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Thérèse Desqueyroux. Comment François Mauriac a-t-il pu imaginer une créature plus odieuse encore que tous ses autres héros ? C'est une question que l'on pourrait poser aux romanciers : ce qui les attire chez un personnage. Dans l'avant-propos de Thérèse Desqueyroux de 1927, l'auteur, François Mauriac, explique ainsi aux lecteurs la genèse de son personnage principal Thérèse Desqueyroux et le prévient aussi : Thérèse est un personnage inattendu, ambigu, odieux. Par la même occasion, il présente son attirance et son admiration pour ce personnage ambivalent. C'est un être qui attire en même temps qu'elle repousse par son histoire et c'est justement ce qui intéresse François Mauriac. Il illustre cette idée dans ce même avant-propos : « Ne saurai-je jamais rien dire des êtres ruisselants de vertu et qui ont le coeur sur la main ? Les "coeurs sur la main" n'ont pas d'histoire ; mais je connais celle des coeurs enfouis et tout mêlés à un corps de boue. »
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Si l'on suit le raisonnement de François Mauriac, les personnages complexes, ambigus, auraient une histoire à présenter, ils auraient des choses à dire. Ils seraient ainsi plus intéressants et plus captivants pour le lecteur ainsi que pour l'auteur. De plus, ce seraient des personnages qui auraient vécu des aventures, des pertes ; ce sont des personnages qui auraient été éprouvés, ce qui pourrait justifier leur personnalité parfois déviante des normes de leur temps. La complexité apparait alors comme un critère du héros romanesque. Néanmoins, leur place dans le roman est-elle pour autant plus légitime que celles des personnages vertueux qui selon Mauriac n'auraient « pas d'histoire » ? La vision de Mauriac renvoie à une conception restrictive de ce que peuvent apporter les différents types de personnages au roman. Force est de constater que la vertu des personnages aux coeurs sur la main ne les dispense pas réellement d'avoir une histoire qui ferait l'objet d'un roman.
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C'est cette propension à la transgression de l'interdit qui attire le lecteur. En effet, le héros romanesque sort des normes par son caractère. Par exemple, Thérèse Desqueyroux est poussée au crime par son dégout de la médiocrité. Cette capacité de transgresser renforce l'immersion du lecteur dans l'histoire puisqu'il cherche à comprendre les motivations qui poussent les personnages à mal agir parfois. De plus, il aime à lire ce qu'il ne peut faire lui-même. Ces personnages sont capables d'être mauvais, vicieux, méchants. Par exemple, le roman épistolaire « Les Liaisons dangereuses » de Laclos donne à voir les manipulations de la Marquise de Merteuil et du Vicomte de Valmont qui évoluent dans une société corrompue et hypocrite. Tous deux sont poussés par le gout du défi et la volonté de pouvoir. La marquise, qui veut se venger du comte de Gercourt, demande à son ancien amant, le Vicomte de Valmont de séduire la jeune Cécile de Volanges, promise au comte de Gercourt. De son côté, le Vicomte de Valmont s'est fixé pour objectif de séduire Madame de Tourvel, femme mariée et très pieuse.
[...] Charles Bovary, le mari d'Emma Bovary peut être considéré comme un personnage vertueux dans la mesure où il lui est toujours resté droit et fidèle. Il a constamment cherché à combler Emma sans jamais y parvenir. Il a toujours priorisé le bonheur et les besoins d'Emma. Il prend par exemple la décision de déménager de Tostes parce qu'Emma ne s'y plaisait pas et dépérissait pour emménager à Yonville-l'Abbaye. - Ce sont des êtres presque extraordinaires. Dans le roman éponyme, la princesse de Clèves de Madame de Lafayette, Madame de Chartres, la mère de l'héroïne est un personnage extrêmement vertueux. [...]
[...] Sa personnalité peut alors être brimée et il est restreint dans le déploiement de ses passions. Les héros complexes lui permettent alors, le temps d'une lecture, d'oublier un quotidien qui l'accable de par sa banalité. Le lecteur se soustrait alors à la réalité et vit par procuration. Le lecteur a donc besoin de héros hors du commun qui vont les transporter au fil du récit grâce à diverses émotions et évènements. 2. Également pour répondre à un besoin d'identification. - Les personnages complexes permettent aux lecteurs de s'identifier à eux, car ils sont eux aussi, faillibles. [...]
[...] Le personnage vertueux attire aussi en se plaçant comme un modèle et nous permettons de nous interroger sur nous/nos actions. Ces personnages aux qualités morales indéniables s'imposent alors aux lecteurs comme un modèle à suivre. L'héroïne du roman éponyme du roman de Madame de La Fayette La Princesse de Clèves en est l'incarnation parfaite. Alors qu'elle évolue dans la cour des Valois où enjeux politiques, pression sociale et passion se mêlent, La Princesse de Clèves, suivant les conseils de sa mère Madame de Chartres, sera d'une vertu inébranlable. [...]
[...] Un personnage sans histoire peut-il être un héros de roman plus intéressant qu'un personnage complexe ? Thérèse Desqueyroux. Comment François Mauriac a-t-il pu imaginer une créature plus odieuse encore que tous ses autres héros ? C'est une question que l'on pourrait poser aux romanciers : ce qui les attire chez un personnage. Dans l'avant-propos de Thérèse Desqueyroux de 1927, l'auteur, François Mauriac, explique ainsi aux lecteurs la genèse de son personnage principal Thérèse Desqueyroux et le prévient aussi : Thérèse est un personnage inattendu, ambigu, odieux. [...]
[...] Les personnes ordinaires présentent aussi un charme et une richesse pour les lecteurs parce qu'ils sont semblables. - Le héros de roman n'intéresse pas forcément le lecteur parce qu'il est admirable. Les personnages ordinaires sont comme nous. Les personnages peuvent être moyens et leur origine sociale aussi. Ils sont dépourvus d'aventures marginales ou d'intrigue aux rebondissements sensationnels. Ils se font représentants des choses simples, au-delà des personnages complexes, ambigus ou vertueux. Selon Mauriac, ils n'ont pas d'histoire c'est-à-dire que leurs vies ne sont pas articulées autour de drames ou de conflits spectaculaires. [...]
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