La société du XVIIIe siècle est encore extrêmement hiérarchisée et il y existe peu de passerelles entre les classes sociales. Certains auteurs nous renseignent avec humour sur le contexte social de l'époque. Ainsi, le personnage de la paysanne dans la comédie est un thème qui, au fil du temps, a souvent été repris et réinterprété, notamment pour Charlotte et Mathurine dans Dom Juan (1665) de Molière, puis Silvia de La double inconstance (1723) de Marivaux, Fanchette dans Le Mariage de Figaro (1784) de Beaumarchais et Rosette dans On ne badine pas avec l'amour (1834) d'Alfred de Musset.
[...] Le dialogue débute par : Bon ! Moi je ne parais rien, je suis tout d'une pièce auprès d'elles ; je demeure là, je ne vais ni ne viens ; au lieu qu'elles [ ] non pas une honteuse comme moi, qui n'ose regarder les gens et qui est confuse qu'on la trouve belle. (Lignes 1 à 6). Déjà ici, nous pouvons constater que la position de Silvia progresse : bien qu'elle se dénigre beaucoup, elle finit par reconnaître qu'elle se sait belle. [...]
[...] Ces quatre exemples confortent l'affirmation que ces paysannes sont dominées par des hommes. Par ailleurs, elles représentent des personnages instrumentalisés. Dès sa première réplique dans cette scène, Don Juan dépeint Mathurine comme un simple interlude, un moyen de se changer les idées : la paysanne que je viens de quitter répare ce malheur, et je lui ai trouvé des charmes qui effacent de mon esprit tout le chagrin que me donnait le mauvais succès de notre entreprise. (Lignes 147 à 150). [...]
[...] Nous nous demanderons si le personnage de la paysanne évolue dans la comédie au fil des siècles. Pour cela nous chercherons à déterminer s'il existe des similitudes entre les personnages proposés, puis nous verrons comment ces auteurs appréhendent ce personnage dans la comédie. * * * Chacune de ces femmes fait partie de la même classe sociale méprisée, attachée à la terre, vue comme n'étant que peu civilisée. Les nobles ont une vision négative du personnage paysan. Don Juan montre bien qu'il ne les voit que comme des objets de plaisir : celle-ci vaut bien l'autre (ligne 162), mépris souligné la périphrase de Sganarelle Autre pièce nouvelle. [...]
[...] La paysanne n'est plus le personnage qui fait rire et dont on se moque. La comédie devient tragédie. En effet, Rosette, qui se pose en victime de sa classe sociale au départ : je n'ai guère d'esprit, et je m'en aperçois dès que je veux dire quelque chose (lignes cela me chagrine (ligne agit sur le destin de Perdican et pense être la cause de son chagrin : Il ne faut pas non plus vous fâcher pour cela (ligne 13). [...]
[...] Le prince souhaite séduire Silvia ; pour cela, il demande à Flaminia de seconder ses projets. C'est ainsi que Flaminia tente de monter Silvia contre les dames de la cour. Elle réussit si bien à les mettre en position de rivalité que cela réveille l'esprit de compétition de Silvia : j'aurais grand plaisir à les faire mentir, ces babillardes-là (lignes 26-27) ; il ne tient qu'à moi de les confondre (lignes 31-32). Par la suite, Silvia tombera effectivement amoureuse du prince, aidé par de nombreux stratagèmes. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture