La planétarium, Nathalie Sarraute, Le Ravissement de Lol V. Stein, Marguerite Duras, nouveau roman, littérature, roman, recherche esthétique, roman classique, Philippe Raimond, Virginia Woolf, André Breton, Manifeste du Surréalisme, Freud
Dans le Manifeste du surréalisme (1924), André Breton écrit : « Paul Valéry, à propos des romans, m'assurait qu'en ce qui le concerne, il se refuserait toujours à écrire : « La marquise sortit à cinq heures ». En 1956, Nathalie Sarraute publie L'Ère du soupçon, premier texte théorique de ce qui allait devenir le « Nouveau Roman ». Les « nouveaux romanciers », publiés aux Editions de Minuit, regroupent, avec Nathalie Sarraute, Alain Robbe-Grillet, Claude Simon, Claude Mauriac, Michel Butor, Marguerite Duras. Reprenant après-guerre le propos de Valéry, Robbe-Grillet estime que les romans « n'ont pour but ni de créer des personnages, ni de raconter des histoires ». C'est qu'entre-temps sont apparus des romanciers comme Virginia Woolf, Franz Kafka, James Joyce, qui ont mis à mal les principes fondamentaux du roman balzacien : intrigue, personnages typés, importance du contexte social. Les découvertes de Freud sur l'inconscient ont également joué un grand rôle, et ce, depuis l'époque surréaliste. Pour Michel Raimond, « le roman est impossible chez N. Sarraute comme chez M. Duras ». « La saisie de l'existence empêche d'écrire un roman. On ne peut, à la fois, dire ce qui est et raconter une histoire. »
[...] Nathalie Sarraute, admiratrice de Virginia Woolf, s'attache à décrire le « flux de conscience ». Ses personnages, les uns après les autres, décortiquent dans leurs monologues intérieurs le détail minutieux de leurs sentiments personnels et de la manière dont ils perçoivent les moindres signes, le plus souvent non verbaux, émanant de leur entourage. C'est là le contenu exclusif du Planetarium. Sarraute définit d'ailleurs clairement son projet littéraire: « On n'a pas encore découvert ce langage qui pourrait exprimer d'un seul coup ce qu'on perçoit en un clin d'oeil: tout un être et ses myriades de petits mouvements surgis dans quelques mots, un rire, un geste ». [...]
[...] Stein - Marguerite Duras (1964) - Pourquoi ces deux œuvres représentent-elles le nouveau roman ? Dans le Manifeste du Surréalisme (1924), André Breton écrit: « Paul Valéry, à propos des romans, m'assurait qu'en ce qui le concerne, il se refuserait toujours à écrire : « La marquise sortit à cinq heures ». En 1956, Nathalie Sarraute publie L'Ere du soupçon, premier texte théorique de ce qui allait devenir le « Nouveau Roman ». Les « nouveaux romanciers », publiés aux Editions de Minuit, regroupent, avec Nathalie Sarraute, Alain Robbe-Grillet, Claude Simon, Claude Mauriac, Michel Butor, Marguerite Duras. [...]
[...] Enfin, nous nous demanderons si, à travers la modernité formelle, « histoire » est complètement évacuée dans ces deux livres. Des histoires impossibles à raconter Dès les premières lignes du Planétarium, le ton est donné. Pas de titre ou de numéro de chapitre, pas de personnages nommés mais un « elle » et des « ils », pas d'indications de lieux ou de temps. Le lecteur comprend peu à peu qu'il se trouve dans le salon indéterminé d'un personnage également indéterminé, une femme, qui poursuit un monologue intérieur au style indirect libre. [...]
[...] mais aussi de tendre (l'amour incompris des parents pour leurs enfants Gisèle et Alain). Chez Duras, la « saisie de l'existence » prend plusieurs formes. C'est d'abord l'évocation de l'existence vide, rigide, obsessionnelle de Lol depuis la catastrophe du bal. « Puis Lol cessa de se plaindre de quoi que ce soit. Elle cessa même petit à petit de parler. Sa colère vieillit, se découragea. Elle ne parla que pour dire qu'il lui était impossible d'exprimer combien c'était ennuyeux et long, long d'être Lol V. [...]
[...] » Elle vit son mariage avec Jean Bedfort comme quelque chose d'irréel, elle a des enfants, tient sa maison, s'échappe chaque après-midi dans des promenades au cours desquelles elle ne ressent pas grand-chose. Son existence est bien « saisie », mais en tant que vide. Jacques Hold a lui une position différente, qui consiste à se perdre dans une enquête de tous les jours sur cette non existence de Lol, cette existence qui s'est arrêtée le soir du bal. Dans l'univers conventionnel de S.Talha, tout dans la vie de tous les jours semblent superficiel et irréel. [...]
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