Exposé de Littérature (Licence 3 de Lettres Modernes) consacré au rôle des personnages féminins dans le Roman de Thèbes ainsi qu'aux différents portraits qui s'offrent au lecteur.
[...] Les femmes sont si belles que le vers 4293 nous dit que sont sortis des tentes plus de cinquante mille Grecs. Les personnages féminins sont spectatrices des combats et la discussion entre les deux soeurs en haut des tours concernent leurs jeunes amis, "Les dames de la ville vont sur les terre-pleins et sur les murs, là-haut; pour les voir, elles montent aux tours" (vers 7247-7249). "Antigone et Salamandre cousent au roi un vêtement de soie d'Andros et se tiennent sur le rempart, dans une tour qu'on appelle Blanchefleur; elles cousent là, à une fenêtre" (vers 10969-10973). [...]
[...] Les personnages masculins quant à eux doivent se comporter loyalement. La déploration des morts est surtout l'affaire des femmes, c'est à elles qu'il revient de pleurer. Le thème du "planctus" trouve dans cette oeuvre un écho retentissant. Les femmes se répandent en pleurs à travers toutes la ville de Thèbes, scène spectaculaire ou la tonalité pathétique est très forte "les dames pleurent leurs maris et les mères pleurent leurs fils, les soeurs pleurent leurs frères et les filles pleurent leurs pères" (vers 11559-11564). [...]
[...] Le fait que l'enfant meurt apporte un grand malheur puisque le roi Lycurgue se retrouve sans héritier. Mais si l'on rapproche le passage au texte biblique l'enfant peut être comparable à Jésus et le serpent au Diable d'après Genèse 3:15 "Il te meurtrira à la tête et tu le meurtriras au talon". Les représentations féminines ont toujours un caractère ambivalent. La femme est presque toujours considérée comme un objet précieux puisque Isiphile est placée sous la garde de Capanée, Polynice et Tydée. [...]
[...] Eve s'est laissé séduire par le diable et avec elle entre dans le monde le péché originel. Sa faiblesse fatale la rend particulièrement vulnérable et coupable. Cette oeuvre émanant d'un clerc, laisse clairement transparaître l'attitude que l'Eglise adopta vis-à-vis de la femme. L'allusion faite de la fée Morgane (vers 2802), n'est pas anodine puisqu'elle était la plus belle demoiselle du monde dans sa jeunesse, avant de devenir l'élève de Merlin experte en "nigremance", c'est-à-dire en magie noire. Ensuite compromise avec le diable, elle devient hideuse, mais sait cacher sa laideur par des sorts qui aveuglent ses nombreux amis. [...]
[...] Si les femmes nobles sont si présentes, c'est que leurs valeurs et les modèles qui leurs sont proposés sont universels pour l'ensemble des femmes, se sont elles qui doivent posséder des moeurs irréprochables, que seule la reine peut avoir pleinement. Le Roman de Thèbes nous offre une véritable palette de personnages féminins venant servir également les intérêts de l'Eglise. Tout au long du récit nous avons la présence de dames et de pucelles qui d'après l'étude d'Anne Paupert accèdent au rang d'héroïnes de roman peu commune dans la littérature romanesque médiévale. [...]
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