Ainsi, le XIXème siècle transforme le roman mais aussi le rapport du romancier avec son oeuvre et ses personnages : en effet, nous l'avons dit, l'angle de vue change : on peut désormais voir dans le héros toute une société ou bien encore, voir la société à travers plusieurs personnages, notamment avec le roman unanimiste (...)
[...] Ainsi, Madame Bovary incarne l'échec de l'illusion romanesque et la dimension ironique du roman, permet à Flaubert de donner discrètement son opinion sur le thème de la femme adultère, de l'ennui, et encore une fois ici, d'un mal du siècle évident. Mais si le style et l'emploi de certaines tournures constituent une marque de fabrique de l'auteur, sa vie personnelle et intime entre aussi en ligne de compte dans son projet romanesque. La vie personnelle du romancier est le foyer de son inspiration. [...]
[...] L'absence du narrateur sert le processus d'identification au personnage du lecteur et apparaît donc comme nécessaire et comme un devoir du romancier. Le processus d'identification du lecteur est enclenché dès la présentation des personnages, c'est-à-dire dès la présentation d'une entité humaine semblable à la sienne, et donc vraisemblable. Il s'agit donc de laisser au lecteur la possibilité de se figurer, de se mouvoir dans le personnage qu'il suit. Nous connaissons la solution du roman unanimiste mais au-delà de celui-ci, tout semble être souvent, question de focalisation. [...]
[...] La présence du romancier dans le roman, toujours identifiable, grâce à son style et à ses choix d'écriture. Les personnages reparaissant La technique d'écriture, certaines tournures employées ou ce que Jules Romains nomme les artifices de composition dans la préface des Hommes de bonne volonté, sont autant de caractéristiques qui signent l'œuvre malgré l'auteur et qui dessinent au fil du roman l'empreinte du romancier. La reprise de certains personnages, par exemple, est représentative d'une certaine écriture : dans la préface du Père Goriot, Félicien Marceau nous prévient : Avec Balzac, on s'y retrouve toujours dans le roman en effet, nous retrouvons quelques uns des personnages principaux de la Comédie Humaine, notamment le personnage d'Eugène Rastignac que l'on retrouve dans Splendeurs et misères des courtisanes ou de Delphine de Nucingen que l'on retrouve dans la Peau de chagrin. [...]
[...] Pour répondre à cette question, nous démontrerons la nécessité de l'absence de l'auteur au sein de son œuvre, pour la liberté de ses personnages et pour son lecteur, puis nous admettrons ensuite les limites de cette disparition de l'auteur, qui même lorsqu'elle est voulue semble toujours impossible, enfin nous tenterons de dépasser cette dissociation entre l'auteur et son œuvre. Le romancier a le pouvoir de gommer les traces de sa subjectivité au sein de son roman, mais il en a aussi le devoir. Notamment dans le contexte du XIXème siècle, pour être en adéquation avec le monde qui l'entoure et l'esthétique réaliste. Au XIXème siècle, la littérature connaît une véritable rupture avec l'idéologie classique, puisque le héros du roman n'est plus centré sur lui-même, mais se tourne vers l'extérieur. [...]
[...] Le style de l'écrivain et son choix des mots est la première caractéristique permettant de déceler sa subjectivité dans l'œuvre : le cas de Flaubert, dans Madame Bovary Le style d'écriture est propre à chaque romancier et le rend identifiable entre tous, c'est ainsi que l'on peut attribuer à Balzac la particularité d'être l'écrivain du portrait, de la description ou à Flaubert le Bovarysme. En effet, l'écriture de celui-ci est particulière : d'après Zola, Flaubert est absent de ses romans et ne se fait jamais juge de ses personnages. Or, dans Madame Bovary, à plusieurs reprises, le style de Flaubert dévoile sa présence : en effet, l'ironie dont Flaubert use, englobe tout le roman, elle est exprimée par les personnages, notamment dans le passage où Mr Homais s'emporte contre Justin, à la page 321 : Allons, va ! [...]
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