La poésie malgré tout, Jean-Michel Maulpoix, poésie comme accès illimité à l'irréel, genre poétique, analyse de citation, revendication du beau, expression de l'abstrait, imaginaire du poète, thème de l'ivresse, rythme poétique, stylistique, poésie engagée, poésie en prose, calligramme
Le genre poétique et sa fonction ont entraîné de multiples définitions appuyées par des thèses de théoriciens de la littérature ou d'écrivains. Un des questionnements problématiques sur sa fonction porte sur la notion de réel : la poésie sert-elle à exprimer une réalité ou n'est-elle pas l'expression de l'imaginaire, de l'irréel ? Jean-Michel Maulpoix prend parti à la fin du XXe siècle en affirmant dans son oeuvre d'apologie de la poésie "La poésie malgré tout" (1995) que "la poésie commence à cette révolte contre ce qui est, à cette préférence déclarée pour l'irréel contre le réel. Bref, à ce procès intenté par le désir à l'ordre même des choses et à l'ajustement des mots qui les disent telles qu'elles sont". Enfin, il ajoute que "le poète a sur le papier tous les pouvoirs". Nous pouvons donc constater à travers cette citation que Maulpoix considère la poésie comme l'accès illimité à l'irréel. Le document suivant analysera et commentera donc cette citation.
[...] Tous ces mouvements et ces poèmes rompent avec l'accoutumance : les poètes veulent surprendre le lecteur, comme Paul Eluard qui affirme que « La Terre est ronde comme une orange », jouant ainsi sur la forme ronde de l'orange pour créer une expression qui, au premier abord, semble dénuée de sens, mais qui montre la grande liberté du poète à s'approprier la réalité pour en faire quelque chose de poétique, qui échappe au rationnel. Le rythme poétique et les sonorités constituent la priorité des poètes, et cela est vrai depuis l'Antiquité, puisque Sapho, poétesse du VIIe siècle avant Jésus Christ, a écrit son poème « Ode à Aphrodite » en mettant en avant le rythme musical de son poème, et non pas le sens qu'il fallait interpréter en second lieu. Cet exemple justifie l'expression d'Henri Michaux : « Savoir ; autre savoir ici. Pas savoir pour renseignements/Savoir pour devenir musicienne de la vérité ». [...]
[...] Ainsi, le poète s'évade à partir d'un élément propre à la femme, si beau aux yeux du poète qu'il en fait quelque chose de poétique. Enfin, nous pouvons citer Ronsard, poète de la Pléiade au XVIe siècle, qui multiplia les œuvres poétiques destinées à la femme aimée : en effet il compose le recueil Odes à Cassandre, puis Les amours de Maris, et plusieurs autres encore. Le thème de l'amour peut être montré par exemple à travers sa célèbre expression « Qui voudrait votre nom retourner/il trouverait aimer/( ) Aimez-moi donc Marie ». [...]
[...] La poésie pour mettre en mots les sensations et sentiments les plus difficiles à exprimer Le genre poétique n'est donc défini que partiellement à travers la citation de Maulpoix, et nous savons maintenant que la poésie peut porter à la fois sur le réel et sur l'irréel, selon la nature de la poésie. Il convient donc de trouver une autre définition de la poésie ; or il se trouve que Maulpoix ne traite pas ici de la poésie comme expression des thèmes existentiels de la vie de l'homme. [...]
[...] L'écriture poétique a donc tendance à reprendre en imitant les thèmes et formes poétiques déjà composées jusqu'alors pour exprimer leurs propres pensées. Certes le poète a « tous les pouvoirs » quand il écrit, mais il ne faut pas oublier que l'écriture poétique est un travail laborieux. Le Parnasse, mouvement poétique du XIXe siècle, le confirme avec la devise « Sculpte, cisèle » : selon eux, l'écriture poétique est une transformation alchimique du langage courant en langage soutenu, qui fait du poème un joyau, une matière précieuse. [...]
[...] Le mot poésie vient d'ailleurs à l'origine du terme grec « poïen » qui signifie créer, produire. La poésie peut donc être conçue comme un travail à part entière, dont le poète est tout-puissant à la condition qu'il puisse maîtriser les conventions poétiques. Nous pouvons prendre comme exemple Rimbaud avec son poème « Le bal des pendus », qui imite volontairement le poème de Villon, « La ballade des pendus ». Ici, Arthur Rimbaud change la tonalité du poème de Villon : il n'y a pas de registre pathétique, et il a instauré un certain humour noir à travers ce poème, tout en respectant celui de Villon, par qui il a appris la poésie et s'est prêté au jeu en l'imitant. [...]
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