L'apparition de la littérature à Rome naît de la volonté des Scipions de prendre modèle sur les monarchies hellénistiques. Envisagée dès le départ comme un moyen, un instrument de pouvoir et de domination, son but unique doit donc être à l'instar de la conception même de l'identité pré-construite du Romain, son utilité directe à la cité. Peut-on alors parler de « littérature engagée » à Rome sous la République ?
Selon la définition de l'engagement que Sartre propose en 1945 dans Situations II, Qu'est-ce que la littérature ? : « l'écrivain engagé sait que la parole est action : il sait que dévoiler c'est changer et qu'on ne peut dévoiler qu'en projetant de changer. » Or, la transformation que suppose ce concept accepte-t-elle la notion d'utilité dans son caractère obligatoire ? D'autre part, s'applique-t-elle aux idées, aux mentalités, à son propre objet ?
Il convient alors de se demander si les valeurs défendues par la littérature connaissent une évolution, et quelle est alors la nature de l'engagement à cette époque.
[...] En effet, les carmens deux et trois qui suivent racontent respectivement les jeux de sa maîtresse avec un moineau puis le chagrin dû à la perte de ce dernier, ce qui n'offre aucun intérêt dans le cadre de l'instruction et ne fait preuve d'aucun engagement politique ou autre. Mais cette néantisation porte vers un idéal poétique, une recherche purement artistique déjà perceptible dans ces débuts qui mêlent la souffrance à la beauté pleurez, Amours, et vous tous, tant que vous êtes, sensibles à la beauté Ainsi de l'inspiration grecque, Catulle s'attache notamment à la pratique de l'esthétique alexandrine. [...]
[...] Mais la légitimité du mythe et du héros se fait surtout grâce leur origine commune, la fondation de Rome, et dans le cas d'Auguste, la restauration de la République. Aussi, chaque grande étape de l'Histoire va prendre place au sein des aventures du Troyen, illustrant par les difficultés d'Enée, la nécessité de la lutte à mener pour accomplir sa mission. Si la figure du héros demi-dieu est parfois vaincue par sa faiblesse humaine, Enée ne va jamais au-devant des conflits mais y répond par devoir. [...]
[...] Dans les deux apologies du poème aux livres I et IV, le doux miel de la poésie est en effet comparé à une duperie qui permet à la doctrine amère de passer. D'autre part, l'engagement de Lucrèce au profit de la philosophie d'Epicure, au premier siècle avant notre ère, prend une dimension particulièrement importante en ce sens qu'il rompt délibérément avec la tradition. L'ataraxie qu'il prône est en effet incompatible avec la figure type du Romain dont l'existence n'a d'importance qu'à travers son rôle dans la cité. [...]
[...] Dès le premier chant Jupiter annonce à Vénus le destin d'Enée qui mènera en Italie une grande guerre, il brisera des peuples fiers, il établira pour ses hommes des institutions, des murailles Junon qui représente le fatum et la fortuna s'acharne contre les troyens, faisant appel à la puissance destructrice des dieux tel Eole dans le premier chant pour couler leurs bateaux : Suscite la violence des vents, engloutis, écrase leurs poupes, parsème les eaux de leurs corps. Vénus quant à elle, est la figure la plus populaire des dieux. Mère d'Enée, les Romains qui se considèrent comme ses descendants lui vouent toujours un culte important et cette foi renforce l'impact de l'œuvre. Ainsi, tel que l'indiquent R. Martin et J. [...]
[...] En effet ici, le désespoir de l'amoureux éconduit prend toute sa valeur grâce à l'opposition d'une construction formelle noble, le vers saphique, et les références géographiques et historiques savantes avec l'antiphrase qu'elle vive heureuse combinée au commentaire hyperbolique obscène avec ses trois cents amants Ainsi le poème qui ouvre dans le recueil le roman de Lesbia en vers saphiques, annonce la thématique nouvelle de l'amour en l'unissant à l'obscénité, non pas pour cultiver l'idée romaine de la honte d'être amoureux, mais au contraire pour exprimer la souillure de l'idéal. En offrant ainsi une conception nouvelle de l'amour, c'est toute la morale traditionnelle romaine que Catulle remet en cause. En effet, la femme était, soit l'épouse légitime dont le seul rôle était d'offrir une descendance, soit la courtisane vouée aux plaisirs. Il n'était donc pas question de sentiments à cette époque. Cependant, l'amour avait déjà été célébré par les Grecs et notamment par Sapho, poétesse lyrique de la passion au VIe siècle. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture