Personnage de roman, rôle clé, réalité en mutation, mutation du temps, époques différentes, roman
Le corpus auquel nous nous intéressons est composé de quatre extraits de romans appartenant à des époques bien différentes les unes des autres. On y trouve un extrait de La Vie de Marianne, écrit par Marivaux en 1742, un du roman Les Gommes d'Alain Robbe-Grillet datant de 1953, ainsi qu'un extrait de L'Immortalité de Milan Kundera écrit en 1990, et enfin un extrait du roman de Philippe Claudel, Les Âmes Grises, écrit en 2003.
[...] Cela explique les romans Les Gommes et L'Immortalité, qui se construisent sous forme théâtrale, laissant le patron du café sans âme il n'a pas encore recouvré son existence propre et la belle Agnès sans but précis elle est seule, balance entre réveils et rêveries Pour finir, depuis la fin du XXe siècle, il est courant que les auteurs refusent de jouer le rôle du narrateur omniscient, laissant place à l'implication et l'interprétation du lecteur. Ainsi, Claudel énumère lors de la construction de son personnage les différents points de vue qu'ont les habitants des environs et toutes les connaissances de son personnage, laissant donc son lecteur choisir entre chacune des visions. Le personnage joue un rôle clé dans le roman, son statut est un révélateur d'une vision de l'homme et du monde. Pour donner l'illusion de la réalité, le roman exploite toutes les ressources de la narration. [...]
[...] La vraisemblance du personnage est due aux caractéristiques de ce dernier et à sa singularité. Le roman est ainsi porteur d'une vision du monde : ses personnages constituent de véritables modèles humains, dont l'auteur montre les vertus ou défauts. [...]
[...] Tous ces textes ont pour point commun de montrer une vision extérieure à celle du personnage dont il est question, excepté La Vie de Marianne. Au XVIIIe et au XIXe siècle, le roman est considéré comme un outil pour explorer et expliquer la réalité sociale : cela explique cette particularité vis-à-vis des autres textes. En effet, l'extrait dont nous disposons est présenté de manière à convaincre le lecteur de sa véridicité. Un procédé de double honnêteté est utilisé, à travers celle du narrateur, qui met le lecteur au même niveau que lui en partageant ses maigres informations sur ce qui suit - Voilà tout ce que j'avais à dire Nous ne savons qui elle était avec l'utilisation de la première personne du pluriel pour s'inclure dans l'ignorance du lecteur, et puis c'est tout - et à travers celle de Marianne, qui promet à ses lecteurs de raconter son histoire exactement comme elle l'a vécue, afin qu'ils la comprennent mieux - Je dis la vérité comme je l'ai apprise de ceux qui m'ont élevé Au contraire, le narrateur chez Claudel, dans Les Âmes Grises, demande à son lecteur d'avoir une totale confiance en lui, sans justifier son savoir - Je le sais, un point c'est tout Le lecteur se laisse cependant convaincre par les nombreux détails réalistes donnés par l'auteur - V. [...]
[...] Tous ces extraits introduisent un personnage qui jouera chaque fois un rôle clé dans le roman, cependant, comment chacun montre-t-il une réalité en mutation de son temps ? Nous nous intéresserons tout d'abord à la manière qu'utilisent les auteurs pour nous plonger dans leur roman, puis nous analyserons quels procédés les singularisent selon leur époque. Le début d'un roman est un moment important. C'est un seuil que le lecteur doit passer et qui marque la frontière entre le monde réel et le monde fictif. [...]
[...] En effet, ces deux romans se présentent comme des pièces de théâtre se jouant sous les yeux des lecteurs. Chez Robbe-Grillet, tout d'abord, le dernier paragraphe illustre explicitement cet argument - l'unique personnage présent en scène remet en place le décor mais on peut aussi noter les mouvements d'habitudes, tout au long du texte, telle une pièce qui se rejouerait soir après soir de manière machinale - Dans la pénombre de la salle de café le patron dispose les tables et les chaises, les cendriers, les siphons d'eau gazeuse ; il est six heures du matin nous semble même similaire à une didascalie - à tel point que les objets ont pris vie, et aident d'eux-mêmes le personnage à faire son travail, ainsi étant eux aussi acteurs : les verbes actifs les chaises descendent les tables [ . [...]
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