Qu'est-ce-qui définit le héros ? Un héros répond-il à certains critères précis ?
[...] On se sent plus proche de lui que s'il ne commettait aucune erreur. Le personnage de roman a donc une utilité, malgré ses imperfections, car il permet de créer une proximité avec le lecteur, qui est nécessaire en littérature. Ainsi, même un personnage médiocre peut avoir un sens dans la construction narrative du roman. C'est souvent le destin que lui donne (ou non) le romancier qui va faire du personnage un héros, ou au contraire un personnage imparfait. Le roman de type épistolaire, par exemple, invite le lecteur à un parti pris totalement artificiel. [...]
[...] Un personnage principal ne peut pas devenir un héros s'il n'est pas soumis à des épreuves permettant d'estimer sa valeur. Les héros sont donc soumis à des destins extraordinaires. Dans le grand Meaulnes d'Alain Fournier, le personnage de Meaulnes ne devient un héros qu'une fois qu'il se lance dans la recherche active d'Yvonne (jeune fille dont il est tombé amoureux). Le hasard fait qu'il l'a rencontré une première fois, alors qu'il n'est qu'un écolier parmi tant d'autres, mais en se lançant spontanément dans l'aventure il devient un héros. [...]
[...] Ainsi, héros ou personnage imparfait, la question mérite de se poser en littérature. Certains auteurs vont d'ailleurs plus loin que proposer des héros juste imparfaits, en proposant des antihéros. Le antihéros est une réponse à un problème dans la société et invité le lecteur à la fois à s'interroger sur la société, mais aussi à se révolter contre cette dernière. Le cas de Bardamu dans Voyage au bout de la nuit de Céline est très caractéristique de l'antihéros. C'est un personnage lâche, qui s'est engagé « par hasard » à la guerre (le régiment passait) et qui assume totalement le fait de ne pas avoir de courage (dans le chapitre 2 il préférerait être en prison qu'à la guerre). [...]
[...] La grande complexité de ce personnage est également une grande richesse romanesque puisque ainsi, le lecteur peut réussir à s'identifier à lui. Le héros est parfait un exemple inatteignable pour le lecteur, et un personnage plus « ordinaire » lui permettra au contraire de s'identifier à lui donc de partager ses émotions. Dans le cas du personnage de Marianne dans La vie de Marianne de Marivaux, est en cela intéressant. En effet, la jeune femme va passer par différents « stades » importants de la vie d'une jeune fille au dix-huitième siècle, et on peut sans mal se reconnaître dans ce personnage. [...]
[...] Enfin, il y a parfois des romans qui proposent des personnages principaux tellement désincarné qu'il est difficile de les considérer comme des héros. C'est le cas dans les romans « psychologique » comme Mrs Dalloway de Virginia Woolf qui nous plonge dans l'intériorité du personnage, dans les méandres de sa pensée, sans véritablement en faire un héros. De même, les héros de Kafka manquent parfois tellement de matière qu'il est compliqué d'en faire des héros. Le cas de K dans Le Château est en cela assez édifiant puisqu'il ne semble pas véritablement permettre à l'histoire d'évoluer en prenant des décisions (ce que ferait un héros) mais il n'est pas pour autant dénuer de tout courage et son obstination à essayer d'entrer dans le château ne fait pas vraiment de lui un antihéros. [...]
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