« La création est subjuguée par la poésie » écrivait Paul Claudel à propos de Virgile. Cette réflexion introduit l'ambiguïté d'un éloge par la poésie de la création du monde, comme de la création artistique elle-même.
Dans l'Esthétique de Ronsard, André Gendre écrit: « La poésie ronsardienne célèbre le monde; célébrant le monde, elle se dit elle-même dans une série de figures de l'acte créateur qui sont autant de commentaires esthétiques. Mais l'œuvre appartient au monde comme l'une de ses parties; en se disant elle-même, elle célèbre encore et de nouveau le monde qui la voit naître ». Cette poésie ferait donc l'éloge de la beauté du monde, de sa variété et de sa diversité, tout en mettant en abîme sa propre entreprise esthétique: elle serait par là un acte d'écriture exhibé par un ensemble de figures, au sens chorégraphique du terme. Cependant, nous passons d'une dualité (la poésie extérieure au monde), à une unité, car l'œuvre fait partie du monde qu'elle célèbre (unité soulignée par l'utilisation du participe présent qui évoque la simultanéité). La dernière partie de la phrase réactive cette ambiguïté avec l'utilisation du verbe voir, impliquant une distance du monde par rapport à l'œuvre. Nous percevons dans cette réflexion un triple mouvement circulaire: « la poésie ronsardienne célèbre le monde », donc elle « se dit elle-même », et par ce biais elle « célèbre encore et de nouveau le monde » dans une continuité et fermeture du cycle, semblable au mouvement du poème.
Ainsi, il serait légitime de nous interroger: quels rapport particuliers Les Amours de 1853 entretiennent-ils avec le monde? Comment passe-t-on d'une célébration du monde à une célébration de la femme? Cependant, étant étroitement liée à l'amour du dire, le dire d'amour vaut-il pour lui-même? Or, Les Amours n'accoucherait-il pas d'un nouveau monde, selon le double principe « d'imitation et d‘invention »?
[...] La poésie ronsardienne est-elle autonome ou fait-elle partie intégrante du monde? Nous pouvons trouver différentes réponses à cette interrogation d'un sonnet à un autre, car la grande originalité de Ronsard réside dans la variation et le mouvement, ce qui n'empêche pas le recueil de montrer une certaine organisation. De plus, sa poésie n'est pas pure, comme la préconise Baudelaire lorsqu'il écrit que la poésie n'a qu'Elle- même pour objet dans ses Notes nouvelles sur Edgar Poe. Chez Ronsard, elle ne perd pas de sa valeur ni de sa force poétique en célébrant le monde et la beauté de la femme: c'est parce qu'elle célèbre le monde que la poésie ronsardienne se dit elle-même Cependant, nous pourrions affirmer que cette célébration du monde énoncée par Gendre n'est pas spécifique aux Amours de 1553, et qu'elle correspondrait de manière plus évidente aux Hymnes de 1564, poèmes d'inspiration entièrement mythique et cosmique. [...]
[...] Mais la source d'inspiration pétrarquiste et néo platonicienne est discrètement remise en question par Ronsard dès le premier vers avec l'oxymore chaste feu liant la qualité pétrarquiste par excellence de la dame pure qui se refuse, à l'image du feu dévorant de la passion amoureuse. De plus, après avoir décrit les qualités morales de Cassandre, Ronsard redescend immédiatement à ses atouts physiques Un col de neige, une gorge de lait au vers et son portrait se clôt dans le deuxième quatrain sur un élément sensuel, voire érotique dans un sein verdelet l'adjectif soulignant la fermeté de la jeunesse). [...]
[...] Nous percevons dans cette réflexion un triple mouvement circulaire: la poésie ronsardienne célèbre le monde donc elle se dit elle-même et par ce biais elle célèbre encore et de nouveau le monde dans une continuité et fermeture du cycle, semblable au mouvement du poème. Ainsi, il serait légitime de nous interroger: quels rapport particuliers Les Amours de 1853 entretiennent-ils avec le monde? Comment passe-t-on d'une célébration du monde à une célébration de la femme? Cependant, étant étroitement liée à l'amour du dire, le dire d'amour vaut-il pour lui-même? [...]
[...] Pierre de Ronsard Les amours de Cassandre La création est subjuguée par la poésie écrivait Paul Claudel à propos de Virgile. Cette réflexion introduit l'ambiguïté d'un éloge par la poésie de la création du monde, comme de la création artistique elle-même. Dans l'Esthétique de Ronsard, André Gendre écrit: La poésie ronsardienne célèbre le monde; célébrant le monde, elle se dit elle-même dans une série de figures de l'acte créateur qui sont autant de commentaires esthétiques. Mais l'œuvre appartient au monde comme l'une de ses parties; en se disant elle-même, elle célèbre encore et de nouveau le monde qui la voit naître Cette poésie ferait donc l'éloge de la beauté du monde, de sa variété et de sa diversité, tout en mettant en abîme sa propre entreprise esthétique: elle serait par là un acte d'écriture exhibé par un ensemble de figures, au sens chorégraphique du terme. [...]
[...] Cassandre est ainsi un substitut des héros épiques, grande figure de l'Iliade et de l'Énéide et Ronsard affirme même dans le sonnet 84 qu'Homère l'aurait chanté de préférence aux héros de Troie s'il avait pu la connaître: Si l'écrivain de la mutine armée / Eut veu tes yeus, qui serf me tiennent pris, / Les fais de Mars il n'eût jamais empris, / Et le Duc Grec fût mort sans renommée. Ronsard s'incère dans le mythe et le sens même de ces histoires peut se modifier au contact de l'aventure amoureuse personnelle, par exemple dans le sonnet 20. De plus, la forme circulaire du poème s'applique parfaitement au mythe, qui est cycle infini et éternel retour aux origines de l'humanité. [...]
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