Le Prince, chapitre XVIII, Nicolas Machiavel, 1532, Platon, Gorgias, traité politique de Machiavel, importance d'un prince, Alexandre VI, Achille, Ferdinand le Catholique, efficacité d'un État
Dès le Vème siècle av. J.-C. durant l'Antiquité grecque, au temps de Platon, de Thucydide puis d'Aristote et d'Isocrate, on s'interrogeait déjà sur les relations entre le pouvoir et la morale en politique. C'est en affirmant que la plupart des hommes au pouvoir deviennent méchants (Platon, Gorgias), que l'on remarque l'importance, dans la tradition antique, du lien indissociable, chez les gouvernants, entre la politique et l'éthique, c'est-à-dire la morale.
[...] Ainsi, seul le mariage de ces deux natures peut rendre les actions du prince efficaces et les couronner de succès. Nous venons d'aborder un des points du machiavélisme qui divergent de la philosophie politique antique d'Aristote, Platon ou Isocrate selon laquelle il faut agir en politique avec droiture et justice, c'est-à-dire à travers la morale. Selon Machiavel et comme Thucydide le pensait avant lui, agir seulement avec cette morale serait considérer que nous vivons dans un monde idéal et parfait or il n'en est rien, il faut donc regarder la vérité en face et voir le monde tel qu'il est réellement pour agir en conséquence. [...]
[...] C'est donc avec la parution de son traité politique que Machiavel apparaît en marge non seulement du genre du miroir des princes, mais aussi de la philosophie classique antique du fait d'encourager l'usage de vices tels que la tromperie et la manipulation en politique. Ce souci d'éducation des princes doués de virtu, seule capable de faire face au « fleuve impétueux » qu'est la fortune, s'effectue dans un objectif d'efficacité et de maintien de l'État et plus largement dans un souhait de grandeur et de gloire de l'Italie. [...]
[...] Ainsi, on note ici, une réelle volonté de Machiavel d'éduquer les princes dans leur mission d'un gouvernement efficace de l'État. Cette volonté d'éducation reflète une fois de plus l'influence du genre du miroir des princes et celle de l'humanisme sur Machiavel ainsi de faire du prince l'instrument de la gloire future de l'Italie. B. Machiavel affirme que leur utilisation ne peut être que simultanée pour un gouvernement efficace de l'État sous peine de voir l'inutilité de ces outils dans un monde réel Cependant, ces instruments que sont les lois et la force sont certes essentiels, mais ils apparaissent totalement inutiles selon Machiavel si l'on n'use pas des deux simultanément, seul le mariage de ces deux outils peut être efficace ; ils sont donc complémentaires et interdépendants l'un de l'autre. [...]
[...] En effet, Machiavel évoque à la fois les « lois » et la « force » c'est-à-dire respectivement l'instrument de « l'homme » et de la « bête » que le prince doit utiliser pour se faire entendre et pour s'imposer. C'est pourquoi le prince doit savoir agir différemment en fonction de la situation, « et en bête et en homme » (l.8). Toutefois, cette nature bestiale doit elle-même être scindée en 2 sous- natures, celle du « renard » et du « lion » (l.15), respectivement les traductions symboliques de ces animaux à savoir la ruse et la force. [...]
[...] Par conséquent, cette énumération de qualités du Prince faisant référence aux vertus morales des gouvernants présentes dans des œuvres du genre du miroir, permet à Machiavel de distinguer les hommes du Prince par la « virtu » de ce dernier, c'est-à-dire une autre qualité renvoyant à la force, le brillant, la virtuosité, l'art de paraître et de l'adaptation. C'est donc cette virtu qui est essentielle à un Prince, car elle permet à la fois de posséder tous les atouts en main pour réussir ses entreprises politiques, mais aussi pour avoir la capacité d'affronter, dans un monde réel et imparfait, « le vent et les accidents de la fortune » (l.50). [...]
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