Proche du sujet de Bac 2008 des séries S et ES, cette dissertation organisée selon les règles du genre aide à connaître et appliquer les principes de la dissertation et à répondre à cette question : comment l'auteur s'y prend-il pour fabriquer des personnages réalistes ? Et sa tâche s'y limite-t-elle ?
[...] De quel régime s'agit-il ? Dans un drame familial comme le jardin secret, c'est la gouvernante, dans une intrigue judicaire, ce sont les juges Le personnage subit nécessairement le pouvoir en place, à tous les niveaux, du Roi jusqu'à son tuteur. Dans un roman qui se soucie du réel, un assassin est toujours poursuivi, souvent condamné. Tous les détails de l'application du pouvoir par des personnages sur un personnage doivent coïncider avec une législation réaliste. Par exemple, pour écrire Dites-leur que je suis un homme, le romancier américain Ernest J Gaines s'est inspiré de documents réels de procès attentés à des hommes noirs qui affichaient clairement des propos racistes pendant les années 1950. [...]
[...] L'autre condition pour passer pour réaliste c'est de vivre sur Terre. Pour donner l'illusion d'un environnement réel, le romancier doit imposer à son univers trois types de lois : les lois écrites, les lois non écrites (sociales et sous-entendus, de convenance) et les lois scientifiques (lois de la physique Le personnage ne peut véritablement passer pour réaliste que s'il évolue dans un univers qui l'est aussi, car on ne peut prévoir exactement la réaction humaine devance une situation qui n'est jamais advenue. [...]
[...] Il en est de même pour nombre de héros du roman. Dans les romans de Jules Verne ou de Wells, les lois de la physique sont défiées à chaque page et pourtant les personnages n'ont rien d'extraordinaire ou de fantastique la plupart du temps mais le monde dans lequel ils évoluent tient si peu compte des réalités, ne serait- ce que physiques, que les personnages qui, dans un autre contexte, seraient réalistes, n'ont aucune dimension réaliste et cela uniquement à cause de leur environnement. [...]
[...] La déchéance des personnages est sociale : déshonneur, persiflage, réputation. Valmont, même dans l'intimité la plus physique, s'adonne encore des jeux sociaux : l'air que je respire est brûlant de volupté, la table même sur laquelle je vous écris, consacrée pour la première fois à cet usage, devient pour moi l'autel sacré de l'amour : la table, c'est une prostituée, les destinataires, ce sont, Madame de Tourvel (qu'il veut séduire) et Merteuil (en confidence). Laclos a donné une épaisseur à son personnage dans ce jeu cruel et cruellement réaliste : la dépravation par le langage et la connaissance parfaite de l'homme en tant qu'être social, de la société elle-même pervertie ainsi que la négation de l'être psychologique. [...]
[...] C'est dans Notre Dame de Paris, œuvre plurielle, pas seulement romantique, mais qui compte au livre neuvième un passage dans lequel l'archidiacre Claude Frollo revient sur sa passion pour la bohémienne : il pensait à tout ce qu'ils auraient pu vivre si elle n'avait pas été bohémienne, et si lui n'avait pas été prêtre Il imagine un futur alternatif où ils auraient formé un couple heureux, raconte la soudaine incapacité de la science et des livres à faire dissiper sa passion pendant qu'il s'arrache les cheveux en pensant qu'elle avait été en chemise devant une foule venue la voir se faire pendre. Ce passage de récapitulation devient une analyse empreinte de passion romantique, à l'image du rationaliste qui se bat inutilement contre la passion. [...]
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