De "Un matin, je fus arraché..." à "...de chants grégoriens."
Pierre Michon est un auteur contemporain né en 1945 de parents instituteurs et qui a fait des études de littérature et de théâtre, ce qui l'a amené à l'écriture. Vies minuscules est son premier roman véritablement connu. Il y décrit la mort de personnes plus ou moins proches à travers diverses histoires qui donnent au roman un aspect composite caractéristique du principe des Vies, né dans l'Antiquité et particulièrement bien représenté par Plutarque. Cependant, à l'inverse de cet auteur latin, Pierre Michon n'étudie pas la vie d'hommes illustres mais des vies « minuscules ». Dans l'extrait étudié, il nous présente les derniers instants du Père Foucault, un voisin de chambre illettré qu'il a eu lors d'un séjour à l'hôpital. Que faut-il donc comprendre de ce portrait d'homme apparemment « minuscule » et sans intérêt?
Le texte est tout d'abord un portrait du Père Foucault, présenté également face à la délégation qui tente de le convaincre, mais aussi dans sa relation avec le narrateur.
[...] Toute biographie de personnes que nous avons nous-mêmes côtoyées ou inventées ne paraît donc pas pouvoir être objective puisque la perception développée est la nôtre On peut donc s'interroger sur la différence entre une biographie d'une personne avec qui l'on a eu des relations de quelque nature que ce soit et des mémoires, qui sont la relation qu'une personne fait des événements auxquels elle a participé ou dont elle a été témoin. Dans les deux cas, il s'agit en effet d'un récit subjectif d'un événement. Mais l'œuvre de Pierre Michon remet également en cause la frontière entre biographie et autobiographie, puisqu'il s'implique lui-même dans la biographie du père Foucault et rappelle ainsi les limites parfois floues entre les différents types de récits de vie dont peu se ressemblent réellement. [...]
[...] Ces idées sont moins présentes dans la suite du texte, regroupant en majorité des descriptions ayant trait au père Foucault. Toutefois, quelques termes concentrés empêchent l'aspect négatif de se dissoudre: de très graves accusations pèsent en effet sur la délégation comparée à des représentations du diable par la métaphore filée assimilant le père Foucault à saint Antoine, et donc les médecins à des images malines. La violence de l'arrivée de ces tentateurs est elle aussi reprise et amplifiée par le terme de condottiere décrivant ainsi le médecin chef comme un chef de guerre de l'armée italienne. [...]
[...] Vies minuscules est son premier roman véritablement connu. Il y décrit la mort de personnes plus ou moins proches à travers diverses histoires qui donnent au roman un aspect composite caractéristique du principe des Vies, né dans l'Antiquité et particulièrement bien représenté par Plutarque. Cependant, à l'inverse de cet auteur latin, Pierre Michon n'étudie pas la vie d'hommes illustres mais des vies minuscules Dans l'extrait étudié, il nous présente les derniers instants du Père Foucault, un voisin de chambre illettré qu'il a eu lors d'un séjour à l'hôpital. [...]
[...] Peu avant, avidité et violence étaient liées dans la métaphore de l'inquisition, avec la mention d'une question extraordinaire référence à la torture infligée aux condamnés. La description détaillée des médecins donne elle aussi une idée négative, avec un rythme ternaire lancinant, les trois groupes étant chacun défini par trois termes chacun. Cette accentuation est d'ailleurs reprise par la gradation présente dans le dernier groupe, allant une poignée d'internes au ban et l'arrière-ban ce qui donne un aspect impressionnant à cette délégation. [...]
[...] Plus qu'aux arguments de raison, j'aimerais croire que c'est à cette sympathie que le Père Foucault se sentit un devoir de répondre, car il répondit; et, pour courte qu'elle fût, sa réponse fut plus éclairante et définitive qu'un long discours; il leva les yeux sur son tourmenteur, sembla osciller sous le poids de son étonnement toujours recommencé et augmenté du faix de ce qu'il allait dire, et, avec le même mouvement de toutes les épaules qu'il avait peut-être pour se décharger d'un sac de farine, il dit d'un ton navré mais d'une voix si étrangement claire que toute la salle l'entendit: Je suis illettré Je me laissai aller sur mon oreiller; une joie et une peine capiteuses me transportèrent; un sentiment infiniment fraternel m'envahit: dans cet univers de savants et de discoureurs, quelqu'un, comme moi peut- être, pensait quant à lui ne rien savoir, et voulait en mourir. La salle d'hôpital résonna de chants grégoriens. [...]
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