Les faux-monnayeurs, André Gide, roman d'apprentissage, corrigé du bac blanc, roman didactique, Franck Lestringant, apologue, théâtre
Le roman d'apprentissage, appelé aussi roman de formation a connu au 19e siècle, sous la plume d'auteurs comme Balzac (Le père Goriot, Le lys dans la vallée...), Stendhal (Le rouge et le noir) ou encore Zola (Germinal). Il met en scène des jeunes gens d'abord loin des lieux de pouvoir, dévorés par l'ambition et qui au fil de quatre cents, cinq cent pages, faire leur éducation aux plans : sentimental, social et intellectuel. Gide a un rapport complexe et ambivalent avec le genre romanesque : sa grande référence est le théâtre (le théâtre racinien par exemple), et ses influences sont aussi souvent poétiques (comme Mallarmé). Il hésitera longtemps avant qu'une de ses oeuvres ne s'assume roman, ce sera chose faite avec les faux-monnayeurs. On peut donc imaginer qu'il va mettre un point d'honneur à façonner les faux-monnayeurs ; va-t-il pour autant consentir à l'inscrire dans le sous-genre du roman d'apprentissage, à la charpente reconnaissable entre toutes, et aux propos linéaires et clairs, lui qui au contraire travaille au roman tout à la fois "pur" selon ses termes, tout en produisant le roman "touffu" relevé par Franck Lestringant ?
[...] Peut-on lire Les faux-monnayeurs (André Gide, 1925) comme un roman d'apprentissage ? (corrigé du bac blanc) Corrigé du bac blanc, sujet 1 points) Introduction Le roman d'apprentissage, appelé aussi roman de formation a connu au 19e siècle, sous la plume d'auteurs comme Balzac (Le père Goriot, Le lys dans la vallée Stendhal (Le rouge et le noir) ou encore Zola (Germinal). Il met en scène des jeunes gens d'abord loin des lieux de pouvoir, dévorés par l'ambition et qui au fil de quatre cents, cinq cent pages, faire leur éducation aux plans : sentimental, social et intellectuel. [...]
[...] Il faut sans doute revenir à la conception de la tragédie, chérie de GIDE pour comprendre la morale toute nietzschéenne : une œuvre ne sert jamais, comme une expérience de laboratoire, qu'à vérifier l'hypothèse de départ, et qu'à faire que les personnages deviennent ce qu'ils sont profondément. Preuves que le roman se ne fixe pas pour mission de constituer un apprentissage, les déclarations récurrentes de GIDE au sujet de la liberté du lecteur : dès Paludes il écrit dans l'avant-propos : « Avant d'expliquer aux autres mon livre, j'attends que d'autres me l'expliquent » et presque trente ans plus tard, dans son Journal des FM, il confirme ce laisser-aller délibéré : « Mais, tout considéré, mieux vaut laisser le lecteur penser ce qu'il veut — fût-ce contre moi. » En 1930, dans son Journal, il notera : « Je n'écris que pour ceux qui comprennent à demi-mot. » Si les FM sont un roman d'apprentissage, c'est un roman d'apprentissage où l'élève serait tout à la fois le disciple et son propre maître, laissé seul, mais souverain. [...]
[...] Et si cet apprentissage n'apprenait finalement rien ? Après tout, on peut aussi ne déduire du mouvement puis de la fin (en forme de chute) de l'œuvre que rien n'offrant de garantie sur rien, et qu'aucun idéal ne se révélant probant, on n'en sait finalement guère plus au terme des épreuves ce qu'on en savait à leur seuil. L'enfance est gâchée (Boris), l'exaltation lyrique conduit aux excès et à la folie (Vincent tire sur Laura) et l'art n'a pas les réponses aux questions fondamentales (le romancier Édouard n'a rien à dire sur la mort de Boris). [...]
[...] Par ailleurs, la jeunesse n'est pas une garantie de bonheur : Olivier se consume, Boris se laisse couler. Le lecteur apprend donc à se méfier de tout : rien n'est acquis, ni les ressorts traditionnels (comme la famille ou la religion), ni les tentatives de subversion (comme les trafics, avortés). Le lecteur doit aussi comprendre que derrière la dilution apparente (nombre de personnages déstabilisants, entrelaces vite vertigineux entre les personnages, multiplication presque à l'infini des intrigues), le fond est simple : un écrivain (Édouard) n'arrive pas à écrire, un jeune homme (Olivier) ne parvient pas à se faire aimer, un enfant n'arrive pas à vivre (Boris). [...]
[...] Le roman d'apprentissage concerne surtout Édouard, le protagoniste, double paradoxal de notre écrivain qui fait son apprentissage tout en écrivant un roman : l'écriture se trouve parasitée par le réel (il n'écrira pas sur la mort de Boris), retardée par les aléas de la vraie vie, et le réel est toujours plus spectaculaire que le roman d'Édouard au contenu flou : l'art est aux prises avec un réel inévitable. II. Un apologue à destination du lecteur Il est possible aussi de voir les Faux-Monnayeurs comme un roman didactique. [...]
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