Incontestablement, la poésie est un genre littéraire établissant une relation plus intime entre le lecteur et l'écrivain, quelque chose de profond, vraisemblablement dû à l'utilisation si particulière de la langue qui la compose. Elle comporte une multitude d'aspects et chaque lecteur a un rapport propre et singulier au texte poétique ; toutefois, il est intéressant de se pencher sur les attentes du lecteur.
Spontanément, les émotions, l'exaltation, la redécouverte de soi... viennent à l'esprit. Dans cette idée de la poésie comme un retour à soi, l'attente du lecteur se situe-t-elle dans l'expression des souvenirs personnels ? En d'autres termes, est-il envisageable que la poésie fasse une sorte d'éloge du passé dans laquelle le lecteur pourrait se retrouver ?
Dans un premier temps, on verra que la poésie, en tant que lieu d'expression privilégiée des sentiments, semble un espace approprié à l'évocation du passé et des souvenirs personnels, puis nous verrons, dans un second temps, que la poésie n'est pas seulement l'expression du lyrisme et que celui-ci peut céder la primauté à l'engagement ou à la révolte.
La poésie est, par excellence, le lieu d'expression des sentiments intimes. Cette manière si particulière qu'elle a d'utiliser le langage lui permet en effet une démarche plus abstraite et plus évocatrice.
Comme toute forme artistique, la poésie n'est pas l'expression d'un individu singulier exprimant sa propre vie. Le support poétique est avant tout une voie de dialogue et donc d'expression tant pour celui qui écrit que celui qui lit. Il importe donc de poser une limite au sujet lorsque celui-ci évoque « les souvenirs personnels », et exclure d'emblée une acceptation trop narcissique de l'adjectif « personnels » (...)
[...] Aussi, exprimer uniquement des souvenirs personnels paraît réducteur. Lorsque le poète traite des souvenirs personnels, le lecteur n'est jamais dans un récit ou des mémoires. En effet, il ne faut pas oublier la valeur singulière du langage en poésie, n'étant ni dans une démarche logique ni romanesque. Les mots évoquent plus qu'ils ne décrivent. Ainsi, le poète qui parle de sa maison peut éveiller chez le lecteur des souvenirs d'un parc ; s'il évoque un lit d'enfance, le lecteur peut penser au lit d'un être aimé. [...]
[...] En effet, il ne faut pas oublier que la poésie n'est pas toujours contemplative et purement lyrique. Ainsi, le poète, dans un contexte historique, politique ou social particulier, peut décider de mettre son art au service d'une cause, voire d'un idéal. On parle alors de poésie engagée. L'art est loin d'être uniforme. S'il est bien souvent un espace d'expression des sentiments, il est aussi admis qu'il a contribué à des formes de résistance, de témoignage pour des sujets plus éloignés de la mélancolie. [...]
[...] Le poète peut donc exprimer son propre engagement et sa révolte. Le lecteur, dans sa quête de réveil s'attend tout autant à cette poésie plus violente et revendicative. C'est notamment le cas du poème de Victor Hugo Melancholia, dans lequel il dénonce le travail des enfants et interpelle le lecteur grâce au registre pathétique, alternant des parties lyriques avec des expressions plus concrètes. Le poète utilise des images physiques et visuelles fortes Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ou encore Innocents dans un bagne, anges dans un enfer pour choquer le lecteur. [...]
[...] En réalité, le lecteur n'est pas à la recherche d'un thème poétique précis. Le sujet traité importe moins que la manière dont il est rédigé. Il est en effet utile de rappeler que la poésie est avant tout un support textuel et que les attentes du lecteur portent bien souvent sur la virtuosité linguistique du poète. La question de l'exclusivité ne saurait donc exister en poésie. Il est toujours question d'un dialogue unissant le poète et son lecteur, d'un juste équilibre, et d'un espace d'expression pour les deux entités. [...]
[...] Comme toute forme artistique, la poésie n'est pas l'expression d'un individu singulier exprimant sa propre vie. Le support poétique est avant tout une voie de dialogue et donc d'expression tant pour celui qui écrit que celui qui lit. Il importe donc de poser une limite au sujet lorsque celui-ci évoque les souvenirs personnels et exclure d'emblée une acceptation trop narcissique de l'adjectif personnels Ce retour aux souvenirs est une manière d'évoquer la mélancolie, voire le mal de vivre dans le temps présent, il s'agit en effet de suggérer et d'éveiller des sentiments. [...]
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