Poésies à la musique, Arthur Rimbaud 1872, caricature de la bourgeoisie, amours enfantines, alexandrins, rimes, Georges Izambart, monsieur Prudhomme, bourgeoisie carolomacérienne, petites gens, univers du poète
"À la Musique" appartient aux cahiers de Douai rédigés et mis au propre en 1870 lors d'un séjour chez Georges Izambart. Rimbaud a alors seize ans. Il s'agit d'un poème composé de neuf quatrains en alexandrins. Les rimes sont croisées sauf dans le premier quatrain dans lequel elles sont embrassées. Nous reviendrons, lors de l'explication, sur l'interprétation que l'on peut donner à cette irrégularité dans un poème de facture classique.
[...] Cette binarité est plutôt surprenante, le morceau joué étant une valse, « la Valse des fifres », dont le rythme, comme celui de toute valse se doit d'être ternaire. Le vers suivant, annoncé par deux points explicatifs, est effectivement construit sur un rythme ternaire qui s'enfle marquant ainsi la mauvaise qualité de l'interprétation, dont on apprend plus loin qu'elle est pleine de « couacs » (v. 9). La présence de ces deux points curieusement explicatifs peut aussi être interprétée ainsi : on peut voir dans la « parade » du « gandin » une sorte de valse du sous-fifre, le « gandin » étant un jeune homme très élégant, raffiné, mais assez ridicule, car imbu d'une importance qui ne repose que sur son apparence extérieure. [...]
[...] Cette strophe constitue une transition entre le monde ordonné et étouffant des adultes installés et celui, plus libre, caractérisé par le mouvement et la sensualité, du poète adolescent. Nous montrerons comment Rimbaud réinterprète et amplifie le topo de la caricature de la bourgeoisie et, parallèlement, se fait l'écho du « vert paradis des amours enfantines » célébré par Baudelaire, lieu d'innocence et d'évasion d'une société qui enferme ou marginalise (même si cette marginalité, bien que subie, est également choisie). I. Premier mouvement (strophes 1 à : une caricature de la bourgeoisie carolomacérienne. [...]
[...] Cependant, il s'agit du verbe « suivre » ; verbe de mouvement qui s'oppose à son tour à l'aspect statique de la bourgeoisie et qui répond à la vivacité de la jeunesse : « les alertes fillettes ». À nouveau, Rimbaud se joue de toutes les acceptions d'un terme : « alerte » est à prendre dans son sens concret : aspect dynamique du mouvement et dans son sens abstrait : vivacité d'esprit (« Elles le savent bien », « leurs yeux tout pleins de choses indiscrètes »). B. Strophe 8 La sensualité, amorcée dans les derniers mots de la strophe précédente, s'affirme dans ces deux derniers quatrains, par le mutisme du poète (« je ne dis pas un mot ») qui parle avec ses yeux : parallélisme des 2 hémistiches du vers 29, l'un dominé par la négation, et l'autre par la permanence : « je regarde toujours », et décrit de manière morcelée les parties visibles d'un corps féminin placé sous le signe de la légèreté et de la délicatesse : « frêles », « brodés de mèches folles ». [...]
[...] Ce poème, construit sur l'évocation de deux univers qui coexistent sans jamais se rencontrer, célèbre la jeunesse et son innocence, caractérisées par le mouvement, la légèreté, et le langage du corps et contraste avec la pesanteur, le conformisme, la vacuité du langage et des actions du monde adulte et bourgeois. La satire de la bourgeoisie et la célébration de la jeunesse s'alimentent l'une l'autre par effet de contraste. C'est jeu de miroirs déformants qui fait toute l'originalité de ce poème virtuose, à la double tonalité. [...]
[...] Cette synecdoque renvoie- t-elle à des dames de compagnie, habituellement reléguées à l'office, d'où l'adjectif « officieux » ; à de jeunes filles : filles miraculeuses de ces couples monstrueux ? ; ou aux « alertes fillettes » de la strophe qui virevoltent ? D. Strophe 4 La couleur verte, évoquée par les « pelouses » du vers s'intensifie et s'affirme, dominant le poème, au fur et à mesure qu'on s'éloigne du centre de la place. Cette couleur, celle des « bancs », des « gazons » (v. 21) et des « marronniers » (v. évoque ce qui n'est pas mûr, la sève du printemps, et par extension la jeunesse. [...]
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