Peut-on reconnaître un poème quand on en voit un ? La question pose ici le rapport, plus ou moins intime et obscur, mais toujours nécessairement sincère, du texte à toute personne qui puisse le voir, c'est-à-dire ayant la possibilité de le percevoir graphiquement, mais encore de le lire (comment percevoir une image poétique sans ne pas résister à l'attrait curieux ou passionné qu'elle procure ?), et de la voir, comme autant d'images et de fleurs dans son esprit, la ressentir en l'entendant encore et toujours.
Ainsi, un texte possède-t-il des caractéristiques propres qui nous permettent de le qualifier de poème ou cherchons-nous à les lui appliquer pour nous conformer dans un espace littéraire devenu rigoureux ? Puis, lorsque nous l'avons pensé comme tel, et que « reconnaître » devient « s'approprier », peut-on assimiler la signification, si elle existe, du poème ? Enfin, que le travail de compréhension ait été réalisé ou non, entamé ou abouti, peut-on créer un espace d'intimité avec le texte tel qu'il devienne finalement un simulacre de notre propre voix ?
[...] Diderot s'exclame : poète, sois obscur ! Le questionnement qui suit la lecture est selon Edmond Jabès prioritaire et infini et ne pas résoudre le mystère ainsi créé entre le texte, et le lecteur modifie l'espace qui existe dans la relation entre les mots et son esprit, une certaine appréhension se crée. D'autant que la mission de déchiffrage peut aussi souvent être confiée à l'intelligence qu'au cœur et à l'émotion sensible. Philippe Jaccottet perçoit alors le questionnement comme suspendu dans l'espace mélodieux. [...]
[...] Les Voix intérieures, Victor HUGO. Le récit poétique, J. TADIE. L'œil et l'esprit, MERLEAU-PONTY. [...]
[...] Peut-on reconnaître un poème quand on en voit un ? Introduction Peut-on reconnaître un poème quand on en voit un ? La question pose ici le rapport, plus ou moins intime et obscur, mais toujours nécessairement sincère, du texte à toute personne qui puisse le voir, c'est- à-dire ayant la possibilité de le percevoir graphiquement, mais encore de le lire (comment percevoir une image poétique sans ne pas résister à l'attrait curieux ou passionné qu'elle procure et de la voir, comme autant d'images et de fleurs dans son esprit, la ressentir en l'entendant encore et toujours. [...]
[...] Il semble difficile de trouver le mot convenable lorsque la liberté est limitée à respecter l'alexandrin et sa rigueur. Puisqu'il s'agit de se plier aux conventions du poème en bonne et due forme, le poète doit passer outre, et exceller dans la virtuosité et la concision précise : et c'est souvent cette dernière qui rend le poème poème La structure laisse donc reconnaître le poème : quatorze vers laissent, par exemple, présager un sonnet. Mais cela revient à adopter une attitude d'insensibilité envers le poème que de distinguer, dans le cadre de la reconnaissance ou d'une étude : fond et forme, sujet et développement, son et sens, rythme et verbe, puisque l'un ne se conçoit pas sans l'autre et sont des entités dépendantes. [...]
[...] Voir suffit ici à reconnaître le poème-calligramme. Le poème est alors celui d'un genre, voire d'un auteur. On peut en effet reconnaître et identifier un lien de parenté ou un lien génétique : le thème de la fuite du temps, cher aux Romantiques, la langue ancienne pour les poètes primitifs, le seul prénom de Léopoldine cher à Victor Hugo Voir ne suffit pas toujours à qualifier un texte de poétique ou à en retracer l'origine littéraire qui le permet. Dans le poème en prose : rien des conventions, aucune structure préétablie : il faut pour qu'ils soient reconnus comme poèmes que Baudelaire les appelle ainsi, ou que Francis Ponge prévienne un mouvement de contestation du caractère poétique de son œuvre en ne se prétendant pas poète. [...]
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