Analyse des illustrations des Contes en vers et en prose de Charles Perrault, illustrés par Gustave Doré
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Un autre thème récurrent est celui de la Nature, cette fois très ambiguë : par moment elle semble hostile grâce à des arbres dont on ne distingue pas la cime (Le Chat Botté, Le Petit Poucet) mais elle peut aussi protéger le héros et être en adéquation avec la période artistique dite romantique qui voit dans la Nature un refuge (Peau d'Âne, Les Fées et tout particulièrement La Belle au bois dormant où la nature préserve la pérennité de toute choses et se fait cocon protecteur pour les endormis). La rivière elle-aussi est aperçue à plusieurs reprises et surtout dans le conte de Peau d'Âne ou elle semble faire le lien entre les illustrations et pourquoi pas représenter cette fuite du temps qui rapproche de plus en plus la jeune fille du mariage incestueux, pour ensuite se faire dans la 4 ème illustration un miroir révélateur de cette beauté que les autres ne perçoivent pas (...)
Sommaire
I) Peau d'Âne
A. « Les grands de l'État s'assemblèrent, et vinrent en corps entier prier le roi de se remarier. Cette proposition lui parut dure » B. « Le Roi, qui s'était mis en tête ce bizarre projet, avait consulté un vieux druide » C. « La jeune Princesse, outrée d'une vive douleur, n'imagina rien autre chose que d'aller trouver la Fée des Lilas, sa Marraine » D. « Elle partit la même nuit dans un joli cabriolet attelé d'un gros mouton qui savait tous les chemins » E. « La joie de s'y trouver si belle lui donna envie de s'y baigner, ce qu'elle exécuta » F. « Il vint des rois de tous les pays »
Histoires ou contes du Temps Passé
II) La Belle au bois dormant
A. « Cette bonne femme n'avait point ouï parler des défenses que le Roi avait faites de filer au fuseau » B. « Le fils du roi qui régnait alors demanda ce que c'était que ces tours qu'il voyait au-dessus d'un grand bois fort épais » C. « Il marcha vers le château qu'il voyait au bout d'une grande avenue où il entra » D. « Ce n'était que des corps étendus d'hommes et d'animaux qui paraissaient morts » E. « Il entre dans la salle des gardes » F. « Il vit sur un lit, dont les rideaux étaient ouverts de tous côtés... »
III) Le Petit Chaperon rouge
A. « En passant dans un bois, elle rencontra compère le Loup » B. « Cela n'empêche pas qu'avec ses grandes dents il avait mangé une bonne Mère-grand » C. « Le Chaperon rouge fut bien étonné de voir comment sa Mère-grand était faite en son déshabillé »
IV) La Barbe bleue
A. « S'il vous arrive de l'ouvrir, il n'y a rien que vous ne deviez attendre de ma colère » B. « Les voisines et les amies... tant elles avaient d'impatience de voir toutes les richesses de sa maison » C. « Dieu soit loué ! s'écria-t-elle un moment après, ce sont mes frères » D. « Ils lui passèrent leur épée au travers du corps »
V) Le Maître Chat ou le Chat Botté
A. « Au secours ! Au secours ! Voici M. Le Marquis de Carabas qui se noie » B. « Bonnes gens qui moissonnez, si vous ne dites pas que tous ces blés appartiennent à M. le marquis de Carabas, vous serez tous hachés menu comme chair à pâté » C. « Le Chat eut soin de s'informer qui était cet Ogre » D. « L'Ogre le reçut aussi civilement que le peut un Ogre »
VI) Les Fées
A. « Un jour qu'elle était à cette fontaine, il vint à elle une pauvre femme qui la pria de lui donner à boire » B. « Le fils du roi, qui revenait de la chasse, la rencontra »
VII) Cendrillon ou la petite pantoufle de verre
A. « Ne pouvant deviner comment cette citrouille pourrait la faire aller au bal... » B. « On n'entendait qu'un bruit confus : « Ah ! Quelle est belle ! » C. « Approchant la pantoufle de son petit pied, il vit qu'elle y entrait sans peine et qu'elle lui était juste comme de cire »
VIII) Riquet à la houppe
A. « Elle vit sous ses pieds comme une grande cuisine pleine de cuisiniers, de marmitons, et de toutes sortes d'officiers nécessaires pour faire un festin magnifique »
IX ) Le Petit Poucet
A. « Tu vois bien que nous ne pouvons plus nourrir nos enfants » B. « Le Petit Poucet se leva de bon matin et alla au bord d'un ruisseau, où il remplit ses poches de petits cailloux blancs » C. « Lorsque les enfants se virent seuls, ils se mirent à crier et à pleurer de toutes leurs forces » D. « En marchant il avait laissé tomber le long du chemin les petits cailloux blancs qu'il avait dans ses poches » E. « Ils mangèrent d'un appétit qui faisait plaisir au père et à la mère » F. « Le Petit Poucet grimpa en haut d'un arbre, pour voir s'il ne découvrirait rien » G. « Une bonne femme vint leur ouvrir » H. « Je sens la chair fraîche, te dis-je encore une fois, reprit l'Ogre » I. « Il les tira de dessous le lit l'un après l'autre » J. « En disant ces mots, il coupa, sans balancer, la gorge à ses sept filles » K. « Le Petit Poucet, s'étant approché de l'Ogre lui tira doucement ses bottes »
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Extraits
[...] Barbe bleue est à la merci des sauveurs de son épouse et sa gorge offerte ainsi que ses habits, moins fastueux, soulignent cette défaite. Le crime qu'il allait perpétré est évoqué par le couteau qu'il tient encore dans sa main droite. Doré n'arme pas à la ceinture de fusils le Dragon et le Mousquetaire et conserve leurs épées. La violence de l'acte est soulignée par la cape d'un des frères qui flotte et le point de croisement des deux épées, plongées dans la chair de l'homme. [...]
[...] Pourquoi ne voit- on pas la découverte faite par la jeune épouse dans le cabinet interdit ? Pour éviter encore une fois des images violentes et crues car Gustave Doré fonctionne avant tout par allusion et laisse au lecteur le loisir d'imaginer tout de même une part du récit. Il lance des pistes que le spectateur peut ou non suivre ) Le Maître Chat ou le Chat Botté 1 ère illustration : Au secours ! Au secours ! Voici M. [...]
[...] Les illustrations de Gustave Doré face au texte de Charles Perrault : qu'est-ce qui est représenté ? qu'est-ce qui est inventé par rapport au texte ? CONTES EN VERS 1 ) Peau d'Âne 1 ère illustration : Les grands de l'État s'assemblèrent, et vinrent en corps entier prier le roi de se remarier. Cette proposition lui parut dure. La première illustration montre l'abattement du Roi à l'annonce de la volonté de ses conseillers : à l'extrême gauche du cadre, on l'aperçoit penché en avant sur son trône, sans qu'on puisse distinguer son visage. [...]
[...] C'est ce refus de sombrer dans le merveilleux - même si l'animal est doué de parole - qui participe à rendre l'atmosphère terrifiante. Comme dans la première illustration de La Belle au bois dormant, on trouve ici un rideau qui cache une partie de la scène et souligne donc que le loup va bientôt manger la grand-mère. L'arrière-plan est lui très sombre et permet donc de mettre en valeur la grand-mère cachée dans son lit ème illustration : Le Chaperon rouge fut bien étonné de voir comment sa Mère-grand était faite en son déshabillé Un gros plan maintenant nous montre le loup et l'enfant, l'un à côté de l'autre dans le lit. [...]
[...] Pour montrer la brusquerie avec laquelle le sommeil les a frappé, un serviteur se trouve au sol, les verres qu'il transportait, renversés. Une fenêtre en arrière plan nous ouvre un autre plan de cette scène : les nobles à tables sont eux-aussi profondément endormis. Dans cette gravure, la végétation est encore présente mais on trouve aussi une toile d'araignée, symbole du siècle d'attente mais notons aussi qu'elle est faite d'un matériau aisément déchirable . le charme va bientôt être rompu. [...]