Depuis les origines de la poésie, avec Sapho, jusqu'à la poésie contemporaine de Francis Ponge, plusieurs conceptions se sont opposées à propos de la nature de la création poétique. Dans sa lettre à Georges Izambard, son professeur de français, datée du 13 mai 1871, Rimbaud présente sa conception de la création poétique : « Je veux être poète, et je travaille à me rendre voyant [...]. Il s'agit d'arriver à l'inconnu par le dérèglement de tous les sens. Les souffrances sont énormes, mais il faut être fort, être né poète, et je me suis reconnu poète. Ce n'est pas du tout ma faute. C'est faux de dire: je pense. On devrait dire: on me pense. »
Dans cette lettre, Rimbaud soutient donc qu'au moment de la création poétique, une force extérieure s'empare du poète, qui devient alors un prophète, un voyant. Nous nous demanderons donc si l'inspiration est bien ce qui pousse le poète à la création poétique.
[...] En effet, le fait d'être possédé par un dieu, de ne plus être soi- même est douloureux. Par exemple, le poète de La nuit de mai de Musset ne veut pas de l'inspiration de la Muse: il veut qu'elle le laisse à ses pensées car l'écriture poétique lui est trop douloureuse. D'autre part, si l'on considère la création poétique comme le résultat d'un travail, la souffrance est aussi présente: en effet, le poète n'est jamais entièrement satisfait de son oeuvre, il y revient toujours et la création poétique devient une véritable torture le mot travail vient d'ailleurs du mot latin tripalium qui désigne une torture. [...]
[...] La poésie, inspiration divine ou travail du poète ? Depuis les origines de la poésie, avec Sapho, jusqu'à la poésie contemporaine de Francis Ponge, plusieurs conceptions se sont opposées à propos de la nature de la création poétique. Dans sa lettre à Georges Izambard, son professeur de français, datée du 13 mai 1871, Rimbaud présente sa conception de la création poétique: Je veux être poète, et je travaille à me rendre voyant [ . Il s'agit d'arriver à l'inconnu par le dérèglement de tous les sens. [...]
[...] On voit donc que la souffrance est indissociable de la création poétique, puisqu'elle fournit au poète les sujets pour son oeuvre. La souffrance est aussi liée à la création poétique dans la mesure où le poète, qui est un être d'exception, est incompris par ses semblables. On pense à L'albatros de Baudelaire, dans Les Fleurs du mal: Le poète est semblable au prince des nuées, Qui hante la tempête et se rit de l'archer, Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l'empêchent de marcher. [...]
[...] En effet, le poète qui est inspiré par les dieux finit par atteindre une réalité cachée, inaccessible aux autres hommes, il devient un voyant comme le dit Rimbaud dans sa lettre, et il finit par arriver à l'inconnu L'inspiration divine pendant la création poétique a donc des avantages, puisque le poète a accès à des choses inimaginables, mais en même temps, il n'est plus vraiment lui-même quand il reçoit cette inspiration. Il devient un simple porte-parole des dieux, comme l'explique Rimbaud C'est faux de dire: Je pense. On devrait dire: On me pense. On voit que le je poétique n'est pas forcément le poète lui-même. [...]
[...] On peut donc supposer que la création poétique est faite à la fois d'inspiration venue de l'extérieur, et du travail du poète. Donc, la création poétique n'est pas seulement l'oeuvre d'une puissance extérieure qui parlerait à travers le poète. Le poète, par son travail, contribue aussi à la création de son oeuvre. Rimbaud l'avouait d'ailleurs lui-même: je travaille à me rendre voyant Que la poésie soit le résultat de l'inspiration divine ou du travail du poète, la création poétique est en tous cas associée étroitement avec l'idée de souffrance, comme le souligne Rimbaud dans sa lettre: Les souffrances sont énormes C'est pourquoi il semble intéressant de revenir à l'association entre souffrance et création poétique. [...]
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