Le mot poésie vient du verbe grec poiein qui signifie "produire", "créer". Le poète se donne un pouvoir d'invention et de création verbale, comme l'a affirmé G. Apollinaire dans une lettre à Lou : « les poètes sont les créateurs », on peut alors considérer le poète comme un démiurge, c'est-à-dire un génie créateur de mondes abstraits. La poésie est ainsi un travail sur les mots, un art du langage qui en explore toutes les ressources, ce qui lui permet d'exprimer ou de suggérer bien des choses, en jouant sur les sonorités, le rythme et la musicalité.
Bien antérieure à toutes les formes littéraires communes, comme en témoignent nombre de textes sacrés tels que la Bible ou la Torah, la poésie a toujours été le genre privilégié en ce qui concerne l'expression des sentiments personnels, comme l'amour, la tristesse, les croyances religieuses… En effet la poésie permet d'extérioriser les émotions du poète, en préservant toute son authenticité et sa sensibilité, A. De Vigny dans sa citation « ce qui ne fait qu'effleurer les autres le blesse jusqu'au sang » a d'ailleurs souligné l'hyper sensibilité du poète et la douleur intérieure qu'elle implique. Mais la souffrance est-elle vraiment l'unique source d'inspiration de la poésie ?
[...] Cette poésie engagée prend son essor surtout au 19e siècle chez les Romantiques, après la révolution. Ainsi, Victor Hugo dénonce Napoléon III qu'il surnomme Napoléon le Petit dans son poème Fable ou Histoire issu de Châtiments (1852). Il utilise le procédé d'anthropomorphisme, pour représenter l'empereur des Français sous la forme d'un singe trompeur et sanguinaire, qui se prend pour ce qu'il n'est pas : un tigre. Victor Hugo dénonce en réalité de façon imagée, la pâle copie qu'est Napoléon III, neveu de Napoléon I. [...]
[...] La soif est synonyme de curiosité et d'enthousiasme. L'alcool fait aussi office de parallélisme entre la vie et la poésie qui pour Apollinaire se confond en une même intensité, les deux sont complémentaires et indissociables .Alcools exprime une connotation positive, une exaltation de l'ivresse poétique et amoureuse, l'idée d'un excitant, de la recherche d'un paroxysme . le motif de la souffrance est alors pas clairement annoncé dans le titre de son œuvre. En outre, certains poèmes lyriques imprégnés de souffrance amoureuse témoignent aussi d'une volonté de se relever, de vaincre ce mal-être qui empoisonne. [...]
[...] On ne peut alors négliger la souffrance comme étant une source d'inspiration des poètes, pour Musset l'écriture poétique proviendrait même uniquement de cette souffrance : Les plus désespérés sont les chants les plus beaux Chaque auteur révèle une partie de lui-même dans son œuvre, mais la poésie ne se caractérise pas uniquement par sa mélancolie et son désarroi, on y trouve aussi parfois l'exaltation de la nature ou de la beauté, ou des thèmes plus triviaux comme la routine, la détente, la ville. L'inspiration du poète vient du monde qui l'entoure d'où la grande variété de sujets. La poésie peut alors se mettre au service de grandes causes comme en témoigne l'engagement politique de certains auteurs. La poésie perce les apparences afin de démystifier le monde qui nous entoure, même si parfois la réalité fait mal . [...]
[...] La poésie permet donc ainsi au poète d'exprimer ses sentiments, que ce soit dans l'amour, le spleen ou la quête de soi-même Cependant, les thèmes de la souffrance poétique ne sont pas toujours l'amour perdu, la mélancolie ou la recherche de son identité. La douleur provient parfois d'une certaine période de la vie du poète durant laquelle il a traversé une épreuve, expérience qui le marquera inéluctablement. Apollinaire fut emprisonné à la Santé du 7 au 11 septembre 1911, accusé d'avoir volé la Joconde au Louvre. [...]
[...] Nous nous intéresserons dans un premier temps aux différentes formes de souffrance que révèle la poésie, pour ensuite aborder d'autres éléments moteurs poussant aussi le poète à écrire. La poésie permet une mise en avant de l'affliction de son auteur. A l'origine, la poésie était chantée accompagnée d'une lyre, ce qui a donné naissance à la notion de poésie lyrique. L'élargissement de la poésie lyrique dans la littérature coïncide avec la prise de conscience de la valeur de l'individu au 16e siècle. [...]
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