La Recherche est une œuvre qui brasse un certain nombre de personnages, appartenant au milieu mondain c'est-à-dire à la bourgeoisie ou à la noblesse. Ils sont porteurs d'une dynamique romanesque et incarnent, par la volonté du narrateur, des données métaphysiques. Ils permettent également à celui-ci de dégager de grandes lois de l'univers. Les personnages sont soumis à de nombreuses métamorphoses au cours de l'œuvre : ils sont des victimes de ce que Proust nomme la « lanterne magique ». Les personnages sont des « carrefours » vers lesquels convergent des chemins venus de lieux parfois diamétralement opposés, et c'est l'ensemble des « transversales » dont il est le foyer, qui donne à l'être romanesque sa densité. Proust a beaucoup joué de ces différentes potentialités inscrites dans un personnage, se révélant et se développant au gré des occasions.
Dans La Recherche, la première apparition des personnages est souvent décevante voire incompréhensible pour le lecteur. Des rencontres ultérieures doivent la compléter, la renouveler et de ce fait mettre en quelque sorte, le roman à jour. En effet une première rencontre ne permet pas au lecteur de cerner véritablement un comportement, ou les traits principaux qui spécifient le personnage. C'est la répétition manifeste des traits singuliers qui permet de les reconnaître, au sens étymologique. Cependant lors d'une rencontre fortuite, ou lorsque la surprise est forte, la révélation de l'identité du personnage est de ce fait différée. Dans un premier temps, le personnage est inconnu pour le lecteur. Par ailleurs, lorsque le narrateur approche d'une vérité profonde, l'identité du héros n'est révélée qu'à la fin. Ainsi le narrateur en vient à dire : « une seconde je me demandais qui me disait bonjour : c'était M. de Charlus » (Le Temps Retrouvé).
[...] Enfin Jacques Dubois explique les personnages de roman sont non seulement des éléments narratifs mais aussi, en termes plus sociologiques, des héritiers qui, par leurs moindres faits, gestes et paroles, actualisent ce qu'ils ont reçu de leurs ancêtres et des groupes qu'ils ont fréquentés. On peut donc dire que les personnages sont des individus protéiformes, qui se métamorphosent au gré du temps et des événements sociaux. Ils possèdent plusieurs visages et oscillent entre une existence romanesque et une incarnation de type métaphysique. Proust nous offre également un accès subjectif aux essences, il nous montre que l'on ne peut jamais connaître autrui. L'interrogation sur l'essence des personnages reste vaine. [...]
[...] Poétique du personnage proustien La Recherche est une œuvre qui brasse un certain nombre de personnages, appartenant au milieu mondain c'est-à-dire à la bourgeoisie ou à la noblesse. Ils sont porteurs d'une dynamique romanesque et incarnent, par la volonté du narrateur, des données métaphysiques. Ils permettent également à celui-ci de dégager de grandes lois de l'univers. Les personnages sont soumis à de nombreuses métamorphoses au cours de l'œuvre: ils sont des victimes de ce que Proust nomme la lanterne magique Les personnages sont des carrefours vers lesquels convergent des chemins venus de lieux parfois diamétralement opposés, et c'est l'ensemble des transversales dont il est le foyer, qui donne à l'être romanesque sa densité. [...]
[...] Au-delà du mouvement des apparences, Proust vise l'intériorité des personnages. Ainsi, le personnage d'Argencourt rend compte de ces évolutions Argencourt était là comme la révélation du Temps, qu'il rendait partiellement visible. [ . ] Tous ces traits nouveaux du visage impliquaient d'autres traits de caractère.» (Le Temps Retrouvé). Ce sont les effets du temps qui transforment Charlus en une sorte de vieux roi Lear déchu ou Mme Verdurin en vulgaire Princesse de Guermantes. Mais le temps n'est pas le seul, ni le principal artisan des métamorphoses proustiennes ; il ne fait souvent que révéler après coup des mutations brusques dont il n'est pas responsable. [...]
[...] de Charlus (Le Temps Retrouvé) Le personnage proustien, un personnage romanesque? À première vue, les personnages de La Recherche ne sont pas différents des personnages de romans classiques. En effet, tout concourt à en faire des personnages traditionnels, du fait de leur apparence physique, de leurs conditions sociales, de leurs caractéristiques psychologiques . Ils semblent se détacher de la banalité du réel, pour assumer une existence romanesque: une sorte d'hyper-existence Somme toute, c'est le regard de l'observateur qui doit préciser l'image des personnages, même s'ils sont flous. [...]
[...] Ainsi tout doit rompre avec les traditionnels portraits balzaciens. Le lecteur doit alors se tourner vers une autre issue à savoir l'observation du comportement opposé au portrait, par définition statique. Le sens des actions est analysé, le lecteur suit le personnage dans la piste des actes qui le définissent ainsi que son image. II. Des personnages protéiformes L'influence du milieu Proust montre que le milieu, comme en témoigne le salon Verdurin, contribue à façonner les personnalités et tend à les uniformiser, les signes particuliers de chacun n'ayant plus d'importance. [...]
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