Petits Poèmes en prose, Un Plaisant - Charles Baudelaire (1869)

Thèmes abordés

Petits Poèmes en prose, Un Plaisant, Charles Baudelaire 1869, scène de rue fugitive, critique de la société, isolement, individu social, personnification, description sarcastique, non-appartenance à la société, commentaire de texte

Résumé du document

Le poème "Un Plaisant" fait partie du recueil "Petits Poèmes en prose" de Baudelaire ; ce dernier y relate une scène de rue fugitive, ayant lieu un jour de fête. Comment l'auteur parvient-il à délivrer, à travers ce poème, une critique acerbe des hommes et de la société dans laquelle transparaissent l'isolement et le décalage dont le poète est la victime consentante ? Nous verrons que le poète, dans cette critique, procède à une mise en miroir de l'animal et de l'homme qui révèle la supériorité de l'âne sur le plaisant et par quels moyens il présente ce dernier comme l'individu social par excellence.

Extraits

[...] Ici l'auteur place l'animal et les deux hommes sur un pied d'égalité en quelque sorte, permettant ainsi une mise en miroir équilibrée entre eux. L'âne en effet est personnifié par le poète, puisqu'il le décrit comme étant « harcelé par un malotru » à la ligne quatre et lui attribue des qualités humaines, avec « l'humble bête » à la ligne sept. De la même façon, Baudelaire prête en quelque sorte à l'animal un sens de la morale qu'on imagine communément propre à l'homme lorsqu'il écrit, ligne onze, que l'âne « continua de courir avec zèle où l'appelait son devoir ». [...]

[...] Tant agité qu'il est de ses réflexions, et ne pouvant prendre part aux joies basses de ces plaisants qui s'intègrent si bien à cette société qui lui est étrangère ; Baudelaire se sépare de ces considérations « collectives » et se retranche dans sa solitude où le taraude, malgré tout, la pointe acérée de l'envie. Baudelaire propose, à travers la description de cette scène au cadre temporel particulier, une vision cynique et à la tonalité sarcastique prononcée de la société et des hommes qui la constituent ; le plaisant, protagoniste principal, est d'ailleurs dépeint comme le personnage social par excellence, actif et intégré. [...]

[...] Pourquoi tant de colère à la vue de la joie ? Baudelaire se dit pris « d'une incommensurable rage » contre le plaisant, qui lui parait « concentrer en lui tout l'esprit de la France » (lignes douze et treize) ; en effet, l'auteur observe une scène supposément joyeuse, celle d'une ville secouée des activités enthousiastes des hommes, un jour de Nouvel An. Alors, pourquoi faire preuve de tant de ressentiment ? La solitude du poète est corrosive, elle l'attaque et le ronge, malgré l'essor qu'elle donne à son art : Baudelaire, à aucun moment, ne prend part à la scène qu'il décrit. [...]

[...] Petits Poèmes en prose, Un Plaisant - Charles Baudelaire (1869) Le poème « Un Plaisant » fait partie du recueil Petits Poèmes en prose de Baudelaire ; ce dernier y relate une scène de rue fugitive, ayant lieu un jour de fête. Comment l'auteur parvient-il à délivrer, à travers ce poème, une critique acerbe des hommes et de la société dans laquelle transparaissent l'isolement et le décalage dont le poète est la victime consentante ? Nous verrons que le poète, dans cette critique, procède à une mise en miroir de l'animal et de l'homme qui révèle la supériorité de l'âne sur le plaisant et par quels moyens il présente ce dernier comme l'individu social par excellence. [...]

[...] Dans la même optique, on note que si l'animal est toujours cité comme une personne à part entière, dotée d'une identité, les hommes qui accompagnent le plaisant, eux, sont mentionnés comme une masse indistincte et plurielle, indigne d'intérêt : « je ne sais quels camarades » (ligne neuf). On remarque donc que la bêtise que l'on attribue communément à l'animal est transposée aux deux hommes, plaçant ces derniers au-dessous de l'âne. À la ligne onze, il est écrit également que « l'âne ne vit pas le plaisant », comme si plus encore que le poète, l'animal refusait d'accorder le moindre intérêt à ce « magnifique imbécile » qui – s'il ne le méprise pas – lui indiffère. [...]