieure à son mariage comme nous l'avons vu, renvoient à cette image du destin qui est très présente. [...]
[...] de Nemours auprès des femmes tout en se recentrant progressivement sur sa propre expérience jusqu'à imaginer ce que cela induirait si elle restait auprès de lui : « la souffrance ». Madame de Lafayette s'est inspirée des moralistes de son époque dont La Bruyère et La Rochefoucauld pour l'écriture de son œuvre ; et on sait que tous deux ont une vision assez pessimiste de l'amour. En effet, l'amour ne dure pas, il se fane au fil des ans et il est le contraire même de l'amitié qui perdure dans le temps : « Le temps qui fortifie les amitiés affaiblit l'amour ». [...]
[...] La revanche de Madame de Clèves sur Monsieur de Nemours Cette conversation intime marque en quelque sorte la revanche de Madame de Clèves sur Monsieur de Nemours ; puisque en effet, elle qui était si vulnérable, dans les conversations publiques face aux propos de du duc, semble à présent vaincre un homme qui laisse apparaître comme nous l'avons remarqué toute sa faiblesse cachée. Pourtant, cette victoire est ambiguë et assez faible, puisqu'elle ne permet pas d'échapper au malheur. Mme de Clèves ne peut concilier le devoir, la vertu et le bonheur, l'amour. Elle regrette de ne pas l'avoir connu avant son mariage avec le Prince de Clèves. [...]
[...] La récurrence du terme « devoir » et de celui de « bienséance » signifie qu'elle n'a pas le choix, elle doit rester fidèle à la mémoire de son époux « il est impossible ( ) de passer par-dessus des raisons si fortes ( . ) » et à la promesse faite à sa mère Mme de Chartres. La Princesse a ici tout d'une héroïne tragique qui obéit à des forces supérieures qui la dépassent et qu'elle ne maîtrise pas. Pourtant, le duc lui indique que ce ne sont que des obstacles imaginaires auxquels elle est confrontée : « Il n'y a point d'obstacles, Madames, reprit M. [...]
[...] Ce sera aussi la seule fois où ils vont engager une véritable conversation, sans aucune retenue puisque la mort de M. de Clèves le leur permet. Cette conversation, que l'on peut qualifier de l'intime, leur donne l'occasion de commenter et de développer leurs actions, d'en donner le sens et les motivations. La parole joue à la fois un rôle libérateur, solennel voir même tragique : Ils parlent ici de ce qu'ils ressentent et on retrouve la récurrence du vocabulaire de l'amour qui domine dans tout le texte : « amoureux », « aimer », « adore » ; ces mots sont prononcés aussi bien de la part du duc que de la Princesse et montrent que l'amour est réciproque, intense, et qu'il n'est pas ici caché. [...]
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