Personnage de roman, personnage de théatre

Résumé du document

Le personnage occupe une place prépondérante dans la littérature . Son nom continue à attirer l'attention dans les titres, il est toujours aussi difficile de concevoir une histoire qui se passe de lui, des dictionnaires encyclopédiques ont été consacrés à sa gloire, et le public n'a pas varié dans l'intérêt qu'il lui porte. Certains personnages ont marqué la littérature et continuent à susciter la passion des lecteurs qu'il s'agisse d'Emma Bovary, Don Quichotte, Harpagon, Phèdre… Cependant si les personnages sont songeusement importants au théâtre et dans le roman , il est plus difficile de parler de personnages en poésie. Dorval, le porte -parole de Diderot dans le troisième entretien sur le « fils naturel » remarque très justement qu' « il y a bien de la différence entre peindre à mon imagination et mettre en action sous mes yeux » . Ceci souligne le fait que le roman et le théâtre appartiennent à deux univers irréductibles: dans l'un on lit et imagine, dans l'autre on regarde et contemple. Qu'en est-il des personnages? Ils appartiennent à deux mondes complètement différents mais ne peuvent ils pas être rapprochés? Qu'est-ce qui les différencie fondamentalement? Pourquoi portent ils tous deux le nom de personnage s'ils sont fondamentalement différents?

Extraits

[...] C'est comme ci Flaubert avait retranscrit ses rêves, les exprimait par le biais du personnage qu'il a créé. Certains personnages théâtraux entretiennent aussi des liens avec leur auteur. Figaro dans Le Barbier de Séville peut par exemple apparaître comme un reflet de Beaumarchais. En effet ce personnage lui permet de critiquer la société, comme son auteur il a des ennuis avec la justice et il donne un aperçu de l'écrivain aux prises de son inspiration en réfléchissant aux mots qu'il emploie. [...]

[...] Et bien, alors, soit, laissons-les aller là où ont coutume d'aller les personnages de théâtre pour avoir une vie: sur une scène. Et voyons ce qui en résultera. Ceci révèle l'autonomie acquise par les personnages vis-à-vis du dramaturge, une fois créés ils s'émancipent complètement. Ce processus s'explique aussi par la mise en scène, en effet le personnage doit également une grande part de son apparence au metteur en scène. D'autre part, les personnages de roman comme les personnages de théâtre reflètent la conception que les écrivains et leurs contemporains se font de la personne humaine. [...]

[...] De plus si l'on considère que le personnage de théâtre n'est pas réellement dans le texte théâtral alors on peut dire qu'il apparaît, qu'il prend forme lors de la représentation. Un tel processus n'existe pas dans le roman ou le personnage est totalement dans les pages. Conclu Ainsi, les personnages de roman comme les personnages de théâtre sont tous deux des êtres fictifs créés par un auteur et exposés à la conscience du lecteur, mais ils sont singulièrement différents. Ces différences viennent du fait que roman et théâtre forment deux univers irréductibles. [...]

[...] Le portrait de cette femme sera complété tout au long du livre, il n'est pas donné d'emblée par opposition à l'apparence du personnage de théâtre. La perception du personnage de roman est progressive, parfois sinueuse alors que celle du personnage de théâtre est immédiate Dès lors, on peut dire que le personnage de théâtre est réel, on peut le voir de nos propres yeux alors que le personnage de roman est virtuel, comme s'il vivait dans un monde parallèle, et le roman serait comme une fenêtre voilée qui nous permettrait de l'apercevoir de temps à autre sans parvenir à le saisir en totalité. [...]

[...] Le roman met en mots ce que la réalité donne à voir. Ainsi dans le roman les portraits des personnages peuvent aussi être des prétextes pour nous faire entrer dans les pensées, les sentiments d'un autre personnage. Ainsi quand dans Les Confessions Rousseau dresse le portrait de Mme de Warens lors de lors première rencontre, c'est une description fort idéalisée qui nous permet de découvrir les sentiments qu'a ressenti le jeune Rousseau lors de cette scène. Il utilise beaucoup d'hyperboles et d'oppositions pour créer un effet de surprise. [...]