Ponge décrit la poésie comme "le regard-de-telle-sorte-qu'on-le-parle", il insinue que le regard se "calquerait" sur la parole et verrait donc dans la parole et la réalité, deux éléments qui cohabiteraient ensemble; l'une serait nécessaire à l'autre. Mais comment atteindre cette "colisition", ce "choc" entre regard et langage? Fourcault définit cet enjeu de la poésie dans ... et affirme "les poètes en vérité en viennent toujours à se poser la question cruciale du rapport entre les mots et les choses, à peu près dans les termes suivants: comment cet être parlant qu'est l'homme peut-il retrouver un contact immédiat avec le monde, quand ce qui le définit en propre, le langage, s'interpose comme un écran tragique". Ainsi le poète s'interroge sur ce rapport entre les mots et les choses, c'est à dire comment retranscrire des "choses" qui en réalité sont muettes. Les choses sont des objets qui ont une existence concrete et comment trouver dans les mots, ce lien qui pourrait les rendre aussi vivants qu'ils le sont en réalité. Comment l'homme, parlant, c'est à dire qui utilise le langage quotidien, cette "fonction d'expression de la pensée et de communication entre les humains mis en oeuvre par la parole ou par l'écriture" selon la définition du petit Robert, comment l'homme peut'il retrouver ce contact immédiat avec le monde? Le poète est en fait "un créateur de langage". Or Fourcault qualifie que cette matière du langage se présenterait comme un écran tragique, c'est à dire que peut être il ne serait pas apte à retranscrire cette réalité, ainsi si le langage n'est pas apte a retranscrire le monde. Fourcault pose donc le problème même de l'essence du langage poétique. Fourcault voit donc dans la poésie une remise en qs du langage, le langage est-il un obstacle à la conquête de la réalité? Nous pouvons donc nous demander comment le poète utilise-il le langage pour atteindre la réalité? Pour répondre à cette question, nous verrons dans une première partie que le poète cherche avant tout la transparence et à être le plus près possible du monde et sa vision même du langage, il est avant tout en quête d'émotion à retranscrire; dans une seconde partie, nous étudierons les différents outils linguistiques qui lui permettent d'établir ce lien entre les mots et la réalité et finalement nous nous demanderons si le langage poétique n'est-il pas plus proche d'un autre monde que celui que nous connaissons puisqu'il bannit le langage quotidien.
[...] Le poète est donc l'homme qui pourrait pénétrer dans l'émotion. la recherche du moment d'émotion . Cette recherche du monde, du contact va dès lors passer par son intériorité et par la quête de l'émotion. Lorsqu'il décrira un paysage splendide, un moment particulier, il va se rappeler cet instant présent, cette émotion. Ponge lorsqu'il parle du paysage algérien dans Cahier de l'Herne P529, il affirme que "rien n'égale en beauté les couleurs du Sahel , et celle de la mer. [...]
[...] Yves Bonnefoy illustre également cette pensée dans Entretiens sur la poésie: "la parole est en cela une perte, un exil". Le langage nous éloigne de la véritable perception du réel d'où l'emploi du terme "écran tragique" par Fourcault, cet écran qui empêche véritable d'accéder à cette réalité. La langue nous présente tout ce qui est raisonné, rationnel. Elle nous met à distance du monde, nous éloigne de cette "magie" du monde d'où la quête du poète pour retrouver cette réalité. [...]
[...] C'est pourquoi la notion d'écran du langage pour Fourcault montre bien le langage comme une perte de la beauté du monde. Pour transformer ces mots de tous les jours en mots qui marquent son lecteur, il use de nombreux outils qui sont les images, la musique et ne reste pas sur une simple signification, il va rendre le sens du mot plus profond. Finalement nous avons vu que cependant tout cela ces images, ces mots trop profonds peuvent voiler la réalité, et parfois même créent une certaine distance avec cette réalité et nous approchent beaucoup plus d'un autre monde, le "vrai monde", celui dont le poète rêve, un monde imaginaire. [...]
[...] Nous pouvons donc assimiler ce concept au langage. Lorsque je parle, mon interlocuteur ne retient pas mes paroles mais les idées et reconstruit ma pensée. Le langage apparaît donc plus comme un moyen de se faire comprendre et assez banal puisqu'on ne retient pas les mots. Yves Bonnefoy, dans L'enjeu occidental de la poésie constate bien ce problème entre les Idées et les mots et établit alors une différence entre le "concept" et le "concret" c'est-à-dire que lorsque nous pensons à une fleur, l'idée que nous en avons reste toujours la même mais en réalité la fleur est tout autre puisqu'elle va s'épanouir pour finalement se faner. [...]
[...] Les mots nous aident à reconnaitre des objets, des choses que nous connaissons. C'est donc dans cet objectif que Bonnefoy travaille Les Planches Courbes, l'écriture poétique est cette recherche de la transparence, du vrai lieu où le réel est perception immédiate, il souligne cette quête dans l'Enjeu Occidental de la poésie: "J'estime qu'on peut définir la poésie de la façon la plus spécifique et fondamentale comme un ressouvenir dans le discours, de la présence même que ce discours abolit". Tout comme Philippe Jaccottet qui dans La Promenade Sous les Arbres (1925) dans un dialogue entre et "l'autre" évoque cette quête de la transparence, de la parole qui saura retrouver ce moment perdu: Dire comme je l'ai fait, à la légère, que ces arbres étaient nus, nous égare déjà vers des souvenirs ou des rêves ( . [...]
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