"Il faut que l'homme soit fort, audacieux, entreprenant ; que la femme soit faible,
timide, dissimulée. Telle est la loi de la nature." C'est ainsi que Pierre-Jean-Georges Cabanis, philosophe et anthropologue du XVIIIe siècle, donne sa vision de la nature féminine. Cette vision négative de la femme existait déjà dès l'Antiquité, et fut combattue par une querelle qui opposait écrivains et femmes de lettres pendant la période du Moyen-âge, au début du XVe siècle.
A cette époque, le Royaume de France traverse plusieurs épreuves venant défier sa souveraineté : il souffre après les défaites de Crécy (1346) et de Poitiers (1356), aboutissant au traité de Brétigny (1360). Confronté dès sa jeunesse à ces hostilités, le souverain Charles V est un prince maladif et frêle qui ne s'illustrera pas sur les champs de bataille mais en politique et en diplomatie. La France est à cette époque très religieuse et les gens d'Eglise sont parfois doctrinaires et sectaires, et certains rapports de force entre les hommes et les femmes s'installent. Cependant, un seul sexe est pourvu de parole : celui des hommes, des clercs, la voix du pouvoir. A ce privilège injuste et invalide de l'autorité et de la parole se joint le monde du silence, mais fortement présent pour les tensions qu'il créé, celui de la femme.
Le parti pris contre les femmes, point brûlant et crucial du débat public, impose celle-ci comme une perverse, fille d'Eve à jamais fautive.
Face à ces déclarations contre la Femme, Christine de Pizan s'engage alors fortement dans l'apologie du sexe féminin, et son souci majeur est le "progrès de l'humanité" auquel contribuent les femmes et leur dignité.
Née à Venise en 1364, Christine de Pizan suit son père et vient vivre en France à l'âge de quatre ans. Tommaso di Benvenuto da Pizzano, conférencier à l'université de Bologne, est un éminent et renommé astrologue et c'est la raison pour laquelle Charles V tient à l'attacher à son service, à cette époque où le royaume de France, plaque tournante de l'astrologie européenne, est de plus en plus confronté à l'usage essentiellement politique de la science des astres.
Christine est donc élevée à la cour de France, grandit au milieu des courtisans et reçoit une éducation faisant d'elle une demoiselle de qualité. On lui enseigne les rudiments de la grammaire, de la littérature, de l'arithmétique, de la théologie (...)
[...] À cette époque, le Royaume de France traverse plusieurs épreuves venant défier sa souveraineté : il souffre après les défaites de Crécy (1346) et de Poitiers (1356), aboutissant au traité de Brétigny (1360). Confronté dès sa jeunesse à ces hostilités, le souverain Charles V est un prince maladif et frêle qui ne s'illustrera pas sur les champs de bataille mais en politique et en diplomatie. La France est à cette époque très religieuse et les gens d'Église sont parfois doctrinaires et sectaires, et certains rapports de force entre les hommes et les femmes s'installent. Cependant, un seul sexe est pourvu de parole : celui des hommes, des clercs, la voix du pouvoir. [...]
[...] Elle entra alors dans ce que l'on pourrait appeler le cloître de l'écriture, d'où sortit une œuvre abondante et variée, en vers et en prose, touchant à tous les sujets : philosophie, morale, éducation, sciences, arts, administration, gouvernement, etc. Grande connaisseuse de Dante, de Pétrarque, de Boèce, de Boccace, Christine n'écrira qu'en français, sans jamais oublier ni sa double nationalité ni sa condition féminine. Ce sont les premières années du XVe siècle qui verront s'épanouir son talent littéraire, nourri le plus souvent d'allégories, de métaphores et de recours à l'Antiquité gréco- romaine, anticipant ainsi la Renaissance. Sa production est considérable. [...]
[...] La cité vertueuse de Christine de Pizan s'achève et ferme donc ses portes avec en son sein des vertus personnifiées par des femmes exemplaires gouvernées par la Vierge Marie. Le fait que la Reine de la Cité soit la Vierge montre l'excellence de la dignité de la femme. À cette époque, la Vierge est la preuve personnifiée de la pureté et de la dignité féminine. Car Dieu a choisi une femme pour accueillir son fils sur Terre. Ainsi, l'exemple de la Vierge est un des piliers de l'argumentation de l'auteur. Lorsque la cité est achevée, Christine se voit remettre les clés. [...]
[...] Elle rappelle ainsi des prophéties de Nicostrate, de Cassandre, de la reine Basine et d´Antonie, femme de l'empereur Justinien. Le Moyen-âge s'est attaché à faire le procès de la femme, de sa légèreté d'une part, et de son manque d'intelligence d'autre part. La satire du mariage est aussi devenue un thème commun, car celui-ci est vu comme une horreur étant donné que les femmes sont autoritaires, infidèles et invivables. Le Roman de la Rose ainsi que la littérature comique s'attaquent à la morale conjugale car ils jugent les femmes futiles et ridicules. [...]
[...] Or, pour fonder son propos, qui ne peut qu'être contesté à l'époque car il est issu de la bouche d'une femme, Christine utilise l'allégorie qui est le meilleur moyen d'échapper à l'accusation de vanité et de gratuité que portent depuis toujours les théologiens contre la littérature profane. En effet, l'allégorie permet de mettre en valeur la vérité et de rendre justice à sa dignité. Les règles littéraires du songe et de l'allégorie étaient donc très à la mode à cette époque. [...]
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