En 1782 paraissent Les Liaisons Dangereuses, recueil épistolaire dans lequel Laclos fustige les agissements d'une caste aristocratique sclérosée qui se délite : délite, car elle est encline au stupre et à la dissolution des mœurs, maculant le code de l'honneur qu'elle devrait prôner. Ainsi, si l'auteur met en scène les stratégies de perdition que fomente le couple libertin que composent la Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont, c'est pour récuser les blessures que le libertinage inflige. Frears, deux siècles plus tard, réinterprète le roman de Laclos à travers un film qui donne à voir la cruauté de deux libertins dont la mordacité cinglante constitue une arme délétère et pernicieuse. Dès lors, si les deux hommes insistent sur l'ironie des personnages, c'est parce qu'elle est une arme qui annihile et détruit, parce qu'elle est blessure et oppression. Qu'elle soit joute verbale ou attaque, l'ironie est l'apanage du libertin qui la manie avec maestria.
[...] La cocasserie dont fait preuve la Marquise résulte du fait qu'il s'agit d'apprendre à Cécile, en l'éduquant sur le plan du corps, à devenir une machine à plaisirs pour contenter les désirs charnels de son futur époux. Par conséquent, l'on comprend que c'est précisément cette langue du décalage qui fonde le libertinage de l'esprit, ce que signale d'ailleurs la Marquise à Cécile en voulant éduquer la plume de la néophyte : elle lui reproche en effet d'écrire tout ce qu'elle pense et rien de ce qu'elle ne pense pas (lettre 105). L'ironie est donc mensonge et mascarade sociale. [...]
[...] On l'a vu, l'ironie est ce qui fait et défait la relation qui unit les deux libertins : arme, elle est ce qui détruit ; joute verbale, elle est ce qui amuse et instaure une connivence. Plus encore, l'ironie est au cœur du roman et du film. L'étude de l'ironie dans le roman révèle en premier lieu la place privilégiée que Laclos accorde au lecteur. En effet, l'économie même du roman, parce qu'il est épistolaire, offre au lecteur les clés pour dénouer les nœuds cryptiques de l'ironie qui émaille les lettres, car il est le seul à prendre connaissance de toutes les missives. [...]
[...] Quelle est la place de l'ironie dans Les Liaisons dangereuses de Laclos et dans son adaptation par Stephen Frears ? En 1782 paraissent Les Liaisons Dangereuses, recueil épistolaire dans lequel Laclos fustige les agissements d'une caste aristocratique sclérosée qui se délite : délite, car elle est encline au stupre et à la dissolution des mœurs, maculant le code de l'honneur qu'elle devrait prôner. Ainsi, si l'auteur met en scène les stratégies de perdition que fomente le couple libertin que composent la Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont, c'est pour récuser les blessures que le libertinage inflige. [...]
[...] Enfin, l'ironie est au cœur du dénouement et particulièrement notable dans l'interprétation des deux œuvres. En effet, si l'on en reste à la morale affichée par Mme de Rosemonde et la mère de Cécile, Si on était éclairé sur son véritable bonheur, on ne le chercherait jamais hors des bornes prescrites par les lois et la religion il nous faudrait alors renoncer à cette connivence instaurée entre les libertins et le lecteur, connivence pourtant constitutive du roman, comme du film. [...]
[...] Enfin, il faut également noter que cette ironie qui jusque-là entretenait une connivence remarquable entre les deux libertins finit par néantiser leur relation et, surtout, s'exercer contre eux. Avant même que le duo glisse vers le duel, les deux libertins sont à la fois destinateurs, destinataires, coupables et victimes de l'ironie qu'ils emploient comme arme de guerre. Ainsi, alors que Mme de Merteuil se livre à la lettre 10 à une parodie ironique du roman courtois afin de se moquer allègrement de l'amour qui pantèle Valmont, elle finit par satiriser avec pugnacité cet amour contraire au libertinage. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture