Phèdre, acte II, scène 5, Jean Racine, 1677, dramaturgie, mythologie grecque, tragédie classique, mort de Thésée, Hippolyte, passion, amour incestueux, registre pathétique, culpabilité, interjection, fatalité
L'histoire de Phèdre a inspiré de nombreux dramaturges, tels qu'Euripide ou Sénèque. Jean Racine s'est donc inspiré de cette figure de la mythologie grecque afin de créer une tragédie classique en cinq actes. Nous sommes à la scène 5 de l'acte II, soit le deuxième aveu de l'héroïne. La mort de Thésée, le mari de Phèdre et le père d'Hippolyte, a été annoncée au début de l'acte.
[...] La litote « Tu ne me haïssais plus, je ne t'aimais pas moins » (v.109) donne à voir la force de son amour. Mais cet amour est source de souffrance, comme nous l'avons vu précédemment par l'utilisation du champ lexical de la souffrance. Phèdre décrit son amour comme une « fureur », qui brûle à l'intérieur d'elle « Ont allumé le feu fatal à tout mon sang » (v.101). De plus, l'allitération en « f » que l'on retrouve tout au long de la tirade renvoie aux flammes qui s'embrasent. [...]
[...] De ce fait, on trouve de nombreuses modalités exclamatives, mais également des interrogatives qui correspondent principalement à des questions rhétoriques comme nous l'avons vu. B. La fatalité : un destin funeste Phèdre est aux prises avec la fatalité, elle ne peut échapper à l'issue tragique de son destin « Quand vous me haïriez, je ne m'en plaindrais pas » (v.16), car bien qu'elle ait tout tenté pour cacher ses sentiments, comme elle le rappelle « C'est peu de t'avoir fui, cruel, je t'ai chassé » (v.105), sa passion reste vivante. [...]
[...] Une passion dévorante A. L'aveu explicite : l'emploi du registre pathétique Le registre pathétique est très présent dans cette tirade, en effet on constate un changement de tonalité entre les deux tirades, où la première était plus de l'ordre du lyrique. Ici le pathétique s'exprime par les modalités exclamatives et interrogatives, Phèdre expose enfin ses émotions les plus fortes « J'aime » (v.94). On retrouve également la modalité jussive par l'emploi de verbe à l'impératif « Venge-toi, punis-moi » (v.120). Le discours est fondé sur les émotions afin de susciter de l'émotion chez le destinataire, elle décrit donc la peine qu'elle a vécue « J'ai langui, j'ai séché dans les feux, dans les larmes » (v.111). [...]
[...] Elle va tenter de lui faire passer son message en lui parlant de son père, mais cela amène à un quiproquo. En effet, elle établit un rapport de ressemble entre le père et le fils « Il avait votre port, vos yeux, votre langage » (v.61). Toutefois, elle ne semble pas vouloir retrouver son époux, « En vain vous espérez qu'un dieu vous le renvoie » (v. par l'utilisation du pronom personnel « vous », plutôt que « nous », elle ne s'inclut pas dans cet espoir. Le spectateur sait, grâce à la double énonciation théâtrale, de qui parle véritablement Phèdre lorsqu'elle dit « Je l'aime, non point tel que l'ont vu les enfers » (v. [...]
[...] Un destin funeste A. Une attitude pathétique face à un dilemme : les questions rhétoriques La scène est représentative de la tragédie, car le caractère impossible et inavouable de la passion de Phèdre amène un dilemme pour le personnage. Dans son aveu, Phèdre ne s'adresse pas seulement à Hippolyte, en effet elle établit une démarche introspective, par l'utilisation de la première personne du singulier et des questions rhétoriques : « De quoi m'ont profité mes inutiles soins ? » (v.103) « Que dis-je ? » (v.114). [...]
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