Paul Eluard, "Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré"

Résumé du document

Si les auteurs de l'Antiquité conféraient à l'inspiration un pouvoir divin ou surnaturel par lequel le poète avait la révélation de ce qu'il devait dire ou faire, l'inspiration peut aussi se définir comme une impulsion créatrice qui serait par nature fugitive, dénuée de toute suggestion extérieure ou, au contraire, empreinte de toutes les influences externes. Pour le poète surréaliste Paul Eluard "le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré". La citation aborde ainsi la problématique, au-delà des relations intertextuelles, de la création poétique et de son lien inhérent à la réception. De quelles manières le poète, qui est par définition dans une quête créatrice, est-il celui qui avant tout parvient à susciter l'inspiration ? Nous étudierons dans un premier temps en quoi le poète est un être inspiré, puis en second lieu nous verrons de quelle façon le poète est essentiellement un être qui inspire (...)

Extraits

[...] par les lieux Ex 1 : Le poème Le Lac de Lamartine a été inspiré par la contemplation du lac de Bourget en Savoie (Méditations poétiques, 1820) Ex 2 : Le Pont Mirabeau à Paris a inspiré le poème du même nom au poète Guillaume Apollinaire (Alcools, 1913) Ex 3 : Inspiré par sa contemplation des ruines de Rome lors de son voyage en Italie, Joachim Du Bellay a écrit Les Antiquités de Rome (1558) D . par des sentiments forts Ex 1 : l'écriture du recueil poétique Les Yeux d'Elsa (1942) est inspirée par l'amour passionné que le poète Louis Aragon portait à sa femme Elsa Triolet. Ex 2 : Les poèmes Parfum exotique et La chevelure (Les Fleurs du mal) sont des poèmes inspirés de la relation amoureuse que Baudelaire entretenait avec sa maîtresse Jeanne Duval. [...]

[...] Poète, prends ton luth ; c'est moi ton immortelle, [ ] Viens, chantons devant Dieu ; chantons dans tes pensées, Dans tes plaisirs perdus, dans tes peines passées ; (Les Nuits, 1835- 1837) B . par le patrimoine artistique et culturel mondial Ex 1 : Ronsard et l'imitation des Anciens Les Odes que Ronsard (16ème s.) a composées sont inspirées des Odes du poète grec Pindare (5ème s. après J.-C) Ex 2 : Charles Baudelaire et Aloysius Bertrand, le précurseur du poème en prose C'est après avoir lu Gaspard de la nuit (1842) d'Aloysius Bertrand, considéré comme le premier recueil de poèmes en proses, que Baudelaire s'essaya à la poésie en prose. [...]

[...] DISSERTATION Sujet : Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré. Paul Eluard, Ralentir Travaux (1930) Introduction Si les auteurs de l'Antiquité conféraient à l'inspiration un pouvoir divin ou surnaturel par lequel le poète avait la révélation de ce qu'il devait dire ou faire, l'inspiration peut aussi se définir comme une impulsion créatrice qui serait par nature fugitive, dénuée de toute suggestion extérieure ou, au contraire, empreinte de les toutes influences externes. Pour le poète surréaliste Paul Eluard le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré La citation aborde ainsi la problématique, au-delà des relations intertextuelles, de la création poétique et de son lien inhérent à la réception. [...]

[...] (présence de la modalité injonctive qui est un appel à la révolte) J'arrive. Levez-vous, vertu, courage, foi ! Penseurs, esprits ! montez sur la tour, sentinelles ! Paupières, ouvrez-vous ! allumez-vous, prunelles ! Terre, émeus le sillon ; vie, éveille le bruit ; Debout, vous qui dormez [ ] Stella Les Châtiments 1853) Ex 2 : le titre injonctif du poème Debout maintenant mon pays et moi du poète martiniquais Aimé Césaire (Cahier d'un retour au pays natal, 1939) qui est un véritable appel à l'hégémonie raciale et la reconnaissance de l'identité noire. [...]

[...] Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ; Ex 3 : Le poète est celui qui inspire aussi parfois le rire. On peut ainsi citer le poème Le Virgile travesti de Paul Scarron (17ème qui parodie de manière burlesque l'Eneide de Virgile (illustre poète latin de l'Antiquité) Et, pour achever mon sermon, Je te tiens pire qu'un démon, Pire qu'un diable qui t'emporte, Toi, ton fils, toute ta cohorte, Et moi sotte carogne aussi De m'être embéguinée ainsi D'un mangeur de poule, un gendarme ! [...]