La philosophie au siècle des Lumières

Résumé du document

Une des cibles principales des philosophes des Lumières concerne l'usage fait par le roi de son pouvoir absolu. Les philosophes dénoncent à maintes reprises l'arbitraire des monarques qui pervertit notamment le fonctionnement de la justice. L'Ingénu de Voltaire apparaît ainsi comme un condensé des critiques de la monarchie absolue. Le héros est en effet emprisonné sans jugement et pour une durée indéterminée à la Bastille. Mais, au-delà de ces charges contre certains abus circonscrits de l'absolutisme, les philosophes repensent les fondements de l'autorité. Diderot, dans son article Autorité politique, prône la mise en place d'une autorité résultant d'un contrat entre un peuple et un gouvernement. Pour Diderot, « aucun homme n'a reçu de la nature le droit de commander aux autres ». L'article dénonce l'illégitimité de l'autorité royale.

L'autorité religieuse est au coeur des combats des philosophes. Voltaire s'est lancé dans une vaste campagne contre toutes les formes de mal religieux, qu'il dénomme l'Infâme. L'autorité religieuse comme source de violence irrationnelle, de fanatisme et d'intolérance est une cible constante de ses écrits polémiques. (...)

Extraits

[...] La portée révolutionnaire des Lumières est donc limitée. Les Lumières constituent une révolution intellectuelle avant d'être une révolution politique. Pour les Lumières, la philosophie représente un art de se dépendre des traditions toutes faites et des autorités. Le texte de Kant Qu'est-ce que les Lumières incarnent alors l'accès de l'homme à la majorité. La philosophie permet donc de prendre une distance critique par rapport aux autorités, elle est bien un art de vivre et de penser loin de toute autorité dogmatique. [...]

[...] Une des cibles principales des philosophes des Lumières concerne l'usage fait par le roi de son pouvoir absolu. Les philosophes dénoncent à maintes reprises l'arbitraire des monarques qui pervertit notamment le fonctionnement de la justice. L'Ingénu de Voltaire apparaît ainsi comme un condensé des critiques de la monarchie absolue. Le héros est en effet emprisonné sans jugement et pour une durée indéterminée à la Bastille. Mais, au-delà de ces charges contre certains abus circonscrits de l'absolutisme, les philosophes repensent les fondements de l'autorité. [...]

[...] Le philosophe de Lumières est donc loin d'être un démocrate. L'idéal d'une monarchie éclairé par la raison s'est finalement avéré être une échec, les monarques éclairés se révélant tout aussi absolutistes que les autres. La critique dirigée contre les monarques reste prudente. Dans l'Ingénu, la dénonciation porte surtout sur l'entourage du pouvoir royal, sur le rôle des puissants. Seule l'organisation de la cour est visée, à la manière des moralistes du XVIIe. Le procédé du dépaysement sert aussi à atténuer la critique. [...]

[...] Les philosophes revendiquent le droit pour la Raison de tout examiner quel que soit le domaine. Le domaine politique est également touché. Montesquieu se livre ainsi, dans L'esprit des lois, à un examen raisonné de tous les systèmes politiques. Les choix d'écriture-mêmes des philosophes comportent un art de mettre à distance les traditions et autorités les mieux établies. L'ironie peut avoir cette fonction décapante. L'incipit de Candide montre ainsi le caractère illusoire de la grandeur des puissants. Une autre caractéristique de l'écriture philosophique est l'utilisation du regard étranger, qui sert de porte-parole à la critique des Lumières. [...]

[...] Le prestige des philosophes s'est construit à travers leur existence semée d'embûches. L'opposition au pouvoir et les persécutions scandent leur parcours d'écrivain. Le joug de l'autorité se traduit alors par les contraintes matérielles de la censure, dont est victime l'entreprise emblématique des Lumières, l'Encyclopédie.Les philosophes combattent ainsi pour le droit d'expression et la publicité de leurs idées. Les philosophes des Lumières se sont donc faits les champions du respect de la personne humaine contre l'oppression de l'autorité. Il n'empêche que leur combat ne remet pas en cause foncièrement l'existence de celle-ci. [...]