À l'origine, le mot « roman » se rapporte à la langue populaire, alors opposée au latin, la langue noble. Échappant de la sorte à la codification des genres nobles (Boileau, Art poétique) et à la contrainte de règles (comme le théâtre par exemple), le roman prend ainsi ses racines dans la réalité et se trouve libre d'inventer des voies nouvelles, souples et variées comme l'ordinaire dans lequel il puise. Affirmant sa vocation, au XIXe siècle, Balzac y donne une image de la société. Zola lui succède en ajoutant au projet une dimension scientifique, avec la théorie qui fait de l'individu le produit d'une hérédité et d'un milieu. Mais au début du XXe siècle, Proust remet en question cette relation avec le réel. Le roman est une oeuvre d'art et il est avant tout une création (...)
[...] À condition de ne pas restreindre cette dernière à une situation historique et sociale mais de l'entendre dans son sens profond, celui des lignes de force qui orientent notre condition humaine. C'est pour cela que nous pouvons entrer à la cour d'Henri II (La Princesse de Clèves), souffrir dans les mines de charbon (Germinal) ou assister à l'alcoolisme des ouvriers (L'Assommoir). Plus qu'un illusionniste, le romancier est un créateur qui nous invite réellement à vivre dans le monde qu'il a élaboré. [...]
[...] De manière plus générale, la main du romancier instrumentalise le personnage au service d'une vision du monde. Lorsque Zola veut nous rendre sensible à la misère des mineurs ou à l'alcoolisme des ouvriers, il décrit respectivement la Maheude entourée de ses petits ou la déchéance de Gervaise qui ira jusqu'à se prostituer, et joue sur le registre pathétique. Mais lorsqu'il décrit le cortège d'une noce populaire ignare (celle de Gervaise) visitant le Louvre dans L'Assommoir ou les visiteurs venus se moquer des tableaux au Salon des refusés dans L'Œuvre, c'est le registre satirique qui permet à l'écrivain d'exprimer sa pensée et sa vision du réel, voire son engagement. [...]
[...] La tâche du romancier, quand il crée des personnages, ne consiste-t-elle qu'à imiter le réel ? Vous vous appuierez sur les textes du corpus, vos lectures personnelles et les œuvres étudiées en classe. Plus qu'un copier-coller, il est souhaitable d'enrichir ce texte d'exemples en fonction de l'expérience de chacun et à partir desquels vous pouvez vous exercer à rédiger un travail personnel. À l'origine, le mot roman se rapporte à la langue populaire, alors opposée au latin, la langue noble. [...]
[...] On peut alors se demander si la tâche du romancier, quand il crée des personnages, ne consiste qu'à imiter le réel. Après avoir étudié la part d'imitation dans le roman, on constatera que le romancier, en imaginant ses personnages, peut aussi choisir de s'écarter du réel. Néanmoins, dans une dernière partie, nous montrerons que l'écrivain nous donne sa vision du réel et de l'homme. Au XIXe siècle, la mission du romancier est de rendre compte du réel. S'il ne met pas en situation des personnages qui ont existé, il les place dans un cadre réel et leur donne toute la richesse de la psychologie humaine. [...]
[...] La vocation du roman, qu'il veuille nous soustraire du réel ou au contraire nous y plonger, n'est-elle pas finalement de nous proposer une vision de cette réalité ? Même si l'on ne peut nier la part d'imitation dans le roman pas plus que le fait que l'imaginaire plonge ses racines dans le terreau de la réalité, nous devons parler de vision plus que de miroir, pour reprendre Stendhal : le romancier propose un regard et non une photographie objective. Mais cette vision de l'écrivain, malgré, ou peut-être même grâce à, sa subjectivité, n'est-elle pas la façon la plus efficace de dire le réel ? [...]
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