« Opération capable de changer le monde, l'activité poétique est révolutionnaire par nature » nous dit Octavio Paz dans L'arc et la Lyre. La poésie semble en effet bouleverser l'ordre naturel des choses ; révolutionnaire, elle tente de créer ses propres liens, et Octavio Paz d'ajouter : « Notre poésie est conscience de la séparation et tentative de réunie ce qui est séparé. Dans le poème, l'être et le désir d'être pour un instant font trêve, comme le fruit et les lèvres. Poésie, réconciliation momentanée : hier, aujourd'hui, demain ; ici et là ; toi, moi, lui, nous, tous ensemble. Tout est présent, sera présence. » La poésie tient ainsi en elle la volonté de relier ce qui est divisé à travers le temps et l'espace. Elle tente de concilier l'être, la substance, la matière pure et le désir d'être, le sentiment, l'abstraction. En associant le fruit et les lèvres, la poésie nourrit l'homme. Paz insiste sur le caractère momentané de la réconciliation : « trêve » dans un ordre naturel divisé. La suite des virgules et le rythme cadencé ponctué par le mot « ensemble » souligne cette unité, ce Tout que forme la poésie. En passant du masculin au féminin « Tout est présent, sera présence », Paz accentue le passage de l'idée d'unité temporelle, éternité de la poésie à l'idée de matière, présence, nourriture concrète et singulière comme le fruit.
[...] Lier (anagramme de lire), le temps ponctuel et aussi ce à quoi parvient d'Aubigné dans les Tragiques. Comme le dit Octavio Paz, la poésie est tentative de réconciliation momentanée, de création d'une unité, d'une matière harmonieuse. Cependant n'oublions pas qu'elle s'inspire et est marquée par l'abyme, pas la séparation, l'absence et la souffrance. La poésie parvient à pousser le langage dans ses limites, en associant les contraires. [...]
[...] Le poète est cet intermédiaire entre Dieu et les hommes, qui erre entre ces deux mondes, d'où son incompréhension. Il est ce vaste oiseau des mers que ces ailes de géants empêchent de marcher III- La poésie lie les contraires Plus qu'une simple tentative de réunir ce qui est séparé, la poésie est donc l'accomplissement d'une conciliation, d'une fusion des contraires, à l'image des vers de Char liant poésie et résistance, mutisme et révolte comme George de la Tour lie ombre et lumière.La poésie réconcilie en effet la matière et le verbe, les mots et les choses pour reprendre le titre de l'ouvrage de Foucault. [...]
[...] Claudel souligne ainsi cette unité, de même que le poème chantre d'Apollinaire, forme absolue de l'unité puisqu'il ne s'agit que d'un seul vers : et l'unique cordeau des trompettes marines Baudelaire donne un bel exemple de circularité du poème avec Harmonie du soir, poème dans lequel chaque strophe répète deux vers de la strophe précédente. Dès lors, il nait de cette unité de la construction une harmonie générale, une musicalité propre à la poésie. La musique est ce lien dans l'harmonie. Virgile déjà disait vouloir chanter dans les premiers vers de l'Enéide : arma virumque cano Trojae qui primus ab oris et Verlaine réclame de la musique avant toute chose L'harmonie musicale du poème la tradition de transmission orale des écrits au moyen-âge. [...]
[...] Elle peut être le règne de la violence, de la souffrance, de la lutte. En effet pour Paz, elle est violence faite au langage son premier ace est de déraciner les mots La poésie se démarque du monde prosaïque par la violence faite au Verbe. Ainsi, Prévert illustre cette idée avec Mea Culpa : C'est ma faute, c'est ma faute, c'est ma très grande faute d'orthographe, voilà comment j'écris, girafe ou encore Queneau : ça a toujours kekchose d'extrême un poème La poésie est bien le lieu de la lutte, de la révolution, elle n'a pas à répéter le monde, elle laisse ça à a prose. [...]
[...] Paz insiste sur le caractère momentané de la réconciliation : trêve dans un ordre naturel divisé. La suite des virgules et le rythme cadencé ponctué par le mot ensemble soulignent cette unité, ce Tout que forme la poésie. En passant du masculin au féminin Tout est présent, sera présence Paz accentue le passage de l'idée d'unité temporelle, éternité de la poésie à l'idée de matière, présence, nourriture concrète et singulière comme le fruit. Ainsi on peut s'interroger sur les limites de cette logique de conciliation au cœur de la création poétique. [...]
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