Le héros d'un roman est le personnage principal de celui-ci ; le personnage qui se distingue par sa bravoure, ses mérites exceptionnels. Cette définition du héros peut donc être diamétralement opposée à celle d'une personne médiocre. En effet, médiocre signifie qui est très au-dessous de la moyenne, voire qui est insuffisant. Une personne médiocre se dit aussi d'une personne qui a peu de capacités, notamment intellectuelles ; ou bien encore qui est sans éclat et sans grand intérêt. Cependant, certains auteurs de romans ont tenté de passer outre l'opposition apparente de ces deux termes en faisant de personnages médiocres les héros de leurs écrits. Une question se pose alors : un personnage peut-il être médiocre et héros romanesque simultanément ?
[...] Cependant, on aurait beaucoup à perdre à se passer de héros de conditions illustres. Effectivement, il serait dommage d'oublier qu'un des intérêts romanesques est dans la narration d'aventures, de destins hors du commun, d'événements qui pourraient paraître improbables dans une vie normale. Ces événements qui pourraient être jugés invraisemblables, sembleraient pouvoir être un moyen pour l'auteur de réveiller l'intérêt du lecteur quant à son écrit. Par exemple, dans Un Long dimanche de fiançailles, Sébastien Japrisot relance l'intérêt du lecteur à chaque fois que tout espoir semble être perdu. [...]
[...] De plus, ce fait pourrait aussi mettre une barrière entre le lecteur et les héros, et les lecteurs ne pouvant s'identifier aux personnages pourront lire le livre dans le but de se divertir, mais aussi d'en tirer une morale. Il est d'ailleurs probable que les héros illustres de romans soient créés dans le but d'enseigner une morale aux lecteurs. Ils pourraient ainsi devenir des modèles, à suivre ou desquels se détourner. Ainsi, Raphaël de Valentin dans La Peau de chagrin de Balzac, pourrait montrer aux lecteurs qu'il ne faudrait pas être gourmand de pouvoir. Arriver à cette déduction aura d'ailleurs coûté la vie de ce jeune homme. [...]
[...] De plus, toute vie étant singulière, la médiocrité de la sienne pourrait la différencier avec les autres, au point d'en faire un personnage et un héros de renommée dans la littérature, comme Emma Bovary dans Madame Bovary. Finalement, un des intérêts du roman pouvant être de conter des destins exceptionnels, celui d'un personnage médiocre pourrait le devenir par ses qualités. Ainsi, la médiocrité peut faire l'héroïsme d'un personnage, tout comme la laideur pourrait faire la beauté de la poésie, comme a tenté de le faire Baudelaire dans ses Fleurs du Mal, recueil de poèmes dont le titre même soulève ce paradoxe, mais dont le contenu n'en est pas tout aussi déchirant et laid que magnifique. [...]
[...] Cette jeune fille, si ordinaire lors de son treizième anniversaire est devenue, à travers son journal, une des figures marquantes de cette période de l'histoire, pouvant rappeler à bien des personnes leur devoir de mémoire. Finalement, il se pourrait bien que la médiocrité physique ou de la condition d'un personnage n'équivaille pas à sa médiocrité intellectuelle ou encore à la médiocrité de son caractère. L'illustration de cela pourrait se voir à travers les héros de Victor Hugo. En effet, de Notre-Dame de Paris aux Misérables, tous les héros sembleraient se distinguer par leur médiocrité physique ou la médiocrité de leur condition ; mais aussi par leur personnalité hors normes. [...]
[...] De plus, un personnage médiocre pourrait aussi être le reflet d'une idée, d'un caractère, d'une société, ou d'un groupe social. Ainsi, à travers son héros, un auteur pourrait mener une sorte d'argumentation implicite, pouvant avoir pour but de vouloir changer le cours des événements, ou simplement inciter ses lecteurs à ne pas être médiocres, donc à être différents de ces héros sans éclat. Par exemple, les deux héros de Bouvard et Pécuchet de Flaubert peuvent incarner le comble du ridicule. [...]
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