"L'écrivain est toujours de son temps" affirmait Jean-Paul Sartre dans "Situations". Pour lui, la littérature se devait d'être engagement et d'assumer une fonction critique et politique. Ainsi, on peut se demander si la poésie qui ne se prend pas au sérieux est encore de la poésie. La poésie ludique est-elle donc légitime ? Ou serait-elle mineure par rapport aux genres majeurs de la poésie lyrique, cosmique ou engagée ? Pour être reconnue, la poésie peut-elle n'avoir pour vocation que de divertir ou doit-elle ambitionner d'être plus sérieuse ?
[...] Elle désacralise l'image du poète] Enfin, un poète qui ne se prend pas au sérieux, nuit, pour certains, à l'image de l'artiste. En effet, on peut considérer, à la suite des auteurs renaissants ou romantiques, que le poète est un mage, un guide qui se doit d'éclairer la société et les consciences. Ainsi, Vigny dans Le Christ aux oliviers» dessine l'image d'un poète mage qui se sacrifie pour dévoiler à la société ses travers et ses vérités. Au contraire, un poète qui dit écrire des histoires simple[s] et qui dit merde» à la postérité démystifie l'image de l'artiste. [...]
[...] La poésie qui ne se prend pas au sérieux est-elle encore de la poésie ? [Introduction] L'écrivain est toujours de son temps» affirmait Jean-Paul Sartre dans Situations. Pour lui, la littérature se devait d'être engagement et d'assumer une fonction critique et politique. Néanmoins, beaucoup d'artistes, et notamment des poètes, envisagent leur travail comme un jeu. Le sérieux du propos leur importe moins que le jeu sur les mots et les sonorités. Ainsi, on peut se demander si la poésie qui ne se prend pas au sérieux est encore de la poésie. [...]
[...] Descendu de sa tour d'ivoire, le poète apparaît tout simplement humain. [Conclusion partielle] Gravité et légèreté ne sont pas contradictoires mais peuvent cohabiter au sein d'un même texte poétique. Le jeu peut servir le sérieux peut-être mieux que l'emphase ou la solennité. [Conclusion] La poésie n'a pas vocation à être hiérarchisée: pourquoi exclure du champ poétique une poésie légère, badine, qui ne se prend pas au sérieux ? La poésie n'a pas une seule fonction: polyvalente, elle peut et doit servir différentes causes. [...]
[...] La subtilité satirique] L'attaque frontale n'est pas toujours la plus efficace. Ainsi, la poésie engagée peut manquer son objectif. Il ne s'agit pas en effet de heurter les préjugés du lecteur, ni de s'attirer la foudre des autorités, toujours prêtes à bâillonner les voix trop agressives . Il faut aussi savoir faire preuve de subtilité et parfois préférer le détour. La Fontaine est un parfait exemple de cette subtilité satirique. Certes, il use du genre de la fable et paraît mettre en vers des badineries en faisant discourir des animaux, mais il n'en est rien. [...]
[...] Un jeu sonore] Les poètes qui ne se prennent pas au sérieux ne sont pas pour autant des artistes mineurs, qui n'auraient pas le droit de cité' en poésie. En effet, la poésie peut trouver sa raison d'être dans une beauté formelle et d'abord musicale. Les mots priment alors sur le sens dans la mesure où ils sont choisis pour leurs sonorités, leur pouvoir suggestif plus que pour leur signification. Ainsi, Mallarmé, dans son fameux sonnet en -yx privilégie cette fonction esthétique et gratuite des mots au détriment du sens. [...]
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